La campagne des réseaux sociaux ? Ou pourquoi la campagne 3.0. est encore loin

Cette campagne 2015 a-t-elle vraiment été la campagne des réseaux sociaux ? Certes, les réseaux ont été largement utilisés comme canaux de communication supplémentaires. Mais le potentiel de la mise en réseau des compétences et des savoirs est encore largement sous-exploité.

Par rapport à 2011, la majorité des candidats a assuré une présence sur internet. Le service minimum comprend un site internet, un profil Facebook bricolé au printemps passé et, pour les plus courageux, un compte Twitter. Les stars des réseaux sociaux – dont deux PS vaudois, Jean-Christophe Schwaab et Roger Nordmann – marquent de leur présence presque chaque discussion. Le principe de base reste toutefois le même : les réseaux sociaux fonctionnent encore comme simple canal de communication. La première campagne twitter proposée par Philippe Nantermod en Valais a illustré ce modèle. De manière unilatérale, les candidats transmettent un message et espèrent une réaction. Plus le contenu est explosif et provocateur – d’aucun diraient vide de sens – plus la chance d’obtenir des retours est importante.

Mais le potentiel le plus intéressant des réseaux sociaux n’est-il pas ailleurs ? A quoi pourrait ressembler une politique fédérale 3.0. ? Pourquoi un candidat n’a-t-il pas proposé de formuler collectivement un programme de législation ? Chaque follower se serait transformé en co-penseur et co-décideur d’un contenu politique. Pourquoi chaque candidat n'a-t-il pas utilisé des outils de crowd-funding pour financer de manière à la fois transparente et participative des formats originaux? En allant plus loin, pourquoi les candidats n’ont-ils pas lancé des appels à proposer du contenu politique concret, du crowd-thinking au sens fort du terme ? Le stock d’idées du débat public se serait sensiblement étoffé.

Le passage au marché semble rester le standard clef de la « vraie » rencontre citoyenne. Des lecteurs pourraient-ils indiquer des initiatives allant dans le sens d’une politique fédérale 3.0.?

Johan Rochel

Dr. en droit et philosophe, Johan Rochel est chercheur en droit et éthique de l'innovation. Collaborateur auprès du Collège des Humanités de l'EPFL et membre associé du centre d'éthique de l’université de Zürich, il travaille sur l'éthique de l'innovation, la politique migratoire et les questions de justice dans le droit international. Le Valaisan d'origine vit avec sa compagne et ses deux enfants entre Monthey et Zürich. Il a co-fondé "ethix: Laboratoire d'éthique de l'innovation" (www.ethix.ch)