Sun Tzu parle aux dirigeants stratèges

Sun Tzu 2020 – Les forces de la raison – Chapitre 1 : Planification

Sun Tzu -Maîtres et dirigeants - Les forces de la raison

 

Ce premier chapitre – sur les treize que compte le traité -, fixe les bases des préparations préliminaires avant un engagement hostile.

Son titre peut aussi être : ‘supputations’, ‘de l’évaluation’ ou ‘estimations’ selon ses auteurs.

Il est écrit :

  La guerre est d’une importance vitale pour l’État,la grande affaire des nations ; elle est le lieu où se décident la vie et la mort ; la conservation ou la perte de l’empire en dépendent, sa survie ou son anéantissement. On ne saurait le traiter à la légère.
Ne pas faire de sérieuses réflexions sur ce qui le concerne, c’est faire preuve d’une coupable indifférence pour la conservation ou pour la perte de ce qu’on a de plus cher, et c’est ce qu’on ne doit pas trouver parmi nous.

Cinq choses principales doivent faire l’objet de nos continuelles méditations et de tous nos soins, comme le font ces grands artistes qui, lorsqu’ils entreprennent quelque chef-d’œuvre, ont toujours présent à l’esprit le but qu’ils se proposent, mettent à profit tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils entendent, ne négligent rien pour acquérir de nouvelles connaissances et tous les secours qui peuvent les conduire heureusement à leur fin.

La guerre est subordonnée à 5 facteurs fondamentaux ; ils doivent être pris en compte dans les calculs afin de déterminer avec exactitude la balance des forces. Si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes, nous ne devons jamais perdre de vue :

  La doctrine – Vertus des valeurs morales

La doctrine politique (idéologie) fait naître l’unité de penser ; L’harmonie est la cohésion des valeurs partagées entre la population et ses dirigeants ; valeurs de référence collective portant sur le partage de valeurs existentielles ; références ontologiques unificatrices d’un peuple solidaire dans son engagement à accompagner son leader – ses dirigeants, ses chefs et ses institutions – sans crainte du danger, à la vie ou à la mort. (patriotisme – nationalisme)

  Le temps (le ciel) – Le climat (les conditions atmosphériques)

Les conditions météorologiques représentent un jeu de forces naturelles, de chaud et de froid, de l’alternance des ombres et des lumières qui, combinées dans les deux grands principes Yin et Yang permettront, suivant les saisons et les heures, la bonne conduite des manœuvres tactiques.

  L’espace – le terrain (topographie)

Le terrain et sa topographie sont aussi essentielles que le temps. Il comprend les distances et la nature propre à chaque territoire, la facilité ou la difficulté de le parcourir, son caractère ouvert et vaste, resserré et étroit, plat ou accidenté, de ce qui demeure et de ce qui est transitoire. Ces espaces peuvent être propices ou néfastes selon notre connaissance du haut et du bas, du loin comme du près.

  Le commandement – l’autorité (la gouvernance)

Il faut entendre par commandement les qualités de sagesse et d’humanité, d’impartialité et de sévérité, de courage et de résolution envers ceux qui nous sont soumis. Vertus essentielles pour l’acquisition desquelles le général et ses commandants ne doivent rien négliger.

  L’organisation – la discipline et l’entraînement

L’art de l’organisation afin de renforcer le corps de discipline : posséder l’art de discipliner et organiser ses hommes ; savoir hiérarchiser et promouvoir les officiers au rang qui convient. Ne négliger aucun maillon de la chaîne et être instruit des devoirs particuliers de chacun, du plus haut jusqu’à sa police logistique d’approvisionnement afin de pouvoir aux besoins essentiels.

Vous donc que le choix du prince a placé à la tête de vos hommes, jetez les fondements de votre science sur ces cinq principes. La victoire suivra partout vos pas : vous n’éprouverez au contraire que les plus honteuses défaites si, par ignorance ou par présomption, vous venez à les omettre ou à les rejeter.

En effet, dans votre évaluation des forces en présence, lorsque vous aurez à tirer des plans et effectuer vos calculs, ces éléments vous permettront une juste évaluation des rapports de force.

  Ces connaissances vous permettront de discerner, parmi les princes qui gouvernent le monde, celui qui a les meilleures institutions :

Vous reconnaîtrez alors parmi ceux dont les institutions sont les meilleures et qui, des antagonistes, a le plus de chance de l’emporter ; et si vous devez entrer vous-même en lice, vous pourrez raisonnablement vous flatter de devenir victorieux.

Un commandant qui n’entend pas appliquer ces connaissances sera régulièrement vaincu : il faut s’en défaire !

Ces connaissances avantageuses une fois adoptée, encore faut-il que le général crée les conditions requises pour leur réalisation ; « conditions » qui permettront le recours à des procédés qui sortent de la règle commune en agissant promptement avec maîtrise et équilibre sur les opportunités du moment pour acquérir une situation avantageuse.

Tout l’art de la guerre repose sur le semblant, la déception et le mensonge.

“Vous profiterez de la dissension qui surgit chez vos ennemis pour attirer les mécontents dans votre parti en ne leur ménageant ni les promesses, ni les dons, ni les récompenses. Tantôt enfoncez un coin entre un souverain et ses ministres, tantôt détachez de lui ses alliés. Faîtes naître en eux des soupçons pour créer la mésentente. Vous pourrez alors comploter contre eux.” (commentaire additionnel de Chang Yu)

Telles sont les clefs stratégiques de la victoire dont l’utilisation ne peut cependant pas être anticipée sans une évaluation précise des circonstances changeantes et des facteurs aléatoires. Prenez garde de ne point les engager par avance ou de tout risquer en une unique bataille.

Lors des préparations avant l’ouverture des hostilités, les calculs et supputations laissent présager une victoire quand les avantages sont réunis ; dans le cas contraire, la défaite est envisageable. En se livrant à de nombreux calculs, on peut ainsi réduire ses marges d’erreur et consolider ses chances de victoire.

Qui les néglige, s’engage en terrain inconnu et réduit ses chances d‘autant.

C’est par ces considérations qu’il faut examiner la situation, et l’issue apparaîtra clairement.

C’est pourquoi il est dit que les conditions du succès étant élaborées en amont de chaque bataille : les armées victorieuses gagnent avant d’aller au combat, alors que les armées défaites s’engagent à la guerre avant de gagner.

Fin du chapitre I

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