Après l’annonce faite par le Grand Quotidien valaisan, la nouvelle est sur toutes les lèvres. La ville de Monthey, paisible bourgade connue pour son carnaval, son franc-parler et son industrie chimique, a décidé de fermer la ville. La frontière de la commune est littéralement close. Une décision sans précédant qui fait suite aux arrivées trop nombreuses d’habitants des communes et cantons voisins et à la présence de longue date de nombreuses communautés étrangères. Une double coïncidence malheureuse aurait joué le rôle d’étincelle faisant déborder le vase. En chemin pour leur séance hebdomadaire, les membres du Conseil communal auraient dénombré sur le parking du centre ville pas moins de 30 voitures immatriculées sur le canton de Vaud, 23 venant de France voisine, 7 plaques fribourgeoises et 4 genevoises. Selon des témoins, une voiture allemande aurait même été aperçue. A cette réalité à peine supportable s’est ajouté un point de l’ordre du jour de la séance. Des représentants de la nouvelle communauté syrienne souhaitaient l’ouverture d’un centre de rencontres et d’amitiés. "Trop c’est trop, la population a peur" ont déclaré les autorités pour justifier la fermeture de la frontière.
En suivant les plans du cadastre, les employés communaux ont été chargés de passer au rouleau de peinture rouge l’entier du tracé de la frontière. A travers les forêts, les propriétés et les rivières, une ligne rouge marque aujourd’hui les limites de la commune. Si elle était surtout connue pour son effet sur le prix du taxi, les taxes communales ou la détermination de l’école des enfants, « la frontière a enfin gagné un visage reconnaissable » s’est réjoui un habitant visiblement soulagé. A droite de la ligne rouge commence Monthey, à sa gauche l’étranger. En plus de cette ligne peinte en rouge, chaque carrefour important est maintenant doté d’un agent de sécurité contrôlant les papiers des immigrants potentiels. Afin d’éviter passages cachés et petites contrebandes, le Conseil communal débattra la semaine prochaine de l’installation de fils barbelés tout au long de la frontière et de la mise en service de caméra de surveillance. La police municipale peine à assurer la cadence de recrutement, elle qui est en passe de devenir l’un des employeurs les plus importants de la commune. A ce titre, les syndicats communaux saluent « une belle création d’emplois ».
Dès l’annonce de cette fermeture de la ville, un véritable élan de créativité semble avoir pris les habitants. Ils sont nombreux à attendre les frontaliers des autres communes à bonne distance de la frontière pour leur fournir une « invitation » et leur permettre de rejoindre la ville sans problème. En effet, sans permis spécial, les étrangers n’ont pas le droit de se rendre à leur travail et de faire vivre leur famille. Des heurts avec la police ont déjà été signalés à certains points de passage. En plus de ces manoeuvres, les autorités doivent constater le développement exponentiel d’un véritable marché noir. Conscients que la frontière leur sera bientôt définitivement fermée, certains frontaliers préfèrent se terrer dans les cages d’immeubles et les entrées de cave. La journée, ils se déplacent furtivement, tremblant à la vue de la nouvelle toute puissante brigade de prévention de l’immigration illégale. Certains Montheysans louent leur voiture à des gens désespérés qui s’apprêtaient à prendre le dangereux chemin de la carrière. D’autres développements moins réjouissants ont été constatés dans les forêts où passe la frontière. Des citoyens visiblement malintentionnés profitent du désespoir des migrants pour les attirer à l’écart des chemins et les détrousser.
La décision montheysanne a été saluée par le ministre-poète du canton du Valais. Celui-ci a souligné que la commune n’avait « pas d’autre choix que de fermer la frontière pendant l’été, qui sera chaud ». En effet, de nombreux habitants des communes et cantons voisins avaient pris d’assaut les magasins climatisés et la piscine municipale, créant d’insurmontables problèmes de trafic et d’hygiène. Ironie de l’histoire, les parkings du centre-ville avaient été démantelés l’année dernière. Le début de saison de la piscine municipale a lui aussi été mouvementé en raison de coupes budgétaires très importantes. Certains groupements citoyens de défense des amitiés et des solidarités communales ont vainement tenté d’expliquer que les autorités communales avaient péché par manque de préparation et d’organisation. Leur appel est pour l’heure resté sans écho auprès des autorités. Les communes de Martigny, de Sion et de Sierre ont pour leur part déclaré « étudier avec attention l’initiative montheysanne ». Affaire à suivre donc.