Sun Tzu : 7 Notions Clés pour 120 Citations

Sun Tzu : 120 citations et 7 notions clés

Sun Tzu : 7 notions clés de stratégie personnelle

Chaque année et de manière croissante, la rentrée littéraire nous réserve une vague d’ouvrages plus ou moins lumineux sur le développement personnel ou les clés du bien être. Entre recettes culinaires exotiques jusqu’aux techniques cognitives et exercices mentaux, le bonheur serait finalement aussi accessible qu’un ouvrage de cuisine ayurvédique.

S’il est vrai que l’ère actuelle nous porte à une certaine incertitude voire à de sérieux doutes sur l’avenir tel que nous le concevons sur les bases de modèles d’avant-crise, l’accélération brutale de la réorganisation de nos priorités personnelles comme professionnelles nous oblige, une fois de plus, à nous adapter. Trouver les solutions passe néanmoins par une seule école de pensée : une introspection franche et ouverte de nos sensibilités et valeurs intrinsèques ; en quelques mots singuliers : qu’est-ce que je veux.

La pensée stratégique est aussi ‘philosophique’

Celle-ci nous rappelle qu’outre nos qualités et défauts, ceux-ci peuvent être transcendés par la volonté individuelle : des questions de force dans ses convictions et de temporalité dans les conjonctions favorables. Les notions fondamentales ci-dessous reprennent invariablement le précepte suivant : ce sont les connaissances de ses propres forces et faiblesses et la connaissance de celles d’autrui qui conditionnent la nature relative des avantages comparatifs dans ses probabilités de succès. On n’entreprend pas une entreprise à risque sans avoir à minima procédé à identifier ses vulnérabilités, car la force des uns se mesure toujours à la fragilité relative des autres. Assurer ses défenses et savoir se préserver sont des qualités de force essentielles avant tout engagement.

En préambule, n’oubliez pas que vous êtes toujours votre premier adversaire possédant en vous ces sept péchés capitaux : l’impréparation, le déni, l’incapacité, la confusion, l’ignorance, l’idéologie ou l’oubli (amnésie)… Les sept péchés principaux d’un cycle sans fin ou d’une mauvaise histoire qui se répète.

Les 7 samouraïs d’une stratégie personnelle

Sun Tzu : 120 citations et 7 concepts clés de stratégie

Notion I – philosophie de la pensée stratégique : vous connaître

La pensée stratégique véhiculée dans le Sun Tzu est avant tout un état d’esprit. La pensée stratégique est une philosophie de vie qui se cultive dans le temps avec l’expérience et les épreuves. Aucune recette magique ni clé secrète ne peut être révélée aux jeunes profanes et comprise autrement que par la force du vécu et le développement philosophique personnel. Comme pour toute analyse, le recul est nécessaire pour dissocier et distinguer la nature des ‘bruits’ extérieurs de ses valeurs intrinsèques. En créant les conditions favorables d’une vision personnelle juste, le stratège engage l’ensemble de ses forces dans une quête sans dispersion.

Notion II : l’engagement

La notion de ‘guerre’ dans le Sun Tzu doit être interprétée comme une analogie à toutes formes d’engagements personnels comportant des risques ; en définissant ses objectifs, on entreprend de se projeter dans un futur hypothétique et incertain. La guerre – l’engagement personnel – n’est pas qu’une affaire frontale et fratricide entre deux belligérants armés pour une conquête hypothétique. Un engagement est avant tout une affaire d’anticipation et de procédés asymétriques pour l’éviter. La guerre elle, est un pis aller, un aveu d’échec par négligence ou impréparation. Ici, on se prépare dans le silence et le ‘secret des princes’ où experts et militaires se concertent sur les meilleurs moyens et les plus subtiles méthodes pour conquérir sans coup férir. La préparation à un engagement appelle ainsi à composer avec un subtil dosage de risques et d’opportunités. Néanmoins, si la préparation permet l’anticipation de menaces probables, elle ne protège pas de tous les dangers.

Notion III : de l’Espace et du Temps

Dans les plans, le Temps est un facteur d’efficacité, mais aussi de coûts. L’art d’opérer avec succès un engagement – une entreprise de conquête – est avant tout lié à l’efficacité de sa préparation afin d’éviter un enlisement coûteusement préjudiciable à son initiateur ; enlisement favorable aux intérêts de ses adversaires, car le stratège sait « qu’un adversaire surpris est à demi vaincu » et il n’en est pas de même s’il a le temps de se reconnaître. Ici, la vitesse est une affaire d’anticipation et ne doit jamais céder à la précipitation, car en matière de risque la menace la plus redoutable est celle de l’impréparation.

Dans la notion de Temps, il y a certes le climat, mais surtout un Espace à parcourir, à conquérir. Selon le Sun Tzu, ces espaces sont des allégories aux nombreuses combinaisons de situations fréquemment rencontrées sur certains champs économiques ou politiques ; champs sur lesquels les opportunités et les menaces diffèrent selon les niches d’activité, les ressources engagées et vos ambitions. Dans ses aspects plus ‘martiaux’, la force d’une armée dans ses manœuvres ne peut atteindre son fait ultime sans le concours d’une parfaite harmonie entre la connaissance de son environnement (par où passer), la maîtrise des forces en mouvement (quelles sont les forces en ma faveur et celles qui m’en empêchent) et l’adéquation des dispositions des compétences et capacités de chaque arme (les moyens pour y parvenir).

Notion IV : entreprendre sa vie – quand ‘la foi fait la voie’

Avant la mise sur plan d’une action, en amont même des préparations matérielles et humaines, toute ambition doit posséder une raison d’être. Au cœur de sa stratégie, il y a les valeurs, les croyances, les compétences : votre ensemble ‘politique’ ne peut agir sans conviction partagée. Incarné par la philosophie politique confucéenne, les vertus principales d’une gouvernance harmonieuse entre vos convictions et votre entourage reposent sur la bienveillance et l’humanité, les rites (respect des valeurs morales et sociétales partagées), la droiture, sagesse et la sincérité.

Dans le Sun Tzu il est dit : « Fort d’une armée conséquente et précédé d’une grande notoriété, l’esprit éclairé d’un Prince ambitieux et conquérant ne peut se permettre de n’engager aucune hostilité s’il n’a pas préparé ses desseins en s’assurant avant tout d’une défense solide, puis de l’incapacité de son ennemi à concentrer ses forces et ressources et celui de bénéficier d’un appui allié. » Mais pour cela, encore faut-il avoir de solides convictions partagées.

Notion V : apprendre à se commander avant les autres

Le Sun Tzu est à la fois un traité militaire – sorte de field manual – et un manuel de commandement. Les vertus du leadership y sont largement rappelées tout au long des treize chapitres du traité. Toutes les vertus n’ont qu’un seul but : créer les conditions favorables d’une confiance et d’une discipline absolue entre commandants et subordonnés afin de guider une armée tel un seul homme ; le Général incarne ainsi à la fois les fonctions de guide suprême et d’architecte en chef des conditions de la victoire. L’infrastructure militaire appliquée au civil nous rappelle aux éléments suivants : assurer une discipline sans faille ; d’instructions claires et justifiées ; d’ordres efficaces afin d’en assurer la parfaite exécution.

Au cœur du danger, votre force ainsi que celle de votre organisation personnelle tient ici à la capacité du chef et de sa hiérarchie à fédérer les esprits par la confiance et le courage démontré. Si vos convictions (la doctrine politique) font naître l’unité de pensée, la doctrine militaire, elle, dans ses valeurs communes fait naître celle d’agir : l’harmonie est la cohésion des valeurs partagées entre soldats, supérieurs et inférieurs ; elle inspire la confiance de ces derniers à partager un même destin avec leurs chefs dans la vie comme dans la mort (le succès ou l’échec).

Notion VI – de la tactique

Au-delà des manœuvres conventionnelles, le Sun Tzu décrit surtout les actions de type subversives et insurrectionnelles à l’échelle d’une guerre asymétrique dont le terme le plus courant est celui de ‘guérilla’ ou de ‘résistance’. La lecture du Sun Tzu a longtemps été interprétée par certains comme un art de la guerre subversive porté sur des actions obliques et imprévisibles dans le but de déstabiliser l’adversaire pour le renverser. Ces actions à ne pas prendre au pied de la lettre sont avant tout dissuasives afin d’empêcher un adversaire supérieur en nombre ou en capacité à entraver votre libre arbitre. Le Sun Tzu est surtout un traité ‘Yin’ (féminin) et propose une pensée ‘féline’ : en s’insinuant dans les plans de l’ennemi par l’exploitation de ses vulnérabilités, on agit afin de favoriser des actions visant à réduire ses capacités offensives (empêchement). Pour cela, il faut avant tout connaître son adversaire, comprendre ses desseins avant de s’attaquer à ses plans.

Une fois encore, le Sun Tzu nous rappelle que l’art de la déception consiste à manœuvrer pour divertir afin de mieux asservir…

VII – de la diplomatie et du renseignement

Il faut interpréter l’action diplomatique dans ses fonctions premières de réseau d’influence. La diplomatie est avant tout un relais de communication : elle peut informer, transformer ou désinformer selon les situations et les enjeux. Une solide politique de communication est aussi vitale pour sa réputation et son image que ses capacités matérielles réelles. En matière stratégique, la forme est souvent plus impactant que le fond…

On forge son invincibilité sur la connaissance de ses atouts et de ses vulnérabilités, ainsi que ceux des forces adverses. Tout dirigeant doit être en mesure d’évaluer la nature de ses atouts et de ses fragilités de manière précise et continue, car ces variables sont toujours conditionnées dans le temps par un environnement d’influence en constante mutation. Ainsi, connaître ses adversaires réels, probables ou en devenir, est une condition première pour sa préservation en identifiant leurs desseins et leurs capacités ; les manœuvres politiques en seront ainsi facilitées.

Armé d’une juste connaissance de soi, on pare ainsi aux conjectures les plus funestes. Ici, on préfère inhiber l’adversaire et le paralyser en l’affaiblissant par des techniques de biais (désinformation, alliances secrètes ou contre-alliances) en engageant des stratagèmes de divisions politiques. L’art est ‘félin’ et devient subtilement asymétrique, mais il préserve des risques d’une guerre frontale et d’un gâchis humain et matériel inutile.

Gagner la paix et la préserver est aussi une autre forme de guerre…

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Pour aller plus loin et découvrir l’essentiel des 120 citations clés du Sun Tzu :

Rentrée littéraire 2021 : le dernier ouvrage de l’auteur

Collection Maîtres et Dirigeants

 

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Global Trends 2040 - Prospective - Penser un Ordre au sein du Chaos

Derrière les analyses des Tendances Mondiales 2020 – 2040 : L’art de repenser l’Ancien Monde, ses dieux, ses géants et ses démons.

« Être plusieurs années à faire face à des ennemis dont on ignore les desseins et la situation en reportant constamment les actions décisives parce que le général rechigne à accorder les moyens nécessaires à favoriser et recueillir des renseignements, alors ce général est un monstre d’inhumanité qui ne mérite ni de commander une armée ni de seconder son souverain.
N’employer pour vaincre que la voie des sièges et des batailles, c’est ignorer également et les devoirs de souverain et ceux de général en matière de renseignement. Car un prince avisé et un brillant général savent que nul ne peut remporter de victoires décisives sur l’ennemi si leurs actions se bornent à la simple force brute.
Une réalisation ne dépasse celle du commun que par la capacité d’anticipation, de prévision. Le recueil d’informations préalables ou prévisions n’est ni le fruit de quelconques conjectures divinatoires ni celui de prédictions tirées d’analogies trompeuses de précédents historiques.
La capacité de prévision ne provient uniquement que des hommes renseignés connaissant la situation de l’adversaire qui par leurs rapports fidèles vous informent des dispositions de celui-ci. »
Sun Tzu (Décryptage stratégique de la pensée Sun Tzu — Chapitre XIII)

Généraux Stratèges et Rois Prophètes

De 475 à 221 av. E.C la Chine connaît une période féodale sombre pendant laquelle six états principaux se firent quasiment continuellement la guerre pour leurs suprématies. Cette période était chaotique, contestée et confuse plongée au cœur d’une ère parsemée de guerres endémiques, de vendettas et de razzias organisées. Malgré ce chaos permanent et les famines récurrentes, les souverains poursuivaient leurs quêtes de gloires en consacrant toutes leurs ressources à préparer leurs guerres. Dans cet ‘hiver féodal’, la morale et l’ordre semblaient avoir laissé la place à la contestation, à la colère froide et au décrochage de pans complets d’une population se sentant abandonnée. Pourtant, dans ce climat politique des plus répressifs bordés par une justice aux sentences expéditives ; dans ce désordre apparent où, en plus des guerres la corruption, la fraude et les trahisons étaient endémiques, apparaît un vaste champ d’opportunités pour toutes sortes d’experts, politiques ou religieux, militaires et légistes formant un corps diffus comprenant une centaine d’écoles parsemées dans les différents royaumes. Dans ce climat de déception politique et de retournements diplomatiques, les souverains isolés et méfiants faisaient appel à ces érudits conseillers itinérants afin de régler les rouages d’une machinerie d’état vouée aux ambitions des plus carnassières. Parmi ces experts, une école s’illustre en particulier, celle des stratèges.

Anticiper le temps c’est comprendre l’espace à parcourir

Dans son excellent ouvrage Les fonctionnaires Divins (Seuil), le sinologue Jean Lévi décrit d’une plume à nulle autre pareille à quoi devait ressembler une gouvernance en état de crise permanent au cœur même d’un monde en rupture durant l’ère antique des Royaumes Combattants chinois : « … Ainsi des spécialistes de la politique s’emploient dans les conseils privés des monarques à élaborer de profonds stratagèmes. Et les princes, retirés dans leurs palais, pour échapper aux regards inquisiteurs des agents de leurs rivaux, échafaudent des plans compliqués et subtils ; ils évaluent les risques, supputent les chances, analysent les situations. Sur tout le territoire se jouent de formidables parties de gô dont dépend la survie des États… La politique se résume en une suite de plans compliqués et tortueux, car il faut dépasser, saturer la capacité de prévoyance de l’adversaire, le battre sur le terrain de la prévision. »

Les méthodes offensives et défensives utilisées dépendront des qualités essentielles des experts chargés de préparer les manœuvres afin de conduire un État au pinacle de son rayonnement et bien entendu d’éconduire ses adversaires les contraignant à la subordination politique et matérielle.

Inséparables siamoises, la Stratégie est sœur de l’Anticipation. Avant d’être employé dans un contexte civil, l’emploi du terme ‘stratégie’ ou ‘stratège’ a un sens militaire en tant que système et méthode d’anticipation en vue de conquérir un objectif. Le Renseignement et la prospective sont deux siamois ; aucun des deux n’a de raison d’exister sans l’autre. Alors que le recueil de renseignements demande des qualités humaines singulières, le travail prospectif est un exercice de psychologie prône à la paranoïa où les signaux forts et faibles ne cessent de batailler pour leur suprématie, se disputent leur influence, s’annulent et se recomposent au gré de chaque élément apportant une nouvelle lumière aux conjectures des experts. Dans cet exercice, chaque renseignement recueilli mute dans une perpétuelle sarabande entre ‘facteur majeur’ ou probable ‘gageure’, selon qu’il soit associé à ceci ou cela, l’angle d’attaque souhaité par les analystes, le tout dans une tornade de biais cognitifs aussi divergents que convergents… selon que l’on soit ‘ici’ ou ‘là-bas’.

Stratégie - penser demainTerrain par définition miné, la prospective donne toujours raison au premier chef aux plus pessimistes, puis viennent les prudentes pondérations des réalistes ; mais de tout temps une règle d’or s’applique toujours ! : ne jamais céder aux idéalistes. En stratégie, c’est l’évitement des pires éventualités qui oriente les marches et fixent les cadences. Car, « Prospectiver » c’est tenter une traversée à risque, naviguer d’incertitudes en malentendus, de mensonges en approximations, de détails majeurs en évidences mineures. C’est précisément dans cet espace d’analyse que se trouvent ces facteurs topographiques qui, assemblés selon une méthodologie choisie, formeront une esquisse, une voie, la découverte d’un nouveau continent … et peut-être un engagement.

Déconstruire pour tout reconstruire… Comment bâtir un Futur sur les fondations d’un passé tronqué ? D’un monde incompris ? De progrès technologiques techniquement toujours plus complexes et accélérateurs disruptifs de notre fragilisation ?

La méthode prospective utilisée par le Strategic Futures Group pour structurer et produire le Global Trends

La méthode appliquée par le renseignement états-unien pour produire le rapport Global Trends relève d’une architecture ‘globale’ utilisant quatre composantes majeures définissant un périmètre d’analyse basé sur 4 paramètres ‘techniques’ clés ou ‘forces structurelles’ : la démographie (le développement humain), l’environnement, l’économie, les technologies. Dans un deuxième temps, ces ‘forces structurelles’ sont soumises à trois facteurs de contraintes et d’impulsions ou ‘dynamiques émergentes’ en interaction : les dynamiques sociétales (individus et sociétés), étatiques et enfin, celles liées au système international (blocs et alliances).
Bien entendu, au centre de toutes ces analyses et probabilités, c’est le plus volatil des facteurs qui est la variable d’ajustement la plus complexe : le facteur humain. Sur la base de ce rapport, ce sont ses préoccupations sur trois aspects et ses décisions qui ajusteront les orientations des blocs et les futurs conflits à venir : quelle est la nature des défis mondiaux imminents et où sont les priorités ? De quelle manière les États et les acteurs non étatiques s’engagent-ils dans le monde (choix d’objectifs et types d’engagements) et enfin, à quoi les États accorderont-ils la priorité pour l’avenir ? Soit 17 millions d’hypothèses globales selon les calculs de probabilités bruts (hors pondération)… Un vaste chantier si l’on considère cette méthode d’analyse.

Mais quel est l’objectif sous-jacent à ces supputations ? Pourquoi s’engager sur autant de facteurs dynamiques et de paramètres structurels dans de si complexes analyses ?

La réponse : anticiper les risques de dégradation de certains facteurs prépondérants afin d’éviter l’émergence de menaces majeures et enfin, le déclin ou la fin irréversible d’une ère. Alors que peut-on considérer comme risques pouvant engendrer le ‘pire à venir’ selon ce rapport ?
La méthode la plus radicale est pourtant aussi séculaire que l’est l’Art de la Guerre : celle qui identifie les risques et anticipe les réponses possibles aux menaces en prenant les devants afin soit de les diminuer, soit de les éliminer.

Quels sont les défis mondiaux principaux selon le Global Trends 2040 ?

Premièrement, les défis mondiaux communs – y compris le changement climatique, les maladies, les crises financières et les perturbations technologiques – sont susceptibles de se manifester plus fréquemment et plus intensément dans presque toutes les régions et tous les pays. Ces défis – qui manquent souvent d’un agent humain direct ou d’un facteur amplificateur – produiront des tensions généralisées sur les États et les sociétés ainsi que des chocs qui pourraient être catastrophiques. La pandémie COVID-19 en cours marque la plus importante et la plus singulière des disruptions depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des implications sanitaires, économiques, politiques et sécuritaires qui se répercuteront dans les années à venir. En voici quelques clés essentielles :

Ordre Mondial6000-milliards-d-emprunts

La pandémie COVID-19 a fourni un exemple frappant des faiblesses de la coordination internationale sur les crises sanitaires et de l’inadéquation entre les institutions existantes, les niveaux de financement et les futurs défis sanitaires. Au sein des États et des sociétés, il y aura probablement un écart persistant et croissant entre les demandes des populations et ce que les gouvernements et les entreprises pourront offrir. De Beyrouth à Bogotá en passant par Bruxelles, les populations descendent de plus en plus dans la rue pour exprimer leur mécontentement face à l’incapacité des gouvernements à répondre et anticiper à un large éventail de besoins, d’agendas et d’attentes. Du fait de ces déséquilibres, les ‘anciens ordres’ – des institutions, aux normes en passant par les types de gouvernance – sont mis à rude épreuve et, dans certains cas, se disloquent. Les acteurs à tous les niveaux peinent à s’entendre sur de nouveaux modèles de gouvernance et de structuration de la civilisation.

Menaces climatiquesMenaces climatiques

Les effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement sont susceptibles d’exacerber l’insécurité alimentaire et hydrique des pays pauvres, d’augmenter les migrations, de précipiter de nouveaux défis sanitaires et de contribuer à la perte de la biodiversité. Le changement climatique obligera presque tous les États et les sociétés à s’adapter à un réchauffement des températures. Certaines mesures sont aussi simples et peu coûteuses que la restauration des mangroves ou l’augmentation du stockage des eaux de pluie ; d’autres sont aussi complexes que la construction de digues massives et la planification de la relocalisation de grandes portions des populations impactées.

TechnologiesMonde connecté et IA

De nouvelles technologies apparaîtront et seront utilisées de plus en plus vite, perturbant les emplois, les industries, les communautés, la nature du pouvoir et la signification au sens ontologique. Paradoxalement, alors que le monde est devenu plus connecté grâce aux technologies des communications, au commerce et au mouvement des personnes, cette même connectivité a divisé et fragmenté les peuples et les pays. L’environnement d’information hyperconnecté, l’urbanisation accrue et les économies interdépendantes signifient que la plupart des aspects de la vie quotidienne, y compris les finances, la santé et le logement, seront toujours de plus en plus connectés. L’Internet des objets englobait 10 milliards d’appareils en 2018 et devrait atteindre 64 milliards d’ici 2025 et peut-être plusieurs trillions d’ici 2040, tous interconnectés en temps réel. À son tour, cette connectivité contribuera à produire de nouvelles efficiences, des produits et des avancées en matière de niveau de vie. Cependant, ce phénomène créera et exacerbera également les tensions à tous les niveaux, des sociétés divisées sur des valeurs et des objectifs.
La technologie sera une artère clé pour obtenir des avantages comparatifs grâce à l’adaptation. À titre d’exemple, les pays en mesure de tirer parti des gains de productivité grâce à l’intelligence artificielle (IA) auront des opportunités économiques élargies pouvant permettre aux gouvernements de fournir plus de services, réduire la dette nationale, financer une partie des coûts du vieillissement de la population et aider certains pays émergents à éviter le piège des revenus intermédiaires (niveau seuil de revenus par tête à partir duquel les pays qui l’ont atteint seraient bloqués dans un piège, qui les empêche de croître davantage). Les avantages d’une technologie telle que l’IA seront inégalement répartis au sein et entre les États et plus largement, l’adaptation est susceptible de révéler et d’exacerber les inégalités.

Migrationsglobal trends et réfugiés climatiques

La pression continue des déplacements humains liés aux migrations mondiales (en 2020, plus de 270 millions de personnes vivaient dans un pays vers lequel elles ont émigré, 100 millions de plus qu’en 2000) obligera les pays d’origine et de destination à gérer l’ensemble des flux et ses effets. Ces défis migratoires se recouperont en cascade, y compris de manière difficile à prévoir. La sécurité nationale exigera non seulement de se défendre contre des armées et des arsenaux militaires, mais aussi à résister et à s’adapter à ces défis mondiaux communs. La difficulté de relever ces défis transnationaux est en partie aggravée par la fragmentation croissante au sein des communautés, des États et du système international.

Un dernier mot

Le rapport précise qu’après plusieurs décennies de progrès extraordinaires en matière de développement humain, de nombreux pays auront probablement du mal à s’appuyer sur ces acquis voire maintenir ces succès, car dépasser les défis de base liés à l’enseignement et à la santé seront rendus plus difficiles avec des populations plus importantes et des ressources plus restreintes. En outre, les effets physiques de phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes, de températures plus élevées, de changements dans les régimes de précipitations et d’élévation du niveau de la mer toucheront tous les pays, mais nuiront de manière disproportionnée aux économies en développement et aux régions les plus pauvres. Le rythme et la portée des développements technologiques au cours de cette période seront susceptibles de s’accroître et de s’accélérer, de transformer et d’améliorer une gamme d’expérimentations et de capacités humaines tout en créant de nouvelles tensions et disruptions au sein et entre les sociétés, les industries et les États.

Au cours des deux prochaines décennies, plusieurs tendances économiques mondiales, notamment l’augmentation de la dette souveraine, les nouvelles disruptions sur l’emploi, un environnement commercial plus complexe et fragmenté et l’émergence d’entreprises puissantes, sont susceptibles de façonner les conditions au sein et entre les États. Les grandes luttes de demain, une fois de plus, seront liées à la capacité des populations et des états à s’adapter à ces nouvelles donnes dont la pandémie a été un brutal accélérateur.

Le danger principal réside dans le fait que de nombreux gouvernements sont déjà acculés à des endettements records soumis à des marges de manœuvre considérablement réduites en matière d’investissement, des réglementations commerciales complexifiées et faisant face à un éventail toujours plus large de puissants acteurs étatiques et d’entreprises exerçant leur influence sous les radars d’un ancien ordre mondial sujet à controverses.

Autrement dit : comment conserver son leadership face à l’émergence de blocs nouveaux et d’alliances inédites dans un nouvel ordre mondial controversé post-états-unien.

 

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Global Trends 2040 - Tendances Mondiales 2040 en français
Global Trends 2040 – Tendances Mondiales 2040 : le dernier rapport stratégique des Services de Renseignement des USA (© 2021 Maîtres et Dirigeants – Arcana Strategia pour la traduction originale en français – JUIN 2021 – www.arcanastrategia.com)

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Le GLOBAL TRENDS 2040 – Les Raisons d’une Entreprise Stratégique à 6000 milliards de $ dans un monde toujours plus controversé

Un New Deal historique pour garder le leadership mondial en post-pandémia

Tendances Mondiales 2040 - Le dernier rapport stratégique prospectif du Conseil national du renseignement des USA
Tendances Mondiales 2040 – Le dernier rapport stratégique prospectif du Conseil national du renseignement des USA (Picture H. Koenjoro | Fine Art Photography)

Aux États-Unis, la réponse budgétaire à la crise pandémique reste inédite dans les annales de notre Histoire et doit être décryptée à l’aune d’un monde au bord de ruptures multiformes – des ruptures irrémédiablement engagées dans des dynamiques d’accélérations révolutionnaires.

Global trends 2040 : Un rapport prospectif qui “vaut 6000 milliards de $” : un nouvel ordonnancement de priorités dans un monde en état d’urgence.

6000 billion $ for a New Deal in the USA
Green is the New Deal (USA’s post-pandemia budget for 2021)

Un seul chiffre : 6000 milliards $ – ce budget spectaculaire a été présenté par les Démocrates au Congrès américain le 28 mai dernier et il reviendra aux élus d’adopter les mesures et les réformes nécessaires pour maintenir un « Future made in America » selon le slogan consacré pour maintenir le leadership dans un monde d’après. Ce budget inédit depuis le New Deal est une ‘estimation’ des besoins stratégiques cruciaux du pays pour sortir d’une longue période de laisser-faire néo-libéral et le transformer en une redoutable machine keynésienne dans laquelle l’État reprendrait ses droits d’un revers de main. C’est une nouvelle investiture précipitée dans une croisade difficile afin de subordonner la main invisible des marchés à la main de fer d’un état stratège engagé ; entre un New Deal et un Plan Marshall, la marche états-unienne pour une nouvelle doctrine de leadership est annoncée.

Voici les raisons qui feront de ce dernier rapport stratégique une lecture incontournable pour décrypter et anticiper ce brave new world à l’état embryonnaire…

Une lecture cruciale pour tout dirigeant stratège en 2021

Septième opus depuis sa première édition en 1997, ces rapports prospectifs ‘Global trends’ du National Intelligence Council ont un puissant impact politique à l’international en tant qu’ils reflètent une photographie globale de l’état du monde du point de vue de la puissance dominante états-unienne, mais surtout, préfigurent les perspectives potentielles sur la nature des engagements cruciaux à anticiper à l’échelle internationale en matière de risques politiques, démographiques, environnementaux, économiques et technologiques. le document original en version anglo-américaine est librement accessible en source ouverte et téléchargeable au format PDF depuis le 8 avril 2021 sur le site du NIC à l’adresse suivante : www.dni.gov/nic/globaltrends

Ce Global Trends 2040 aura probablement une plus grande aura que ses précédentes éditions de par l’émergence soudaine d’un écosystème en accélération et rendu de plus en plus complexe depuis 2020 par une seule et unique variable sanitaire qui s’est avérée – comme tout facteur ‘révélateur’ –, le cygne noir précurseur de réactions politiques et sanitaires disruptives, de modifications sociétales, mais aussi, d’accélération économique.

À cette date, après une ère pandémique qui n’a toujours pas dit son dernier mot et sous une nouvelle investiture Démocrate dans une Amérique post-Trumpienne au cœur d’un monde désorienté, ces analyses prospectives auront un impact direct et indirect inédit de par la nature des nouvelles priorités stratégiques, politiques et des engagements financiers massifs que prendront les états, les populations, les entreprises, mais aussi les organisations étatiques et non étatiques à l’influence grandissante. La récession mondiale liée au facteur Covid a fait l’objet de réponses contrastées et multiples selon les états, les continents et les alliances et cela, sans exception.

Prendre la mesure des nouvelles priorités et des urgences

Aucun secteur ne sera écarté par ces mesures mais encore faut-il comprendre ces nouvelles forces en présence – ce futur à l’état embryonnaire – pour construire la matrice gagnante ; cette même matrice à laquelle le général Eisenhower se soumettait chaque jour, face aux doutes et dans ses heures les plus sombres afin de discerner puis trancher parmi ses nombreuses priorités celles qui étaient les plus importantes de celles qui étaient les plus urgentes…

Car, ce sont bien ces forces structurelles interagissantes qui décideront des dynamiques émergentes et des choix cruciaux qui façonneront soit nos utopies, soit peut être aussi nos dystopies dans un monde en accélération et toujours plus fragmenté, plus controversé – ce que propose le rapport dans sa troisième section intitulée : Scénarios pour 2040 – Planifier l’avenir en pleine incertitude. C’est dans ce dernier chapitre que l’on retrouve cinq scénarios prospectifs de futurs ‘possibles’ de notre monde de demain…, en 2040. Sans relever de prédictions, ces scénarios nous engagent à des réflexions de fond – non pas sur d’inévitables fatalités ! –, mais bien sur les risques de les ignorer. Il en va aussi pour nous européens, de comprendre ces facteurs d’incertitudes selon d’autres perspectives mondiales, ce qui rend ce rapport particulièrement enrichissant dans ses analyses des dynamiques émergentes et des forces structurelles en action. En cela, la lecture de ce rapport contribuera à conforter ou invalider les champs de nos priorités économiques, nos urgences politiques et la nature des nouvelles menaces afin de les intégrer dès aujourd’hui dans nos analyses stratégiques.

Tendances mondiales : Cinq scénarios proposés en réponse à un monde fragilisé, disruptif, controversé.

Dans ce jeu de combinaisons de dynamiques et de ruptures, toutes les analyses se rejoignent pour annoncer une contestation croissante de l’ancien ordre à tous les niveaux – contestations bien plus marquées et multiformes que celles observées lors du siècle dernier -, reflétant des idéologies hybrides et novatrices ainsi que des points de vue contrastés sur la manière la plus efficace d’organiser la société et de relever les nouveaux défis futurs. La convergence des analyses nous conduit ainsi à observer soit un affaiblissement progressif des pouvoirs étatiques traditionnels, soit leur renforcement face à une fragmentation et une contestation croissante sur les questions économiques, culturelles et politiques.

Des décennies de gains constants en matière de prospérité et d’autres aspects du développement humain ont amélioré les conditions de vie dans toutes les régions et suscité l’espoir d’un avenir meilleur. Alors que ces tendances se stabilisent et se combinent à des changements sociaux et technologiques rapides, de larges pans de la population mondiale se détournent des institutions et des gouvernements qu’ils considèrent comme peu désireux ou incapables de répondre à leurs besoins. Les réponses humaines à ces principaux moteurs et la compréhension de ces dynamiques émergentes détermineront comment le monde, ses territoires et ses alliances évolueront au cours des deux prochaines décennies. Parmi les nombreuses incertitudes qui couvrent nos horizons, le rapport du NIC a exploré trois questions clés concernant les conditions régnant dans des régions spécifiques, les choix politiques des populations et les gouvernances à travers leurs structures et leurs idéologies :

  • Quelle est la gravité des défis mondiaux imminents ?
  • Comment les États et les acteurs non étatiques s’engagent-ils dans le monde, y compris les objectifs et le type d’engagement ? Et enfin,
  • À quoi les États accordent-ils la priorité pour l’avenir ?

C’est à partir de ces questions qu’ont été élaborés cinq scénarios plausibles, distinctifs et illustratifs du futur pour des mondes alternatifs en 2040. Chacun de ces scénarios reflète les thèmes clés des défis mondiaux partagés : la fragmentation, le déséquilibre, l’adaptation et une plus grande contestation. Trois des scénarios décrivent des futurs dans lesquels les défis internationaux deviennent de plus en plus graves et les interactions sont largement définies par la rivalité entre les États-Unis et la Chine.

Dans Renaissance des démocraties (Renaissance of Democracies), les États-Unis sont à la tête d’une résurgence des démocraties. Dans Un monde disloqué (A World Adrift), la Chine est le premier État, mais n’est pas mondialement dominant et dans Coexistence concurrentielle (Competitive Coexistence), les États-Unis et la Chine prospèrent et se disputent le leadership dans un monde divisé.

Deux autres scénarios illustrent des changements plus radicaux. Les deux résultent de discontinuités mondiales particulièrement sévères et défient à tour de rôle les hypothèses sur le système mondial. La rivalité entre les États-Unis et la Chine est moins centrale dans ces scénarios, car les deux États sont contraints de faire face à des défis mondiaux plus vastes et plus graves et constatent que les structures de gouvernance actuelles sont soit inexistantes, soit trop peu ou mal adaptées à ces défis : Silos séparés (Separate Silos) dépeint un monde dans lequel la mondialisation s’est effondrée et des blocs économiques et de sécurité émergent pour protéger les États contre les menaces croissantes ; Tragédie et mobilisation (Tragedy and Mobilization) est une variante basée sur des changements révolutionnaires ascendants, dans le sillage imminent de crises environnementales mondiales brutales et dévastatrices.

Un dernier mot sur ce rapport prospectif Global Trends : last but nos least

Le monde littéraire et les plates-formes de streaming n’ont pas fini de nous abreuver des conséquences de notre période actuelle. Autant jusqu’à 2020, les risques pandémiques n’étaient pas le paramètre central du ‘pire est à venir’, autant les risques majeurs traités en intrigue par les réalisateurs de séries d’anticipation voient certaines de leurs œuvres reprendre du service, ce qui peut être, pourrait être bienvenu… Car, dans les facteurs prépondérants à l’émergence d’un monde dystopique, une pandémie est juste l’un des plus puissants vecteurs de ‘propagation’ pour toutes les théories complotistes les plus alarmantes. Bien au-delà des blockbusters que furent l’Armée des 12 singes, World War Z ou la série d’anticipation Black Mirror, la pandémie a été un impensable accélérateur de particules scénaristiques. Parmi ces principales théories participant du « grand reset » se retrouvent invariablement celles du génocide scientifique planifié ; du contrôle répressif des populations ; du renforcement des mesures coercitives sur les déplacements individuels ; de l’emprise intégrale et démultipliée des GAFAM sur les flux d’informations numériques et de leurs contenus grâce à l’hyperdigitalisation et à l’IA et enfin, l’injection à grande échelle de substances antivirales suspectes aux conséquences menaçantes… Entre thèses transhumanistes et théories complotistes, le combat contre l’ignorance et l’obscurantisme n’a pas fini sa triste croisade.

Néanmoins, n’en déplaise à certains, parmi certaines de ces émanations théoriques, il semblerait que des premiers signaux émergents aient déjà transcendé la fiction en une réalité ; une réalité qui pourrait même s’avérer transgressive selon son angle de jugement : Les premiers écoréfugiés ne seraient-ils pas à nos portes ? Le crédit social chinois ne serait-il qu’un mythe mensonger distillé sous l’influence d’une dissidence étrangère ‘antipatriotique’ ? Le tracking invasif des individus via certaines applications mobiles et logicielles une pure fiction ? La brutale polarisation des populations en deux catégories socio-économiques et technologiques distinctes – les ‘vitaux’ contre les ‘digitaux’ – engendrée par une abyssale fracture digitale qui servirait les intérêts des uns et asservirait les autres ? Rien n’est moins sûr…

Plus que jamais dans notre histoire contemporaine, l’exercice prospectif n’a été nécessaire. Plus que jamais les choix de nos vingt prochaines années seront décisifs dans le maintien ou non de nos libertés individuelles et collectives au sein de démocraties averties. Entre une utopie naïve qui poursuivrait dans l’ignorance la quête régressive d’un certain ‘monde d’avant’ et celle – plus dystopique – qui prendrait le parti de penser le pire pour s’en protéger, il ne tient qu’à nous d’en décider collectivement.

Bon décryptage à tous !

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Global Trends 2040 – Tendances Mondiales 2040 : le dernier rapport stratégique des Services de Renseignement des USA (© 2021 Maîtres et Dirigeants – Arcana Strategia pour la traduction originale en français – JUIN 2021 – www.arcanastrategia.com)

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Chapitrage – Index complet du blog : Sun Tzu parle aux Dirigeants Stratèges

Sun Tzu parle aux Dirigeants Stratèges 

CHAPITRAGE DU BLOG de Jérôme Gabriel

INDEX DES LIENS THÉMATIQUES

Vous trouverez ci-dessous l’ensemble des articles publiés

depuis 2018 par thématiques principales

Sun Tzu parle aux dirigeants stratèges - Journal Le Temps - Index thématique du Blog (#dirigeantstratege ; #intelligencestratégique ; #suntzuformations ; #gouvernancestratégique ; #sécuritééconomique ; #gestiondesrisques ; #arcanaimperii ; #suntzu)

Dernière mise à jour le 06.02.2021

 

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Mise en Avant du Blog sur Sun Tzu et la Stratégie

Introduction au Blog : “Sun Tzu parle aux dirigeants stratèges”

Avant-propos : la sagesse et la guerre économique

 

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INTRODUCTION AU BLOG

Transcrire l’Art de la Guerre de Sun Tzu dans le contexte économique actuel

Genèse : des Royaumes Combattants aux guerres économiques

 

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ESPACE SUN TZU – L’ART DE LA GUERRE

L’Art de la Guerre et les Forces de la Raison

Sun Tzu – L’Art de la Guerre intégral – Nouvelle édition 2019 pour le Journal Le Temps

Introduction : Sun Tzu – Maîtres et Dirigeants : Les forces de la raison

Chapitre I : Planification

Chapitre II : Le prix de l’engagement

Chapitre III : État stratège : Les politiques de conquête

Chapitre IV : Mesures et forces de l’invincibilité

Chapitre V : Les formes de la force

Chapitre VI : L’emploi des intangibles

Chapitre VII – Manœuvres : Les facteurs fondamentaux

Chapitre VIII : Les neuf variables d’ajustement

Chapitre IX : Règles d’occupation

Chapitre X : Espaces tactiques

Chapitre XI : Les neuf situations

Chapitre XII : Les cendres de la victoire

Chapitre XIII – Du renseignement : Devins et espions

Sun Tzu : Ressources essentielles de référence

 

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SUN TZU : CITATIONS MAJEURES

Sun Tzu – L’ Art de la Guerre : toutes les citations majeures – concepts et préceptes.

Bienveillance et Confiance : 30 Préceptes et Concepts Clefs du Sun Tzu pour un Management Apaisé

120 citations et références majeures de l‘Art de la guerre pour les entreprises – Recueil intégral

Sélection et décryptage de citations choisies de l’art de la guerre appliquées aux affaires

20 citations clés pour mieux comprendre l’intelligence Stratégique en affaire

L’Art de la gouvernance : 30 Citations de Sun Tzu pour les dirigeants de PME

 

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MANAGEMENT (GOUVERNANCE) STRATÉGIQUE – INTELLIGENCE POLITIQUE

Préceptes clefs d’Intelligence et de Gouvernance Stratégique, de Management de Crise et de Gestion des Risques.

Cellules stratégiques : l’Art de maîtriser la déception

Le Dirigeant en mode combat : l’Art d’anticiper face aux invisibles : Quels sont ces facteurs invisibles qui nous échappent ?

PME en mode ‘Combat’ : Ce que nos dirigeants doivent intégrer dans leur management pour 2021

Sun Tzu et l’Armée : Les Dix Commandements d’une Gouvernance de Crise (Opus 3-3)

Sun Tzu et le concept de ‘Territoire’ – Décryptage des sens cachés (Opus 2-3)

Sun Tzu et la Guerre – Décryptage des sens cachés (Opus 1-3)

Couvre-feu, pare-feu, contre-feu : quelle stratégie ?

L’Art du Brainstorming : quand rien ne va plus, pensez en brainstormer

Ni marketing, Ni stratégie : l’art de l’ignorance et le prix de la méprise sémantique

Une drôle de rentrée 2020 : Les Cinq facteurs clefs d’un management avisé

Couvre-feu, pare-feu, contre-feu : quelle stratégie ?

Bienveillance et Confiance : 30 Préceptes et Concepts Clefs pour un Management Apaisé

L’Art du Brainstorming : quand rien ne va plus, pensez en brainstormer

Ni marketing, Ni stratégie : l’art de l’ignorance et le prix de la méprise sémantique

Une drôle de rentrée 2020 : Les Cinq facteurs clefs d’un management avisé

Le Prince et le troisième Tengu

Paradoxa : les leçons politiques des archivistes du jour d’après

L’Art de la mutation – Une intelligence stratégique adaptative

Crise : le jour d’après – Crise, en chinois, se dit Wēijī – 危机 : il est composé des caractères ‘danger’ et ‘opportunité’.

 Alain Juillet : L’Art de la guerre économique  – Timeline de l’interview sur ‘ThinkerView’ (04.2018)

Un Dirigeant, un objectif : Mille stratégies invisibles

Précepte n° 1 : mieux savoir pour mieux comprendre – le prix de l’ignorance marketing

Précepte N° 2 : pouvoir et gouvernance

Précepte N° 3 : gouvernance et … “conformité” ?

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ARCANA IMPERII – Intelligences et Stratégies Politiques

Les Arcanes de l’Intelligence Politique : L’émergence des Raisons (les coulisses de l’Histoire Stratégique)

Arcana Imperii – Ouverture : “Dans l’hombre des âmes stratèges”

Arcana Imperii – Genèse – l’Odyssée de l’espèce : Du primate à la suprématie

Arcana Imperii – Opus 1 : Sur les pas du premier stratège – De la survie

Arcana Imperii – Opus 2 : Sur les pas du premier stratège – De l’invention : L’adaptation par la création

Arcana Imperii – Opus 3 : Sur les pas du premier stratège – De la Connaissance : Informer et Comprendre

 

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LIBRE TRIBUNE

Doris et le dragon chinois 龍 (article du 23.08.2018)

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SUN TZU ET LE PETIT PRINCE (De Wu) – Wu Zixu

Sun Tzu et le Petit Prince – Un Ordre dans le Désordre : l’abeille et la mouche

 

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Collection Maîtres et Dirigeants - Sun Tzu - Arcana Strategia

© 2020 – Arcana Strategia (arcanastrategia.com)

Bienveillance et Confiance : 30 Préceptes et Concepts Clefs du Sun Tzu pour un Management Apaisé

Diriger & Gouverner : Entre ‘l’altérité’ et l’Art de la bienveillance

Sun Tzu - Diriger et Gouverner

     L‘entrepreneur est un être seul. Il ne l’est pas par nature mais il le devient malgré lui. L’isolement procède de son statut d’autorité naturelle sur ses ‘sujets’ salariés ; autorité demandée mais aussi commandée par la gouvernance de son entreprise. De toutes les difficultés, celle qui apparaît le plus fréquemment relève d’une absence ou d’un manque de confiance envers ses collaborateurs.

     Cet état de fait provient le plus souvent d’un sentiment contradictoire de la condition humaine opposant le plus souvent le besoins de partager ouvertement ses pensées et le réflexe inné de se préserver pour éviter des dissensions ou survivre. 

Reprendre confiance = déléguer = fédérer

#entreprises #pme #suisse #Sun Tzu

     Si on ne gère pas ses collaborateurs comme le ferait un général envers ses soldats, il n’empêche que certaines règles humaines protocolaires mais aussi et de nature ‘subtiles’, s’appliquent dans ses relations aux autres.

     Le plus souvent liées à la confiance envers autrui, ces règles de gouvernance ne sont que le produit d’une posture de fermeté mêlée de bienveillance. Ici, coexistent dans leurs complémentarités l’inflexibilité d’une doctrine (règlements internes et codes éthiques) et son adaptation aux changements législatifs ; la tenue d’un objectif commercial et sa révision face à des ruptures technologiques ou des manœuvres concurrentielles agressives ; préserver la défense de son territoire tout en déployant ses forces expéditionnaires à la conquête de nouveaux marchés.

    Ces changements ou ‘mutations’ économiques procèdent principalement des hommes eux-mêmes dans leur quête de survie et de sécurité économique. Dans l’adversité, la communauté [la cité] devient une deuxième famille véhiculant ses propres valeurs de justice, de droits et de devoirs.

      Le monde de l’entreprise est aussi une communauté : une Cité qui doit savoir fédérer ; motiver et protéger, avec ce liant universel et irremplaçable : la confiance.

La doctrine, l’équité, l’amour pour tous ceux qui sont nos subordonnés et, pour tous les hommes en général, la science des ressources, le courage et la valeur : telles sont les qualités qui doivent caractériser celui qui est revêtu de la dignité de Général.”

Sun Tzu

 En vous souhaitant une excellente lecture méditative, je vous propose de nous plonger dans les 30 citations et les commentaires les plus évocateurs du Sun Tzu – l’Art de la guerre – pour les entrepreneurs et les dirigeants.

  • Un général avisé prend toujours en compte, dans ses supputations, tant les avantages que les inconvénients d’une option. Il voit les profits et peut tenter des entreprises ; il ne néglige pas les risques et évite les désagréments.
  • […]N’agissez pas si vous ne voyez pas d’intérêt clair pour le pays. N’utilisez pas vos soldat si vous n’êtes pas sûr du succès. Ne combattez pas si vous n’êtes pas menacé. Un souverain n’ordonne pas à son général de lever une armée sous le coup de la colère; un général n’attaque pas parce qu’on lui a fait affront[…] un royaume détruit ne se relève pas de ses cendres et les morts ne reviennent pas à la vie.
  • Le plus important, est le peuple. Obtient sa confiance et son soutient et tu obtiendra tout ce que tu voudras.
  • Mei Yao Ch’en dit : Ce qui dépend de moi, je peux le faire ; ce qui dépend de l’ennemi n’est jamais assuré.
  • Un chef d’armée qualifié demande la victoire à la situation et non à ses subordonnés.
  • Lorsque les hommes se rassemblent constamment par petits groupes et se parlent à l’oreille, le général a perdu la confiance de son armée.
  • Ch’en Hao : “Lorsque les ordres du général ne sont pas stricts et que son comportement manque de dignité, les officiers sont turbulents.
  • […] le Duc Li Ching de Wei a dit : “Or, les qualités indispensables à un général sont avant tout la clairvoyance, l’art de faire régner l’harmonie au sein de son armée, une stratégie réfléchie doublée de plans à longue portée, le sens des saisons et la faculté de saisir les facteurs humains. Car un général inapte à évaluer ses possibilités ou à concevoir ce que sont la promptitude et la souplesse avancer, lorsque se présentera l’occasion d’attaquer, d’un pas trébuchant et hésitant, les yeux tournés avec anxiété d’abord à droite, puis à gauche, et il sera incapable de mettre sur pied un plan. S’il est crédule, il se fiera à des rapports indignes de foi, croyant tantôt ceci et tantôt cela. Aussi craintif qu’un renard dans le recul et dans l’avance, il laissera ses rangs s’éparpiller. En quoi cette façon d’agir diffère-t-elle de l’action de conduire des innocents dans l’eau bouillante ou dans le feu ? N’est-ce pas exactement la même chose que de mener des vaches et des moutons en pâture à des loups ou à des tigres ?””
  • Chang Yu : “Lorsque l’administration et les ordres manquent de fermeté, le moral des hommes est bas et les officiers enragent.”
  • Non moins remarquables semblent les recommandations d’aimer le soldat, de sentir l’âme des subordonnés, de se préparer à la guerre par l’étude et la réflexion, de connaître l’ennemi aussi bien, sinon mieux que ses propres forces, de ménager les populations vaincues comme de traiter humainement les prisonniers de guerre.
  • On dénombre cinq traits de caractère qui représentent un danger pour un général : s’il ne craint pas la mort, ils risque d’être tué ; s’il chérit trop la vie, il risque d’être capturé ; coléreux, il réagira aux insultes ; homme d’honneur, il craindra l’opprobre ; compatissant, il sera aisé de le tourmenter.
  • Un général se doit d’être impavide pour garder ses secrets, rigoureux pour faire observer l’ordre. Il lui incombe d’obstruer les yeux et les oreilles de ses hommes pour les tenir dans l’ignorance. Il modifie ses objectifs, bouleverse ses plans et nul ne le devine. Il déplace ses bivouacs, varie ses itinéraires et déjoue toute prévision.
  • Triompher au combat et être universellement proclamé “Expert” n’est pas le comble de l’habileté, car soulever un duvet d’automne ne demande pas beaucoup de force ; distinguer le soleil de la lune n’est pas une preuve de clairvoyance ; entendre un coup de tonnerre ne prouve pas qu’on a l’ouïe fine.
  • Être plusieurs années à observer ses ennemis, ou à faire la guerre, c’est ne point aimer le peuple, c’est être l’ennemi de son pays; toutes les dépenses, toutes les peines, tous les travaux et toutes les fatigues de plusieurs années n’aboutissent le plus souvent, pour les vainqueurs eux-mêmes, qu’à une journée de triomphe et de gloire, celle où ils ont vaincu. N’employer pour vaincre que la voie des sièges et des batailles, c’est ignorer également et les devoirs de souverain et ceux de général; c’est ne pas savoir gouverner; c’est ne pas savoir servir l’État.
  • Un habile général sait d’avance tout ce qu’il doit faire; tout autre que lui doit l’ignorer absolument. Telle était la pratique de ceux de nos anciens guerriers qui se sont le plus distingués dans l’art sublime du gouvernement.
  • Un général avisé s’emploie à vivre sur l’ennemi.
  • Quand le général n’a ni la fermeté ni la rigueur requises, que ses instructions manquent de clarté, il y aura désordre.
  • En tuer un pour en terrifier un millier.
  • Le général court cinq dangers: Téméraire, il risque d’être tué. Lâche, il risque d’être capturé. Coléreux, il risque de se laisser emporter. Chatouilleux sur l’honneur, il risque d’être humilié. Compatissant, il risque d’être tourmenté.
  • Si le général est généreux, mais incapable de diriger, bienveillant, mais incapable de rétablir l’ordre, ses soldats, tels des enfants gâtés, seront inutiles.
  • Toute campagne guerrière doit être réglée sur le semblant ; feignez le désordre, ne manquez jamais d’offrir un appât à l’ennemi pour le leurrer, simulez l’infériorité pour encourager son arrogance, sachez attiser son courroux pour mieux le plonger dans la confusion : sa convoitise le lancera sur vous pour s’y briser.
  • On se défend lorsqu’on dispose de moyens suffisants ; on attaque lorsqu’on dispose de moyens plus que suffisants.
  • Traitez bien les prisonniers, nourrissez-les comme vos propres soldats ; faites en sorte, s’il se peut, qu’ils se trouvent mieux chez vous qu’ils ne le seraient dans leur propre camp, ou dans le sein même de leur patrie. Ne les laissez jamais oisifs, tirez parti de leurs services avec les défiances convenables, et, pour le dire en deux mots, conduisez-vous à leur égard comme s’ils étaient des troupes qui se fussent enrôlées librement sous vos étendards. Voilà ce que j’appelle gagner une bataille et devenir plus fort.
  • Il faut conduire, en amont du combat, des manœuvres indirectes, dont le but est soit de préparer une situation favorable au combat, soit de vaincre sans même devoir combattre. Dans tous les cas, il ne faut frapper qu’une fois qu’on est sûr de vaincre, d’un seul coup, au point que l’adversaire ne pourra pas se relever.
  • Sachez le bon que produit la terre et vous profiterez de ses ressources; connaissez les routes et vous prendrez la bonne; par le calcul, sachez divisez exactement pour donner à chacun, en vivres et munitions, sans excès, ni trop peu. La balance vous apprendra à répartir la justice, les récompenses et les punitions. Enfin, rappelez-vous les victoires qui ont été remportées, les circonstances de la lutte et vous saurez ainsi l’usage qu’on en a fait, les avantages qu’elles ont procurés ou les préjudices qu’elles ont causés aux vainqueurs eux-mêmes.
  • Le premier [danger] est une trop grande ardeur à affronter la mort; ardeur téméraire qu’on honore souvent des beaux noms de courage, d’intrépidité et de valeur, mais qui, au fond, ne mérite guère que celui de lâcheté.
  • Si un général est pusillanime, il n’aura pas les sentiments d’honneur qui conviennent à une personne de son rang, il manquera du talent essentiel de donner de l’ardeur aux troupes ; il ralentira leur courage dans le temps qu’il faudrait le ranimer ; il ne saura ni les instruire ni les dresser à propos ; il ne croira jamais devoir compter sur les lumières, la valeur et l’habileté des officiers qui lui sont soumis, les officiers eux-mêmes ne sauront à quoi s’en tenir ; il fera faire mille fausses démarches à ses troupes, qu’il voudra disposer tantôt d’une façon et tantôt d’une autre, sans suivre aucun système, sans aucune méthode ; il hésitera sur tout, il ne se décidera sur rien, partout il ne verra que des sujets de crainte ; et alors le désordre, et un désordre général, régnera dans son armée
  • Un Souverain ne peut pas lever une armée sous le coup de l’exaspération ni un général se battre sous le coup du ressentiment. Car, s’il est possible à un homme irrité de recouvrer la sérénité et à un homme ulcéré de se sentir satisfait de nouveau, un Etat qui a été anéanti ne peut être rétabli, ni les morts rendus à la vie.
  • Savoir faire sortir le courage et l’intrépidité de la poltronnerie et de la pusillanimité, c’est être héros soi-même, c’est être plus qu’un héros, c’est être au dessus des intrépides.
  • Lorsque ses troupes sont désordonnées, le général n’a pas de prestige.
  • N’employer pour vaincre que sièges et batailles, c’est ignorer également les devoirs du Souverain et ceux du général ; c’est ne pas savoir gouverner ; c’est ne pas savoir servir l’État ; c’est ne pas savoir combattre. Aussi, lorsque la guerre est résolue, que les troupes étant formées sont sur le point d’entreprendre, ne dédaignez pas d’employer la ruse.
  • ce qui est au-dessus du bon est souvent pire que le mauvais.

 

Pour aller plus loin en ces temps d’incertitude

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A méditer avec discernement…

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jerome gabriel - blog Le Temps - Sun Tzu - Intelligence et cultures stratégiques

Le Prince et le troisième Tengu

Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège

 

  Peut-être les avez-vous croisés sur ces chemins boisés au cœur de ces forêts denses et sombres qui caractérisent certaines régions montagneuses. C’est dans ces mondes clairs obscurs que les arbres convoitent depuis la nuit des temps que se trouvent les Tengu.

Les Tengu

Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège
David Thatcher – Katsui Koubou – Japanese Samurai Armour Studio

  Esprits aussi maléfiques que bienveillants des mythes bouddhistes, ils ne peuvent pas tomber en enfer – lieu inexistant dans cette religion -, et étant donné leurs mauvaises actions de leur vivant, ils ne peuvent accéder au nirvana. Fantômes de prêtres, de nonnes, d’hommes et de femmes ordinaires, ils sont les damnés de ce purgatoire – errants éternels dans ce royaume des ombres.

De leurs vies peu vertueuses, ils sont devenus Tengu par leur vanité et leur arrogance, leur malveillance et leur ignorance, le déni ou la cupidité.

  Emprisonnés d’entre ces deux mondes – redevenus esprits -, certains apprennent les pouvoirs des démons perturbateurs – de ceux qui agissent dans les détails pour saboter les plans ; d’autres, plus puissants et cultivés, possèdent la maîtrise des forces de la nature et provoquent les grands malheurs et les catastrophes. Il est dit de ces derniers, qu’ils tombent avec le bruit de tonnerre et apporte les fléaux et les guerres.

De ces deux premiers démons, il en existe pourtant une troisième sorte De tous, il est le plus redoutable. Sage et Démon à la fois, il est le grand Tengu : le Daitengu.

 

Le Prince et le Daitengu

  Gouverner est un art difficile mais les élus célestes ont droit à consulter le Daitengu quand les oracles peinent à comprendre les signes divinatoires. Cette nuit-là, accompagné de ses Prétoriens, le Prince de Wu quitte le Palais et son royaume au son du martèlement des fers de ses meilleurs chevaux. Affaibli et isolé, contraint par les événements qui pourraient conduire la Nation au péril, ses meilleurs alliés retournés et leurs armées aux frontières, il se débat mentalement entre l’envie de fuir ou lutter, faillir ou assaillir.

  Après une chevauchée de plusieurs heures, le petit groupe parvient à la lisière des forêts du nord que les superstitions locales ont désignées forêts des enfers car nul ne les traverse indemnes et la plupart n’en reviennent jamais. À l’approche des lieux, les hommes sont saisis par une indéfinissable crainte mêlée d’angoisse. Parvenus à l’entrée du sentier, les chevaux se cabrent et refusent d’avancer plus avant. Interdite aux hommes en arme, Le Prince contemple le sentier tortueux qui s’étire dans les ténèbres et sait qu’une fois encore il sera seul face au destin. Rien ne lui inspire confiance, mais il n’a plus d’autres espoirs. Peut-être que ce soir, au milieu des ténèbres une lueur lui sera propice.

 Le cercle des jugesSun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège

  Au centre de cette forêt se trouve un immense espace circulaire qu’aucun arbre n’a jamais conquis. Sorte de Forum encerclé d’un mur végétal au milieu duquel se trouve un rocher de la taille d’un promontoire. Afin de préparer le Prince, les oracles lui ont transmis les prières de circonstance afin d’appeler les esprits dans les meilleurs augures et se préparer à ce qui ressemble déjà à un tribunal.

  Après plusieurs minutes d’invocations, transit de froid et de peur, des lueurs argentées apparaissent d’entre les arbres. Sans bruit, les esprits prennent leurs formes caractéristiques et se rapprochent par détachements effrayants du centre de la trouée.

Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant StratègeLe Prince n’a plus de souffle, son cœur martèle sa poitrine par saccades incontrôlables et ses dernières énergies vitales semblent le quitter. Il tente une dernière inspiration et tombe inanimé sur le flanc du rocher. Alors que le détachement de Tengu à becs d’oiseaux se saisissent de son corps évanoui, le grand Tengu – le Daitengu – sonde son âme tourmentée.

Le lendemain…

  La nuit passée, le Prince sera retrouvé par un détachement de sa garde le lendemain matin à la lisière de la forêt. Réveillé par les secousses et les voix de ses hommes, le Prince gémit puis réveillé, réalisant sa situation, esquisse un étrange sourire. Tel un revenant des abysses après avoir surmonté sa dernière épreuve, il contemple ses derniers compagnons et leur dit : Je connais enfin le secret du grand Tengu. Dans les souvenirs de ses rêves, il revoit la tête d’un aigle lui adresser la parole.

Le troisième Tengu

  Le Prince se remémore alors le réquisitoire du grand Tengu :

  Les deux premiers esprits maléfiques incarnent la longue pérégrination de l’espèce humaine dans son Histoire chaotique. Pensant progresser dans le temps, les Hommes se parent d’artifices toujours plus sophistiqués et illusoires pour se divertir laissant les deux premiers esprits frapper toujours plus fort avec toujours moins d’efforts.Sun Tzu Jérôme Gabriel Blog Dirigeant Stratège

Le premier Tengu se cache dans les détails. Il se nourrit de votre ignorance et de votre incompétence. De l’égoïsme de vos sophistiques politiciennes, il profite de chacune de vos contradictions pour renforcer les divisions et déstabiliser les nations.

Le deuxième Tengu se nourrit de votre négligence et du déni d’arrogance. Il agit dans les moments propices pour mettre à terre vos plus beaux ‘progrès’ construits par la vanité de ceux qui croient maîtriser la nature ; maître du Ciel et de la Terre, il agite les terres et les volcans, augmente les mers et assèche les rivières, propage les souffles malsains des grandes pandémies.

Et moi, dit enfin le Daïtengu, je suis le plus dangereux de tous et pourtant je ne détruis rien et je ne mens jamais. Contrairement aux deux premiers, je crée toutes les conditions favorables à vos bonheurs artificiels et vos replis égoïstes, car ni les machines ni leurs concepteurs n’ont jamais renforcé les esprits des Hommes.

Mon Art suprême ? Votre amnésie.

Favoriser l’œuvre des deux premiers Tengu en vous ménageant un paradis artificiel grâce à votre plus grande défaillance : votre défaut de mémoire collective.

Et vous cher Prince, où se trouve votre école de la mémoire ?

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Sun Tzu 2020 – Les forces de la raison – Chapitre 13 – Du renseignement : Devins et espions

Sun Tzu - Maîtres et dirigeants - Les forces de la raison

Ce treizième chapitre – le dernier du traité -, est probablement l’un des plus importants dans sa lecture stratégique.

Son titre peut aussi être : ‘De la concorde et de la discorde’, ‘Interventions des agents secrets’ ou ‘l’espionnage’ selon ses interprètes.

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Les liens directs vers

l’introduction (notes liminaires)

et les 13 Chapitres

IIIIIIIVVVIVIIVIIIIXXXIXIIXIII

#art_de_la_guerre #stratégie

Il est écrit:

Autrefois, huit familles formaient une collectivité. Lorsque l’une d’entre elle envoyaient un homme à l’armée, les sept autres contribuaient à l’entretien du foyer affecté. Ainsi, la levée d’une armée de cent mille hommes faisait que sept cent mille familles n’étaient plus en mesure d’assurer leur part de labours et de semailles. (Commentaires de Ts’ao Ts’ao)

  Lorsqu’on met sur pied une armée de cent mille hommes pour l’envoyer en campagne au loin, les dépenses à supporter par la population, jointes aux sommes déboursées par le Trésor seront conséquentes.

  Lever une armée génère mouvements et rumeurs. Une agitation frénétique animera les villes, les villages et les campagnes dont vous aurez tiré les provisions et les hommes qui composeront vos troupes. Tandis que la population s’exténue sur les routes, sept cent mille familles seront mises à mal par leurs sacrifices.

  Les appointements d’officiers, la paie journalière de tant de soldats et les coûts d’entretien creuseront peu à peu les greniers et les coffres du prince comme ceux du peuple, et ne sauraient manquer de les épuiser.

  Être plusieurs années à faire face à des ennemis dont on ignore les desseins et la situation en reportant constamment les actions décisives parce que le général rechigne à accorder les moyens nécessaires à recueillir des renseignements (informations préalables), alors ce général est un monstre d’inhumanité qui ne mérite ni de commander une armée ni de seconder son souverain.

Être plusieurs années à observer ses ennemis, ou à faire la guerre, c’est ne point aimer le peuple, c’est être l’ennemi de son pays ; toutes les dépenses, toutes les peines, tous les travaux et toutes les fatigues de plusieurs années n’aboutissent le plus souvent, pour les vainqueurs eux-mêmes, qu’à une journée de triomphe et de gloire, celle où ils ont vaincu.

  N’employer pour vaincre que la voie des sièges et des batailles, c’est ignorer également et les devoirs de souverain et ceux de général en matière de prévision. Car un prince avisé et un brillant général savent que nul ne peut remporter de victoires décisives sur l’ennemi si leurs actions se bornent à de simples faits-d’armes.

  Une réalisation ne dépasse celle du commun que par la capacité d’anticipation, de prévision. Le recueil d’informations préalables ou prévisions n’est ni le fruit de quelconques conjectures divinatoires ni celui de prédictions tirées d’analogies trompeuses de précédents historiques.

  La capacité de prévision ne provient uniquement que des hommes renseignés connaissant la situation de l’adversaire qui, par leurs rapports fidèles vous informent des dispositions de celui-ci.

Commencez par vous mettre au fait de tout ce qui concerne les ennemis; sachez exactement tous les rapports qu’ils peuvent avoir, leurs liaisons et leurs intérêts réciproques; n’épargnez pas les grandes sommes d’argent; n’ayez pas plus de regret à celui que vous ferez passer chez l’étranger, soit pour vous faire des créatures, soit pour vous procurer des connaissances exactes, qu’à celui que vous emploierez pour la paie de ceux qui sont enrôlés sous vos étendards: plus vous dépenserez, plus vous gagnerez; c’est un argent que vous placez pour en retirer un gros intérêt.

Ayez des espions partout, soyez instruit de tout, ne négligez rien de ce que vous pourrez apprendre; mais, quand vous aurez appris quelque chose, ne la confiez pas indiscrètement à tous ceux qui vous approchent.

  On ne se prépare pas sans renseignements préalables.

Quand un habile général se met en mouvement, l’ennemi est déjà vaincu: quand il combat, il doit faire lui seul plus que toute son armée ensemble; non pas toutefois par la force de son bras, mais par sa prudence, par sa manière de commander, et surtout par ses ruses.

  Or, on peut faire appel à cinq types d’agents secrets – dénommés :

  • Indigènes (correspondants locaux) ;
  • Intérieurs (fonctionnaires – administrations) ;
  • Doubles (espions retournés) ;
  • Liquidables (espions sacrifiés) ;
  • Volants (infiltrés – agent traitant).

  [Chaque type de correspondant est employé selon les visées stratégiques d’un état ; intentions offensives ou préventives (défensives). Les traductions et interprétations diffèrent dans ce chapitre selon les auteurs. Pour Amiot, l’emploi de ces agents a pour principal objectif de maintenir une alliance et d’assurer la bonne tenue d’un concordat ou d’envenimer les discordes chez les adversaires en les divisant pour les affaiblir.D’où le paragraphe suivant sur les ‘divisions‘]

Il faut qu’au premier signal une partie de l’armée ennemie se range de son côté pour combattre sous ses étendards : il faut qu’il soit toujours le maître d’accorder la paix et de l’accorder aux conditions qu’il jugera à propos.

Le grand secret de venir à bout de tout consiste dans l’art de savoir mettre la division à propos ; division dans les villes et les villages, division extérieure, division entre les inférieurs et les supérieurs, division de mort, division de vie.

Ces cinq sortes de divisions ne sont que les branches d’un même tronc. Celui qui sait les mettre en usage est un homme véritablement digne de commander; c’est le trésor de son souverain et le soutien de l’empire.

  Lorsque ces cinq sortes d’agents sont simultanément à l’œuvre sans que nul ne puisse déceler de procédés, ni soupçonner leur existence, on les désigne du terme « d’écheveau divin » car ces réseaux invisibles et mystérieux tissés dans le temps constituent le plus précieux des trésors d’un souverain.

 

  • Correspondants indigènes

  Les ressortissants du pays par nous employés sont désignés d’agents indigènes. Ces personnes sont recrutées parmi les gens du cru et bien que sous la gouverne d’un souverain, contestent son autorité ou sa légitimité. Dissident, insoumis ou hostile envers ses propres autorités, il se rallie à la cause adverse.

J’appelle division dans les villes et les villages celle par laquelle on trouve le moyen de détacher du parti ennemi les habitants des villes et des villages qui sont de sa domination, et de se les attacher de manière à pouvoir s’en servir sûrement dans le besoin.

 

  • Correspondants intérieurs

  Les agents de l’intérieur sont des fonctionnaires civils ou militaires ennemis que nous employons. Hommes et femmes de mérite destitués, frustrés ou châtiés, cupides ou avides.

 

  • Agents Doubles (ou espions retournés)

  L’agent double est un agent ennemi retourné.

Par la « division entre les inférieurs et les supérieurs », j’entends celle qui nous met en état de profiter de la mésintelligence que nous aurons su mettre entre alliés, entre les différents corps, ou entre les officiers de divers grades qui composent l’armée que nous aurons à combattre.

 

  • Liquidables (ou espions sacrifiés) : de la désinformation

  Les espions ennemis décelés par le camp adverse sont manipulés à leur insu et nourris en informations fallacieuses ou partielles.

La « division de mort » est celle par laquelle, après avoir fait donner de faux avis sur l’état où nous nous trouvons, nous faisons courir des bruits tendancieux, lesquels nous faisons passer jusqu’à la cour de son souverain, qui, les croyant vrais, se conduit en conséquence envers ses généraux et tous les officiers qui sont actuellement à son service.

 

  • Agents volants – infiltrés (agent/officier traitant)

  Ces agents doivent être préservés, car ils sont employés et envoyés par l’état pour recueillir et transmettre des informations.

Nous choisissons des hommes intelligents, doués, prudents et capables de se frayer un chemin vers les intimes du souverain et les membres de la noblesse du pays ennemi. Ils peuvent ainsi observer les mouvements de l’ennemi et avoir connaissance de ses actions et de ses plans. Une fois renseignés sur la situation réelle, ils reviennent nous en informer. C’est pourquoi on les appelle « agents volants ».(commentaires de Tu Yu)

Ce sont des gens pouvant librement circuler et ainsi transmettre des rapports. Nous devons recruter comme espions volants des hommes intelligents ayant l’air stupide et des hommes intrépides en dépit de leur air inoffensif, des hommes lestes, vigoureux, hardis et braves, rompus aux tâches humbles et capables d’endurer la faim, le froid, la saleté et les humiliations.(commentaires de Tu Mu)

  Parmi tous ceux qui, au cœur d’un état stratège ou dans l’armée, font partie de l’entourage du commandant ou du souverain, nul n’en est plus proche et intime que l’agent secret. De toutes les rétributions aucune n’est plus large que celle des agents secrets. De toutes les affaires, aucune n’est plus confidentielle que celle ayant trait aux opérations secrètes.

  Qui n’est pas avisé et prudent, humain et juste, ne peut se servir d’agents secrets, et qui n’est pas fin, discret et subtil dans l’exploitation des renseignements ne peut leur acheter la vérité.

  Car, aussi mystérieux que soient leurs champs d’action, il n’en est aucun qui ne soit de leur ressort.

  Si une opération secrète s’ébruite avant qu’elle n’ai été menée à bien, que certaines informations ont été prématurément divulguées, l’agent en question et tous ceux à qui il a parlé poteront le risque d’être exécutés.

  Il est de règle, tant pour monter une attaque, s’emparer une ville ou écarter [empêcher – assassiner] un ennemi [adversaire], de se renseigner au préalable de manière précise sur les personnels clefs composants les états-majors – officiers et subalternes, gardiens et personnels de sécurité et d’entretien.

  Du Contre-espionnage : Il est primordial de repérer les agents de l’ennemi venant mener des activités d’espionnage contre vous. On entrera en contact avec eux pour les soudoyer ; on les appâtera par des promesses d’établissement ; on les instruira en prenant soin d’eux afin d’en faire des agents doubles ou liquidables.

  Grâce à leurs services on recrute ainsi les plus gros contingents d’agents indigènes et de correspondants intérieurs. Par leur entremise encore, de fausses informations seront transmises afin de propager chez l’adversaire, le fiel de fausses rumeurs et l’intoxiquer.

  C’est également de cette façon que les agents traitants (volants) pourront agir en temps voulu.

  Il est primordial que le souverain soit au fait de l’activité de tous ses agents. Et comme ces connaissances sont principalement distillées par les agents doubles, il doit veiller à les traiter avec libéralité.

De la dissension : Le triomphe de certaines dynasties se sont faites et défaites par défections successives.

  C’est pourquoi seul un souverain stratège (éclairé – avisé) et un habile général en mesure de recruter comme agents les personnes les plus intelligentes seront assurés d’accomplir de grands faits. Les opérations secrètes sont essentielles à la pérennisation d’un état et la bonne conduite de son armée.

Car une armée sans agent secret ressemble à un homme sans yeux ni oreilles.

  De la division – Préparer les conditions d’une défaite – Notes complémentaires et commentaires (Amiot) – Ces interprétations complémentaires illustrent justement – et sans formules elliptiques – la nature même des Hommes, d’ici ou là-bas, d’hier et d’aujourd’hui…    

  La division (dissension – corruption) de vie est celle par laquelle on répand l’argent à pleines mains envers tous ceux qui, ayant quitté le service de leur légitime maître, ont passé de votre côté, ou pour combattre sous vos étendards, ou pour vous rendre d’autres services non moins essentiels.

  Si vous avez su vous faire des créatures (agents locaux – indics) dans les villes et les villages des ennemis, vous ne manquerez pas d’y avoir bientôt quantité de gens qui vous seront entièrement dévoués. Vous saurez par leur moyen les dispositions du grand nombre des leurs à votre égard, ils vous suggéreront la manière et les moyens que vous devez employer pour gagner ceux de leurs compatriotes dont vous aurez le plus à craindre; et quand le temps de faire des sièges sera venu, vous pourrez faire des conquêtes, sans être obligé de monter à l’assaut, sans coup férir, sans même tirer l’épée.

  Si les ennemis qui sont actuellement occupés à vous faire la guerre ont à leur service des officiers qui ne sont pas d’accord entre eux; si de mutuels soupçons, de petites jalousies, des intérêts personnels les tiennent divisés, vous trouverez aisément les moyens d’en détacher une partie, car quelque vertueux qu’ils puissent être d’ailleurs, quelque dévoués qu’ils soient à leur souverain, l’appât de la vengeance, celui des richesses ou des postes éminents que vous leur promettez, suffiront amplement pour les gagner; et quand une fois ces passions seront allumées dans leur cœur, il n’est rien qu’ils ne tenteront pour les satisfaire.

  Si les différents corps qui composent l’armée des ennemis ne se soutiennent pas entre eux, s’ils sont occupés à s’observer mutuellement, s’ils cherchent réciproquement à se nuire, il vous sera aisé d’entretenir leur mésintelligence, de fomenter leurs divisions; vous les détruirez peu à peu les uns par les autres, sans qu’il soit besoin qu’aucun d’eux se déclare ouvertement pour votre parti; tous vous serviront sans le vouloir, même sans le savoir.

  •  Si vous avez fait courir des bruits, tant pour persuader ce que vous voulez qu’on croie de vous, que sur les fausses démarches que vous supposerez avoir été faites par les généraux ennemis ;
  • Si vous avez fait passer de faux avis jusqu’à la cour et au conseil même du prince contre les intérêts duquel vous avez à combattre ;
  • si vous avez su faire douter des bonnes intentions de ceux mêmes dont la fidélité à leur prince vous sera la plus connue : bientôt alors, vous verrez que chez les ennemis les soupçons ont pris la place de la confiance, que les récompenses ont été substituées aux châtiments et les châtiments aux récompenses, que les plus légers indices tiendront lieu des preuves les plus convaincantes pour faire périr quiconque sera soupçonné.

Du climat de défiance (paranoïa, méfiance et purges)

  Alors les meilleurs officiers, leurs ministres les plus éclairés se dégoûteront, leur zèle se ralentira; et se voyant sans espérance d’un meilleur sort, ils se réfugieront chez vous pour se délivrer des justes craintes dont ils étaient perpétuellement agités, et pour mettre leurs jours à couvert.

  Leurs parents, leurs alliés ou leurs amis seront accusés, recherchés, mis à mort. Les complots se formeront, l’ambition se réveillera, ce ne seront plus que perfidies, que cruelles exécutions, que désordres, que révoltes de tous côtés.

Que vous restera-t-il à faire pour vous rendre maître d’un pays dont les peuples voudraient déjà vous voir en possession ?

  Si vous récompensez ceux qui se seront donnés à vous pour se délivrer des justes craintes dont ils étaient perpétuellement agités, et pour mettre leurs jours à couvert ; si vous leur donnez de l’emploi, leurs parents, leurs alliés, leur amis seront autant de sujets que vous acquerrez à votre prince.

  Si vous répandez l’argent à pleines mains, si vous traitez bien tout le monde, si vous empêchez que vos soldats ne fassent le moindre dégât dans les endroits par où ils passeront, si les peuples vaincus ne souffrent aucun dommage, assurez-vous qu’ils sont déjà gagnés, et que le bien qu’ils diront de vous attirera plus de sujets à votre maître et plus de villes sous sa domination que les plus brillantes victoires.

Du ‘leadership’ – Gouvernance éclairée

  Soyez vigilant et éclairé; mais montrez à l’extérieur beaucoup de sécurité, de simplicité et même d’indifférence ; soyez toujours sur vos gardes, quoique vous paraissiez ne penser à rien ; défiez-vous de tout, quoique vous paraissiez sans défiance; soyez extrêmement secret, quoiqu’il paraisse que vous ne fassiez rien qu’à découvert; ayez des espions partout; au lieu de paroles, servez-vous de signaux ; voyez par la bouche, parlez par les yeux; cela n’est pas aisé, cela est très difficile.

  On est quelquefois trompé lorsqu’on croit tromper les autres. Il n’y a qu’un homme d’une prudence consommée, qu’un homme extrêmement éclairé, qu’un sage du premier ordre qui puisse employer à propos et avec succès l’artifice des divisions. Si vous n’êtes point tel, vous devez y renoncer; l’usage que vous en feriez ne tournerait qu’à votre détriment.

  Après avoir enfanté quelque projet, si vous apprenez que votre secret a transpiré, faites mourir sans rémission tant ceux qui l’auront divulgué que ceux à la connaissance desquels il sera parvenu. Ceux-ci ne sont point coupables encore à la vérité, mais ils pourraient le devenir. Leur mort sauvera la vie à quelques milliers d’hommes et assurera la fidélité d’un plus grand nombre encore.

  Punissez sévèrement, récompensez avec largesse: multipliez les espions, ayez-en partout, dans le propre palais du prince ennemi, dans l’hôtel de ses ministres, sous les tentes de ses généraux; ayez une liste des principaux officiers qui sont à son service; sachez leurs noms, leurs surnoms, le nombre de leurs enfants, de leurs parents, de leurs amis, de leurs domestiques; que rien ne se passe chez eux que vous n’en soyez instruit.

  Vous aurez vos espions partout: vous devez supposer que l’ennemi aura aussi les siens. Si vous venez à les découvrir, gardez-vous bien de les faire mettre à mort ; leurs jours doivent vous être infiniment précieux. Les espions des ennemis vous serviront efficacement, si vous mesurez tellement vos démarches, vos paroles et toutes vos actions, qu’ils ne puissent jamais donner que de faux avis à ceux qui les ont envoyés.

  Enfin, un bon commandant doit tirer parti de tout ; il ne doit être surpris de rien, quoi que ce soit qui puisse arriver. Mais par-dessus tout, et de préférence à tout, il doit mettre en pratique ces cinq sortes de divisions. Rien n’est impossible à qui sait s’en servir.

  Défendre les États de son souverain, les agrandir, faire chaque jour de nouvelles conquêtes, détruire ses adversaires, fonder même de nouvelles dynasties, tout cela peut n’être que l’effet des dissensions employées à propos.

Telle fut la voie qui permit l’avènement des dynasties Yin et Tcheou, lorsque des serviteurs transfuges contribuèrent à leur élévation. Quel est celui de nos livres qui ne fait l’éloge de ces grands ministres (transfuges) ! L’Histoire leur a-t-elle jamais donné les noms de traîtres à leur patrie, ou de rebelles à leur souverain ? Seul le prince éclairé et le digne général peuvent gagner à leur service les esprits les plus pénétrants et accomplir de vastes desseins.

Fin du chapitre XIII

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Les liens directs vers

l’introduction (notes liminaires)

et les 13 Chapitres

IIIIIIIVVVIVIIVIIIIXXXIXIIXIII

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Sun Tzu 2020 – Les forces de la raison – Chapitre 12 : Les cendres de la victoire

Sun Tzu - Maîtres et dirigeants - Les forces de la raison

Ce douzième chapitre – sur les treize que compte le traité -, pourrait être intégré d’une autre manière aux précédents chapitres. Il est le plus court de tous et traite des éléments ‘feu’ et ‘eau’.

Son titre peut aussi être : ‘De l’Art d’attaquer par le feu’, ‘Attaques par le feu’  ou L’attaque par le feu’, selon ses interprètes.

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Il est écrit:

    Il existe cinq ‘sortes’ d’attaque par le feu : force destructrice d’hommes, de provisions, de matériels, d’arsenaux (magasins et dépôts) et d’infrastructures civiles et militaires (ponts, murets et barrières).

  Avant d’entreprendre ce genre de méthode, il faut avoir pris ses dispositions, effectué une reconnaissance des positions et infrastructures ennemies afin de préparer (adapter) le matériel nécessaire.

  Il faut que la période (circonstances) soient favorables et les jours propices. La conjonction d’un temps sec et de fortes chaleurs avec celle des jours propices aux grands vents.

Le jour de le faire éclater est celui où la lune se trouve sous une des quatre constellations, Qi, Pi, Y, Tchen. Il est rare que le vent ne souffle point alors, et il arrive très souvent qu’il souffle avec force.

    Chacune de ces cinq sortes d’attaques pyrotechniques demande une adaptation et des modalités d’intervention propre à chaque situation.

   Lorsque le feu éclate à l’intérieur du camp ennemi : se préparer à intervenir. Plusieurs modes opératoires doivent néanmoins être envisagés.

Si, en dépit de l’éclatement de l’incendie, l’adversaire reste calme, ne vous précipitez pas dans un assaut.

N’entreprenez rien; attaquer imprudemment, c’est chercher à se faire battre. Vous savez que le feu a pris, cela doit vous suffire: en attendant, vous devez supposer qu’il agit sourdement; ses effets n’en seront que plus funestes. Il est au-dedans; attendez qu’il éclate et que vous en voyiez des étincelles au-dehors, vous pourrez aller recevoir ceux qui ne chercheront qu’à se sauver.

Si peu de temps après avoir mis le feu, vous voyez qu’il fait rage, avivez-le si possible et ne donnez pas aux ennemis le temps de l’éteindre.

– Si malgré toutes vos approches, il n’a pas été possible à vos gens de pénétrer à l’intérieur, attendez le moment propice pour effectuer vos actions incendiaires par l’extérieur. Soyez pour cela attentif au vent et à sa direction ; gardez-vous d’attaquer sous le vent.

Un vent fort de jour s’affaiblira de nuit.

  Un stratège qui, pour combattre ses adversaires, sait employer le feu, est un homme éclairé qui a appris tant à s’en défendre qu’à l’utiliser.

  Si savoir exploiter le feu est un atout indéniable pour le stratège, l’attaque par l’eau fait montre de force. L’eau peut isoler l’ennemi, dégrader les chemins par où les ennemis pourraient s’échapper ou recevoir du secours. L’eau aussi peut endommager ou abîmer les fournitures, mais ne les détruit que rarement.

  Il n’est néanmoins rien de plus funeste que de remporter des victoires en s’emparant d’objectifs fixés sans savoir en tirer parti.

  On n’entreprend pas une action qui ne répond pas aux intérêts du pays ; on ne recourt pas aux armes sans être sûr du succès ; on ne combat pas lorsqu’on n’est pas menacé.

  Entreprendre des actions destructrices sans savoir en exploiter les fruits est un gaspillage inutile de forces. Seule la nécessité doit faire entreprendre la guerre.

De ces fruits, le plus considérable de tous, et celui sans lequel vous auriez perdu vos soins et vos peines, est de connaître le mérite de tous ceux qui se seront distingués, c’est de les récompenser en proportion de ce qu’ils auront fait pour la réussite de l’entreprise.

Les hommes se conduisent ordinairement par l’intérêt; si vos troupes ne trouvent dans le service que des peines et des travaux, vous ne les emploierez pas deux fois avec avantage.

  C’est pourquoi un souverain éclairé est prudent, et le bon général prévenu contre tout engagement inconsidéré.

Il est dit : « Le souverain avisé projette la victoire, le bon général l’exploite. »

La nécessité seule doit faire entreprendre la guerre. Les combats, de quelque nature qu’ils soient, ont toujours quelque chose de funeste pour les vainqueurs eux-mêmes; il ne faut les livrer que lorsqu’on ne saurait faire la guerre autrement.

  Un souverain ne saurait lever une armée sous le coup d’un mouvement d’humeur et de sentiments de colère ou d’exaspération. Entreprendre une telle action ne doit être que le fait d’intérêts sereinement calculés et partagés par les intéressés.

N’oubliez jamais que votre dessein, en faisant la guerre, doit être de procurer à l’État la gloire, la splendeur et la paix, et non pas d’y mettre le trouble, la désolation et la confusion.

Ce sont les intérêts du pays et non pas vos intérêts personnels que vous défendez.

  C’est pourquoi le souverain avisé assure sa gouvernance par la prudence et le bon général, prévenu contre tout mouvement inconsidéré, s’emploie à sauvegarder la sécurité de la nation en préparant son armée tout en la préservant.

Car si la joie peut succéder à la colère et la sérénité à l’irritation, les nations anéanties ne ressuscitent pas de leurs cendres, ni les morts à la vie.

Fin du chapitre XII

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Sun Tzu 2020 – Les forces de la raison – Chapitre 11 : Les neuf situations

Sun Tzu -Maîtres et dirigeants - Les forces de la raison

Ce onzième chapitre – sur les treize que compte le traité -, reprend de nouvelle fois, mais sous un angle plus ‘psychologique’, les tactiques appropriées à tenir dans certaines configurations géopolitiques et militaires.

Ce chapitre est probablement l’un des plus longs du traité. Il doit être lu avec discernement par rapport aux chapitres précédents, plutôt portés sur la topographie et la gestion des espaces tactiques.

Son titre peut aussi être : ‘Des (les) neuf sortes de terrain’, selon la plupart des interprètes.

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Il est écrit :

Il y a neuf sortes de lieux – espaces – qui peuvent être à l’avantage ou au détriment de l’une ou de l’autre armée.

I – Lieux de division ou de dispersion

II – Lieux frontaliers prônes à la négligence (lieux légers)

III – Lieux clefs de confrontation

IV – Lieux communiquant

V – Lieux de convergence – (pleins et unis)

VI – Lieux à plusieurs issues – dangereux (diligence)

VII – Lieux graves et importants (difficiles)

VIII – Lieux d’encerclement

IX – Lieux de mort – d’anéantissement

 

I Lieux de division ou de dispersion

  Sont des lieux situés sur vos propres terres.

Des troupes qui se tiendraient longtemps sans nécessité au voisinage de leurs foyers sont composées d’hommes qui ont plus envie de perpétuer leur race que de s’exposer à la mort.

A la première nouvelle qui se répandra de l’approche des ennemis, ou de quelque prochaine bataille, le général ne saura quel parti prendre, ni à quoi se déterminer, quand il verra ce grand appareil militaire se dissiper et s’évanouir comme un nuage poussé par les vents.

Lorsque vous ne serez encore que dans des lieux de division, contenez bien vos troupes; mais surtout ne livrez jamais de bataille, quelque favorables que les circonstances puissent vous paraître. La vue de leur pays et la facilité du retour occasionneraient bien des lâchetés: bientôt les campagnes seraient couvertes de fuyards.

  Ces lieux frontaliers ne doivent pas être choisis pour combattre. Seule la détermination d’une armée unie en bloc peut faire exception. Sur ces terres, il faut souder les volontés.

 

IILieux frontaliers prônes à la négligence (lieux légers)

  Sont ceux qui sont près des frontières, mais pénètrent par une brèche sur les terres des ennemis.

Ces sortes de lieux n’ont rien qui puisse fixer. On peut regarder sans cesse derrière soi, et le retour étant trop aisé, il fait naître le désir de l’entreprendre à la première occasion: l’inconstance et le caprice trouvent infailliblement de quoi se contenter.

Si vous êtes dans des lieux légers, n’y établissez point votre camp. Votre armée ne s’étant point encore saisie d’aucune ville, d’aucune forteresse, ni d’aucun poste important dans les possessions des ennemis, n’ayant derrière soi aucune digue qui puisse l’arrêter, voyant des difficultés, des peines et des embarras pour aller plus avant, il n’est pas douteux qu’elle ne soit tentée de préférer ce qui lui paraît le plus aisé à ce qui lui semblera difficile et plein de dangers.

Si vous avez reconnu de ces sortes de lieux qui vous paraissent devoir être disputés, commencez par vous en emparer: ne donnez pas à l’ennemi le temps de se reconnaître, employez toute votre diligence, que les formations ne se séparent pas, faites tous vos efforts pour vous en mettre dans une entière possession; mais ne livrez point de combat pour en chasser l’ennemi. S’il vous a prévenu, usez de finesse pour l’en déloger, mais si vous y êtes une fois, n’en délogez pas.

  Ces lieux doivent être traversés ou évités et ne pas être choisis pour combattre. Il ne doit pas y avoir de disruption des forces (unis). Sur ces terres, il faut renforcer la cohésion.

 

III – Lieux clefs de confrontation

  Sont à la bienséance des deux armées et présentent ainsi les mêmes avantages aux eux parties.

l’ennemi peut trouver son avantage aussi bien que nous pouvons trouver le nôtre, où l’on peut faire un campement dont la position, indépendamment de son utilité propre, peut nuire au parti opposé, et traverser quelques-unes de ses vues; ces sortes de lieux peuvent être disputés, ils doivent même l’être. Ce sont là des terrains clés.

  Ces lieux ne doivent pas être choisis pour combattre. Dans la contrainte, la supériorité numérique est vitale. Sur ces terres, il faut presser les arrières.

 

IV – Lieux communiquant

  Sont des lieux (à portée des frontières) inévitables et faciles d’accès dont l’emplacement laisse à penser aux belligérants qu’ils seraient aisés a défendre ou à occuper.

où nous ne pouvons guère manquer de nous rendre et dans lesquels l’ennemi ne saurait presque manquer de se rendre aussi, ceux encore où l’ennemi, aussi à portée de ses frontières que vous l’êtes des vôtres, trouverait, ainsi que vous, sa sûreté en cas de malheur, ou les occasions de suivre sa bonne fortune, s’il avait d’abord du succès. Ce sont là des lieux qui permettent d’entrer en communication avec l’armée ennemie, ainsi que les zones de repli.

Pour ce qui est des lieux de réunion, tâchez de vous y rendre avant l’ennemi; faites en sorte que vous ayez une communication libre de tous les côtés; que vos chevaux, vos chariots et tout votre bagage puissent aller et venir sans danger. N’oubliez rien de tout ce qui est en votre pouvoir pour vous assurer de la bonne volonté des peuples voisins, recherchez-la, demandez-la, achetez-la, obtenez-la à quelque prix que ce soit, elle vous est nécessaire; et ce n’est guère que par ce moyen que votre

armée peut avoir tout ce dont elle aura besoin. Si tout abonde de votre côté, il y a grande apparence que la disette régnera du côté de l’ennemi.

  Ces lieux doivent faire l’objet d’une jonction – concentration – afin d’éviter toute séparation des formations. Il faut ainsi accorder une attention particulière à renforcer son système de défense et surveiller les leurs.

 

V – Lieux de convergence – (pleins et unis)

  Ces lieux de convergence sont des partis de principauté enclavés entre d’autres États et qui, par leur configuration, se situent loin de vos terres.

permettent leur utilisation par les deux armées, mais, parce qu’ils sont au plus profond du territoire ennemi, ne doivent pas vous inciter à livrer bataille, à moins que la nécessité ne vous y contraigne, ou que vous n’y soyez forcé par l’ennemi, qui ne vous laisserait aucun moyen de pouvoir l’éviter.

Dans les lieux pleins et unis, étendez-vous à l’aise, donnez-vous du large, faites des retranchements pour vous mettre à couvert de toute surprise, et attendez tranquillement que le temps et les circonstances vous ouvrent les voies pour faire quelque grande action.

  En amont de toute expédition, ces terrains impliquent de fortes alliances avec les États voisins. Il est ainsi vital d’engager de solides alliances.

 

VI – Lieux à plusieurs issues – dangereux (diligence)

Ces lieux à plusieurs issues, dont je veux parler ici, sont ceux en particulier qui permettent la jonction entre les différents États qui les entourent. Ces lieux forment le nœud des différents secours que peuvent apporter les princes voisins à celle des deux parties qu’il leur plaira de favoriser.

Si vous êtes à portée de ces sortes de lieux qui ont plusieurs issues, où l’on peut se rendre par plusieurs chemins, commencez par les bien connaître; alliez-vous aux États voisins, que rien n’échappe à vos recherches; emparez-vous de toutes les avenues, n’en négligez aucune, quelque peu importante qu’elle vous paraisse, et gardez-les toutes très soigneusement.

  Le belligérant qui s’y rend est isolé (derrière lui une multitude de villes fortes adverses). Ces terrains sont prônes aux pillages. Ainsi, il faut veiller à renforcez ses lignes d’approvisionnement.

 

VII – Lieux graves et importants (difficiles)

  Sont ceux qui, situés dans l’état adverse, sont accidentés ou malsains (marécages – marais) rendent les progressions difficiles.

États ennemis, présentent de tous côtés des villes, des forteresses, des montagnes, des défilés, des eaux, des ponts à passer, des campagnes arides à traverser, ou telle autre chose de cette nature.

Si vous vous trouvez dans des lieux graves et importants, rendez-vous maître de tout ce qui vous environne, ne laissez rien derrière vous, le plus petit poste doit être emporté; sans cette précaution vous courriez le risque de manquer des vivres nécessaires à l’entretien de votre armée, ou de vous voir l’ennemi sur les bras lorsque vous y penseriez le moins, et d’être attaqué par plusieurs côtés à la fois.

  Ces terrains demandent à être rapidement traversés, évités ou contournés. Acculé en ces lieux, le général nourri bien le soldat, et renforce son moral par des encouragements.

 

VIII – Lieux d’encerclement

  Les lieux d’encerclement sont par nature difficiles d’accès de par leurs configurations étroites, sinueuses avec des issues en goulot permettant à un adversaire plus faible en effectif des attaques ciblées sur des détachements isolés.

où tout serait à l’étroit, où une partie de l’armée ne serait pas à portée de voir l’autre ni de la secourir, où il y aurait des lacs, des marais, des torrents ou quelque mauvaise rivière, où l’on ne saurait marcher qu’avec de grandes fatigues et beaucoup d’embarras, où l’on ne pourrait aller que par pelotons, sont ceux que j’appelle gâtés ou détruits.

Si vous êtes dans des lieux gâtés ou détruits, n’allez pas plus avant, retournez sur vos pas, fuyez le plus promptement qu’il vous sera possible.

  Ces terrains demandent à élaborer des stratagèmes et des plans tactiques non-conventionnels. Il faut aussi en contrôler les issus et les points d’accès afin de pouvoir s’en extraire ou de favoriser l’échappement des belligérants pour éviter une résistance suicidaire ; sécuriser ainsi chaque passage.

 

IX – Lieux de mort – d’anéantissement

  Les lieux de mort sont ceux où l’on se trouve réduit par la situation à une résistance forcenée, isolé et en condition de survie où seule le sentiment d’abandon et l’énergie du désespoir engage à une résistance suicidaire.

tellement réduit que, quelque parti que l’on prenne, on est toujours en danger; j’entends des lieux dans lesquels, si l’on combat, on court évidemment le risque d’être battu, dans lesquels, si l’on reste tranquille, on se voit sur le point de périr de faim, de misère ou de maladie; des lieux, en un mot, où l’on ne saurait rester et où l’on ne peut survivre que très difficilement en combattant avec le courage du désespoir.

Si vous êtes dans des lieux de mort, n’hésitez point à combattre, allez droit à l’ennemi, le plus tôt est le meilleur.

  La lutte en est la seule issue en montrant une détermination sans faille – à la vie, à la mort. Pour le leurrer, le général fait croire à l’ennemi qu’il ne peut survivre.

 

  Telles sont les neuf sortes de terrain qu’il faut connaître, pour vous en défier ou en tirer parti.

  La connaissance de ces terrains – situations stratégiques – permet l’élaboration de tactiques adaptées aux avantages et aux désavantages inhérents à la mise en jeu de formations compactes ou largement déployées en fonction des principes majeurs régissant les comportements humains. Car il est dans la nature des soldats de se défendre quand ils sont encerclés, de se battre farouchement quand ils sont acculés et de suivre leurs chefs quand ils sont en danger.

  Ces questions sont à analyser avec le plus grand soin. Telle est la conduite que tenaient les anciens en fins stratèges. Ces derniers, expérimentés dans leur art, avaient pour principe d’adapter leurs positions offensives et défensives selon les circonstances, la nature du terrain et la position occupée et provoquer chez l’adversaire la désorganisation, la division.

  Entreprendre des actions afin de désorganiser une armée adverse en coupant les jonctions entre avant-garde et arrière-garde (qu’il fallait combattre la tête et enfoncer la queue) ; dégrader les lignes de commandement en brisant les communications, la coopération et l’assistance entre unités, forts et faibles, soldats et officiers, supérieurs et subordonnés.

« que la multitude et le petit nombre ne pouvaient pas être longtemps d’accord ; que les forts et les faibles, lorsqu’ils étaient ensemble, ne tardaient guère à se désunir ; que les hauts et les bas ne pouvaient être également utiles; que les troupes étroitement unies pouvaient aisément se diviser, mais que celles qui étaient une fois divisées ne se réunissaient que très difficilement. »

  Il s’agissait alors de provoquer les divisions, d‘empêcher les regroupements et les concentrations en y semant le désordre.

  Ces stratèges répétaient sans cesse qu’une armée ne devait jamais se mettre en mouvement qu’elle ne fût sûre de quelque avantage réel à capter ou pour appâter . En agissant par des mouvements constants alternant concentration, dispersion, retrait et inaction des forces selon les situations ou selon les avantages et les opportunités.

  En résumé, toute stratégie induisant une conduite tactique doit être réglée suivant les circonstances ; que le théâtre des opérations soit en territoire ami ou ennemi, en position offensive ou défensive.

Subir une invasion : Préparer la résistance à l’occupant :

  Si la guerre se fait dans votre propre pays, et si l’ennemi, sans vous avoir donné le temps de faire tous vos préparatifs, s’apprêtant à vous attaquer, vient avec une armée bien ordonnée pour l’envahir ou le démembrer, ou y faire des dégâts, comment doit-on agir ? La réponse sera : « emparez-vous de quelque chose à laquelle il tient et il vous mangera dans la main. »

  Prendre les mesures afin de rassembler promptement le plus de troupes possible, solliciter voisins et alliés en s’emparant le plus prestement possible de lieux qu’il chérit. En le conformant ainsi à vos désirs, mettez le en état de défense afin de gagner du temps.

  La rapidité reste la sève de la guerre ; en surprenant, surgissant à l’improviste, empruntant des itinéraires imprévus, convoitant et attaquant les failles de son dispositif, ses vulnérabilités logistiques ; en ciblant toujours ses dispositifs les moins défendus.

Voyagez par les routes sur lesquelles il ne peut vous attendre; mettez une partie de vos soins à empêcher que l’armée ennemie ne puisse recevoir des vivres, barrez-lui tous les chemins, ou du moins faites qu’elle n’en puisse trouver aucun sans embuscades, ou sans qu’elle soit obligée de l’emporter de vive force.

Les paysans (ou milices) peuvent en cela vous être d’un grand secours et vous servir mieux que vos propres troupes: faites-leur entendre seulement qu’ils doivent empêcher que d’injustes ravisseurs ne viennent s’emparer de toutes leurs possessions et ne leur enlèvent leur père, leur mère, leur femme et leurs enfants.

Ne vous tenez pas seulement sur la défensive, envoyez des partisans pour enlever des convois, harcelez, fatiguez, attaquez tantôt d’un côté, tantôt de l’autre; forcez votre injuste agresseur à se repentir de sa témérité; contraignez-le de retourner sur ses pas, n’emportant pour tout butin que la honte de n’avoir pu réussir.

Conquérir : En territoire hostile

  Le principe général en cas d’invasion, pour à une force d’occupation est qu’une fois entrée en profondeur en territoire ennemi, sa cohésion doit se renforcer afin de décourager les assauts adverses et affaiblir toutes tentatives de déstabilisation.

Si vous faites la guerre dans le pays ennemi, ne divisez vos troupes que très rarement, ou mieux encore, ne les divisez jamais; qu’elles soient toujours réunies et en état de se secourir mutuellement.

  Ayez soin qu’elles ne soient jamais que dans les lieux fertiles et abondants car on pourvoit aux besoins en nourriture des troupes en s’accaparant les campagnes fertiles. On stimule le moral et l’ardeur des troupes en s’assurant qu’ils soient bien nourris et reposés.

Si elles venaient à souffrir de la faim, la misère et les maladies feraient bientôt plus de ravage parmi elles que ne le pourrait faire dans plusieurs années le fer de l’ennemi…/… Faites en sorte que les habitants des villages et de la campagne puissent trouver leurs intérêts à venir d’eux-mêmes vous offrir leurs denrées.

  Procurez-vous pacifiquement tous les secours dont vous aurez besoin ; n’employez la force que lorsque les autres voies auront été inutiles en gardant comme impératif que les troupes ne soient jamais divisées ; faites toutes vos opérations militaires dans le plus grand secret, préservant ainsi vos desseins jusqu’au dernier moment.

“Dans le doute, s’abstenir…” : Il peut arriver que vous soyez réduit quelquefois à ne savoir où aller, ni de quel côté vous tourner ; dans ce cas ne précipitez rien, attendez tout du temps et des circonstances, soyez inébranlable dans le lieu où vous êtes.

  Il peut arriver encore que vous vous trouviez engagé mal à propos ; gardez-vous bien alors de prendre la fuite, elle causerait votre perte ; combattez jusqu’au dernier plutôt que de reculer.

  Quelque critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien ; c’est dans les occasions où tout est à craindre qu’il ne faut rien craindre. C’est lorsqu’on est environné de tous les dangers qu’il n’en faut redouter aucun ; c’est lorsqu’on est sans aucune ressource qu’il faut compter sur toutes ; c’est lorsqu’on est surpris qu’il faut surprendre l’ennemi lui-même.

Votre armée, accoutumée à ignorer vos desseins, ignorera pareillement le péril qui la menace ; elle croira que vous avez eu vos raisons et combattra avec autant d’ordre et de valeur que si vous l’aviez disposée depuis longtemps à la bataille.

  Jeter alors vos troupes dans une situation sans issue ni alternative de sorte qu’en les empêchant de fuir, ils ne puissent trouver leur salut autrement qu’en s’engageant à l’unisson avec la plus déterminée des énergies. N’ayant plus rien à perdre ni alternative, ils serreront les rangs et n’auront plus peur.

Si dans ces sortes d’occasions vous triomphez, vos soldats redoubleront de force, de courage et de valeur; votre réputation s’accroît dans la proportion même du risque que vous avez couru.

  Point ne sera nécessaire d’encourager de telles troupes à la vigilance, le général l’obtiendra sans avoir à leur arracher le soutien, leur attachement lui sera acquis sans qu’il ait à le rechercher, il gagnera leur confiance sans la leur demander.

Instruisez vos troupes aux imprévus afin qu’elles puissent se trouver prêtes sans préparatifs, qu’elles trouvent de grands avantages là où elles n’en ont cherché aucun, que sans aucun ordre particulier de votre part, elles improvisent les dispositions à prendre, que sans défense expresse elles s’interdisent d’elles-mêmes tout ce qui est contre la discipline.

  Faire taire les rumeurs.

Veillez en particulier avec une extrême attention à ce qu’on ne sème pas de faux bruits, coupez racine aux plaintes et aux murmures, ne permettez pas qu’on tire des augures sinistres de tout ce qui peut arriver d’extraordinaire.

Aimez vos troupes, et procurez-leur tous les secours, tous les avantages, toutes les commodités dont elles peuvent avoir besoin. Si elles essuient de rudes fatigues, ce n’est pas qu’elles s’y plaisent; si elles endurent la faim, ce n’est pas qu’elles ne se soucient pas de manger; si elles s’exposent à la mort, ce n’est point qu’elles n’aiment pas la vie.

Si mes officiers n’ont pas un surcroît de richesses, ce n’est pas parce qu’ils dédaignent les biens de ce monde.

Faites en vous-même de sérieuses réflexions sur tout cela.

  Le jour du départ en campagne, lorsque vous aurez tout disposé dans votre armée et que tous vos ordres auront été donnés, s’il arrive que vos troupes nonchalamment assises donnent des marques de tristesse, tirez-les promptement de cet état d’assoupissement et de léthargie, donnez-leur des festins, faites-leur entendre le bruit du tambour et des autres instruments militaires.

  Donnez-leur des occupations, exercez-les, faites-leur faire des évolutions, menez-les même dans des lieux difficiles, où elles aient à travailler et à souffrir. Il faut savoir les charger, mais non pas jusqu’à les accabler; il faut même les forcer, mais avec discernement et mesure.

Sur la coordination, solidarité et rapidité :

Si vous voulez tirer un bon parti de votre armée, si vous voulez qu’elle soit invincible, faites qu’elle ressemble au Chouai Jen. Le Chouai Jen est une espèce de gros serpent qui se trouve dans la montagne de Tchang Chan. Si l’on frappe sur la tête de ce serpent, à l’instant sa queue va au secours, et se recourbe jusqu’à la tête; qu’on le frappe sur la queue, la tête s’y trouve dans le moment pour la défendre; qu’on le frappe sur le milieu ou sur quelque autre partie de son corps, sa tête et sa queue s’y trouvent d’abord réunies. Mais cela peut-il être pratiqué par une armée? dira peut-être quelqu’un. Oui, cela se peut, cela se doit, et il le faut.

De la bienveillance :

Quelques soldats du royaume de Ou se trouvèrent un jour à passer une rivière en même temps que d’autres soldats du royaume de Yue la passaient aussi; un vent impétueux souffla, les barques furent renversées et les hommes auraient tous péri, s’ils ne se fussent aidés mutuellement: ils ne pensèrent pas alors qu’ils étaient ennemis, ils se rendirent au contraire tous les offices qu’on pouvait attendre d’une amitié tendre et sincère, ils coopérèrent comme la main droite avec la main gauche.

  (Je) vous rappelle ce trait d’Histoire pour vous faire entendre que non seulement les différents corps de votre armée doivent se secourir mutuellement, mais encore qu’il faut que vous secouriez vos alliés, que vous donniez même du secours aux peuples vaincus qui en ont besoin; car, s’ils vous sont soumis, c’est qu’ils n’ont pu faire autrement ; si leur souverain vous a déclaré la guerre, ce n’est pas de leur faute.

Rendez-leur des services, ils auront leur tour pour vous en rendre aussi.

Esprit de corps – Intégration et nivellement des différences :

  Entretenir un niveau uniforme de bravoure, voilà la tâche du commandement.

En quelque pays que vous soyez, quel que soit le lieu que vous occupiez, si dans votre armée il y a des étrangers, ou si, parmi les peuples vaincus, vous avez choisi des soldats pour grossir le nombre de vos troupes, faites en sorte que jamais dans les corps qu’ils composent ils soient ou les plus forts, ou en majorité.

Quand on attache plusieurs chevaux à un même pieu, on se garde bien de mettre ceux qui sont indomptés, ou tous ensemble, ou avec d’autres en moindre nombre qu’eux, ils mettraient tout en désordre; mais lorsqu’ils sont domptés, ils suivent aisément la multitude.

  Dans quelque position que vous puissiez être, si votre armée est inférieure à celle des ennemis, votre seule conduite, si elle est bonne, peut la rendre victorieuse.

  Dans ces conditions d’infériorité, tout dispositif de défense aussi ancré soit-il (entraver les chevaux et enterrement des roues de chars) ne suffit pas à tenir vos troupes de la débâcle et de la fuite. C’est en unifiant les volontés et l’intelligence de terrain, en conjuguant la force et la souplesse de chaque partie, la bravoure et la prudence, les valeurs et la ruse que l’on tire parti d’une situation désavantageuse.

Du secret :

  Un bon général tire parti de tout, et il n’est en état de tirer parti de tout que parce qu’il fait toutes ses opérations avec le plus grand secret, qu’il sait conserver son sang-froid, et qu’il gouverne avec droiture, de telle sorte néanmoins que ses officiers et ses hommes restent dans l’ignorance de ses plans, déjouant ainsi toute prévision en gardant ses desseins secrets et impénétrables jusqu’aux yeux et aux oreilles de ses adversaires.

La confiance de ses hommes étant totale, toute manœuvre s’effectuant sans murmure, sans résistance de la part d’un seul.

Si ses propres gens ignorent ses desseins, comment les ennemis pourraient-ils les pénétrer?

Il sait si bien que ses troupes ne savent jamais ce qu’elles doivent faire, ni ce qu’on doit leur commander. Si les événements changent, il change de conduite ; si ses méthodes, ses systèmes ont des inconvénients, il les corrige toutes les fois qu’il le veut, et comme il le veut.

Un habile général sait d’avance tout ce qu’il doit faire; tout autre que lui doit l’ignorer absolument. Telle était la pratique de ceux de nos anciens guerriers qui se sont le plus distingués dans l’art sublime du gouvernement.

Voulaient-ils prendre une ville d’assaut, ils n’en parlaient que lorsqu’ils étaient aux pieds des murs. Ils montaient les premiers, tout le monde les suivait; et lorsqu’on était logé sur la muraille, ils faisaient rompre toutes les échelles.

  Un général regarde son armée comme un seul homme qu’il se charge de conduire car il lui incombe de rassembler ses troupes pour les jeter au cœur du danger. C’est pourquoi il se doit d’étudier avec la plus grande attention tant les lois qui président aux sentiments humains, que les stratégies de déploiement ou de repli des troupes selon chaque type de terrain – topographie, lieux et circonstances. On ne peut mener une armée sans connaissance géographique ou sans recourir à des guides locaux.

  Savoir travailler efficacement à cacher ses propres intentions et à découvrir celles de l’ennemi est une pré-condition, car qui dans son ignorance omet de se tenir au courant des menées des seigneurs ne pourra devancer leurs alliances.

Accordez des récompenses sans vous préoccuper des usages habituels, publiez des ordres sans respect des précédents, ainsi vous pourrez vous servir de l’armée entière comme d’un seul homme.

  Fort d’une armée conséquente et précédé d’une grande notoriété, l’esprit éclairé d’un Prince ambitieux (Roi Dominateur) et conquérant ne peut admettre d’engager aucune hostilité s’il n’a pas préparé son dessein en s’assurant de l’incapacité de son ennemi à concentrer ses forces et celui de bénéficier d’un appui allié. Renseigné du nombre de ses ennemis, de leur fort et de leur faible, du terrain et de ses alliances, il s’applique ensuite à réaliser ses buts par sa capacité à intimider ses opposants.

Ne divisez jamais vos forces; la concentration vous permet de tuer son général, même à une distance de mille lieues; là se trouve la capacité d’atteindre votre objet d’une manière ingénieuse.

Lorsque l’ennemi vous offre une opportunité, saisissez-en vite l’avantage; anticipez-le en vous rendant maître de quelque chose qui lui importe et avancez suivant un plan fixé secrètement.

  Le nœud de toute opération militaire dépend de votre faculté de faire semblant de vous conformer aux désirs de votre ennemi car la doctrine de la guerre consiste à suivre la situation de l’ennemi afin de décider de la bataille.

Éclairez toutes les démarches de l’ennemi, ne manquez pas de prendre les mesures les plus efficaces pour pouvoir vous assurer de la personne de leur général; faites tuer leur général, car vous ne combattez jamais que contre des rebelles.

Des Préparatifs :

Dès que votre armée sera hors des frontières, faites-en fermer les avenues, déchirez les instructions qui sont entre vos mains et ne souffrez pas qu’on écrive ou qu’on reçoive des nouvelles; rompez vos relations avec les ennemis, assemblez votre conseil et exhortez-le à exécuter le plan; après cela, allez à l’ennemi.

Avant que la campagne soit commencée, soyez comme une jeune fille qui ne sort pas de la maison; elle s’occupe des affaires du ménage, elle a soin de tout préparer, elle voit tout, elle entend tout, elle fait tout, elle ne se mêle d’aucune affaire en apparence.

  La campagne une fois commencée, présentez-vous à sa porte avec la timidité d‘une jeune femme ; votre adversaire n’en sera que plus vacillant : ouvrant alors ses portes avec autant de fébrilité que de méfiance mitigée, il crée la faille par laquelle s’engouffreront vos forces avec la rapidité et la promptitude d’un lièvre.

Fin du chapitre XI

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Sun Tzu 2020 – Les forces de la raison – Chapitre 10 : Espaces tactiques

Sun Tzu -Maîtres et dirigeants - Les forces de la raison

Ce dixième chapitre – sur les treize que compte le traité -, reprend les concepts déjà traités dans les précédents chapitres : du commandement au renseignement ; des facteurs liés aux espaces de projection à la posture d’un stratège.

Son titre peut aussi être : ‘De la topologie’ ou simplement : ‘Le terrain’, selon la plupart des interprètes.

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Il est écrit :

  Selon la nature, tous les lieux ne sont pas équivalents ; il y a six sortes d’espaces tactiques (de terrains) : ils peuvent être accessibles, insidieux (scabreux), neutralisants (neutres), resserrés (étroits), accidentés et étendus (lointains).

Si tous doivent être connus, certains doivent être traités avec vigilance, voire défiance.

  • Terrain accessible (jonctions de routes)

  Un terrain facilement abordable pouvant être aisément traversé est dit accessible. Ces terrains favorisent le déplacement et la liberté de mouvement. Sur un tel terrain, le premier arrivé à l’adret d’une éminence (position élevée) en ayant pris soin de sécuriser ses lignes d’approvisionnements aura un avantage tactique.

  • Terrain insidieux – scabreux (filet)

  Un terrain aisé en engagement mais difficile en dégagement. Ces lieux sont faciles d’accès mais leur configuration rend leur sortie difficile. Ces lieux sont ‘piégeux’ pour qui n’est pas préparé. De tels lieux favorisent les embuscades pour qui est préparé, des désastres pour les autres. Un terrain de cette configuration peut donc faire l’objet d’un espace tactique pour qui cherche à leurrer son adversaire en l’attirant au plus profond sans pouvoir s’échapper.

  Laisser un pareil espace libre est un leurre pour qui n’est pas préparé en matière de défense et de retrait.

  • Terrain neutre

  Ces terrains neutralisent les avantages des deux belligérants. Les difficultés étant identiques pour chacun, l’initiative d’engagement a de fortes chances de se solder pas un échec. Malgré les avantages perçus par la situation, les appâts et les leurres tactiques ne prendront que difficilement. Il faut alors trouver une parade afin de provoquer l’adversaire, l’engager puis battre en retraite pour l’attirer. Passant alors à la contre-attaque, le piéger en retour en engageant ses forces contre la moitié des siennes.

  • Terrain resserré – Gorge

  Ces terrains escarpés et difficiles n’offrent que d’étroits passages généralement bordés par des rochers ou des précipices. Ils n’offrent pas d’espaces libres et réduisent l’accès aux secours en cas d’altercations.

  Si vous êtes le premier à occuper ce terrain, bloquez les passages et attendez l’adversaire ; si, au contraire, celui-ci vous a devancé et bloque l’ensemble des défilés, il importe de ne pas le suivre sauf s’il omet de les bloquer complètement.

  • Terrain accidenté

  Sur ces terrains vallonnés ou montagneux, ondulés ou escarpés prendre de la hauteur n’est pas une allégorie. En ayant devancé l’adversaire, il faut en occuper les versants ensoleillés (sud). Si celui-ci vous a devancé, battre en retraite afin de l’attirer en renonçant à le suivre.

  • Terrain étendu – distant (lointain)

  Profils de terrain – surface plane – où à forces égales les chances de succès restent mitigées et incertaines. Si la distance entre vous et lui est assez considérable et que les deux armées sont à peu près égales, il ne tombera pas aisément dans les pièges que vous lui tendrez pour l’attirer au combat : ne perdez pas votre temps inutilement, vous réussirez mieux d’un autre côté.

  Tels sont les principes relatifs aux six sortes d’espaces tactiques. Tous doivent faire l’objet d’une étude minutieuse et il incombe aux stratèges d’en prendre connaissance avant tout engagement ; que vous convoitiez quelque campement avantageux ou que vous cherchiez à éviter les risques liés aux lieux dangereux ou peu commodes, usez d’une extrême diligence, persuadé que l’ennemi a le même objet que vous.

Ayez pour principe que votre adversaire cherche ses avantages avec autant d’empressement que vous. Employez toute votre industrie à lui donner le change de ce côté-là en le devançant dans votre connaissance du terrain et en occupant les espaces stratégiques clefs.

  La méconnaissance de ces principes engage les échecs des uns au profit du succès des autres. Une armée peut connaître la fuite, le relâchement, la déroute par confusion et détresse mais aucun de ces désastres ne peut être attribué à des causes naturelles ; sinon aux seules erreurs de commandement.

Négligence et incompétence : du renseignement au commandement

S’il néglige de s’instruire à fond de tout ce qui a rapport aux troupes qu’il doit mener au combat et à celles qu’il doit combattre :

  Si votre armée et celle de l’ennemi sont à peu près en nombre égal et d’égale force, il faut que des dix parties des avantages du terrain vous en ayez neuf pour vous; mettez toute votre application, employez tous vos efforts et toute votre industrie pour vous les procurer. Si vous les possédez, votre ennemi se trouvera réduit à n’oser se montrer devant vous et à prendre la fuite dès que vous paraîtrez; ou s’il est assez imprudent pour vouloir en venir à un combat, vous le combattrez avec l’avantage de dix contre un. Le contraire arrivera si, par négligence ou faute d’habileté, vous lui avez laissé le temps et les occasions de se procurer ce que vous n’avez pas.

S’il ne connaît pas exactement le terrain où il est actuellement, celui où il doit se rendre, celui où l’on peut se retirer en cas de malheur, celui où l’on peut feindre d’aller sans avoir d’autre envie que celle d’y attirer l’ennemi, et celui où il peut être forcé de s’arrêter, lorsqu’il n’aura pas lieu de s’y attendre ;

  Avec une connaissance exacte du terrain, un général peut se tirer d’affaire dans les circonstances les plus critiques. Il peut se procurer les secours qui lui manquent, il peut empêcher ceux qu’on envoie à l’ennemi; il peut avancer, reculer et régler toutes ses démarches comme il le jugera à propos; il peut disposer des marches de son ennemi et faire à son gré qu’il avance ou qu’il recule; il peut le harceler sans crainte d’être surpris lui-même; il peut l’incommoder de mille manières, et parer de son côté à tous les dommages qu’on voudrait lui causer. Calculer les distances et les degrés de difficulté du terrain, c’est contrôler la victoire. Celui qui combat avec la pleine connaissance de ces facteurs est certain de gagner; il peut enfin finir ou prolonger la campagne, selon qu’il le jugera plus expédient pour sa gloire ou pour ses intérêts.

  Vous pouvez compter sur une victoire certaine si vous connaissez tous les tours et tous les détours, tous les hauts et les bas, tous les allants et les aboutissants de tous les lieux que les deux armées peuvent occuper, depuis les plus près jusqu’à ceux qui sont les plus éloignés, parce qu’avec cette connaissance vous saurez quelle forme il sera plus à propos de donner aux différents corps de vos troupes, vous saurez sûrement quand il sera à propos de combattre ou lorsqu’il faudra différer la bataille, vous saurez interpréter la volonté du souverain suivant les circonstances, quels que puissent être les ordres que vous en aurez reçus; vous le servirez véritablement en suivant vos lumières présentes, vous ne contracterez aucune tache qui puisse souiller votre réputation, et vous ne serez point exposé à périr ignominieusement pour avoir obéi.

S’il n’est pas instruit de tous les mouvements de l’armée ennemie et des desseins qu’elle peut avoir dans la conduite qu’elle tient ou s’il fait mouvoir son armée hors de propos en territoire inconnu sans effectifs insuffisants ni corps d’élite face à un ennemi préparé ;

  Dans quelque espèce de terrain que vous soyez, si vous êtes au fait de tout ce qui le concerne, si vous savez même par quel endroit il faut attaquer l’ennemi, mais si vous ignorez s’il est actuellement en état de défense ou non, s’il est disposé à vous bien recevoir, et s’il a fait les préparatifs nécessaires à tout événement, vos chances de victoire sont réduites de moitié.

  Quoique vous ayez une pleine connaissance de tous les lieux, que vous sachiez même que les ennemis peuvent être attaqués, et par quel côté ils doivent l’être, si vous n’avez pas des indices certains que vos propres troupes peuvent attaquer avec avantage, j’ose vous le dire, vos chances de victoire sont réduites de moitié.

  Si vous êtes au fait de l’état actuel des deux armées, si vous savez en même temps que vos troupes sont en état d’attaquer avec avantage, et que celles de l’ennemi leur sont inférieures en force et en nombre, mais si vous ne connaissez pas tous les coins et recoins des lieux circonvoisins, vous ne saurez s’il est invulnérable à l’attaque; je vous l’assure, vos chances de victoire sont réduites de moitié.

Si ses troupes sont hardies et ses officiers timorés et faibles, il y aura relâchement ; si ce sont les officiers qui sont hardis et les troupes faibles, il y aura enlisement ;

…/… car les soldats pleins de courage et de valeur ne voudront pas se déshonorer; ils ne voudront jamais que ce que des officiers lâches et timides ne sauraient leur accorder, de même des officiers vaillants et intrépides seront à coup sûr mal obéis par des soldats timides et poltrons.

Si des lieutenants belliqueux entreprennent des actions individuelles sans concert ni coordination avec le général, il y a risque d’écroulement ;

  Si les officiers généraux sont faciles à s’enflammer, et s’ils ne savent ni dissimuler ni mettre un frein à leur colère, quel qu’en puisse être le sujet, ils s’engageront d’eux-mêmes dans des actions ou de petits combats dont ils ne se tireront pas avec honneur, parce qu’ils les auront commencés avec précipitation, et qu’ils n’en auront pas prévu les inconvénients et toutes les suites; il arrivera même qu’ils agiront contre l’intention expresse du général, sous divers prétextes qu’ils tâcheront de rendre plausibles ; et d’une action particulière commencée étourdiment et contre toutes les règles, on en viendra à un combat général, dont tout l’avantage sera du côté de l’ennemi. Veillez sur de tels officiers, ne les éloignez jamais de vos côtés ; quelques grandes qualités qu’ils puissent avoir d’ailleurs, ils vous causeraient de grands préjudices, peut-être même la perte de votre armée entière.

S’il divise ses troupes sans nécessité, ou sans y être comme forcé par la nature du lieu où il se trouve, ou sans avoir prévu tous les inconvénients qui pourraient en résulter, ou sans une certitude de quelque avantage réel de cette dispersion ;

Si par manque de fermeté et de rigueur ou de clarté dans ses instructions, il souffre que le désordre s’insinue peu à peu dans son armée ;

  Si un général est pusillanime, il n’aura pas les sentiments d’honneur qui conviennent à une personne de son rang, il manquera du talent essentiel de donner de l’ardeur aux troupes ; il ralentira leur courage dans le temps qu’il faudrait le ranimer ; il ne saura ni les instruire ni les dresser à propos ; il ne croira jamais devoir compter sur les lumières, la valeur et l’habileté des officiers qui lui sont soumis, les officiers eux-mêmes ne sauront à quoi s’en tenir; il fera faire mille fausses démarches à ses troupes, qu’il voudra disposer tantôt d’une façon et tantôt d’une autre, sans suivre aucun système, sans aucune méthode; il hésitera sur tout, il ne se décidera sur rien, partout il ne verra que des sujets de crainte; et alors le désordre, et un désordre général, régnera dans son armée.

Pour peu que leur chef les aime comme des fils bien aimés, les soldats confiants le suivront en enfer et au sacrifice ;

  Mais un général trop indulgent incapable d‘employer ses hommes conformément aux besoins et de s’en faire obéir, crée les conditions d’indiscipline, d’insoumission et de perte de contrôle qui, à l’instar d’enfants gâtés, engendrent une incapacité à s’engager et à se battre.

  Dans quelque espèce de terrain que vous soyez, vous devez regarder vos troupes comme des enfants qui ignorent tout et qui ne sauraient faire un pas ; il faut qu’elles soient conduites; vous devez les regarder, dis-je, comme vos propres enfants; il faut les conduire vous-même. Ainsi, s’il s’agit d’affronter les hasards, que vos gens ne les affrontent pas seuls, et qu’ils ne les affrontent qu’à votre suite. S’il s’agit de mourir, qu’ils meurent, mais mourez avec eux.

Si, sur des indices incertains, il se persuade trop aisément que le désordre règne dans l’armée ennemie, et qu’il n’agisse en conséquence ;

Si son armée dépérit insensiblement, sans qu’il se mette en devoir d’y apporter un prompt remède ;

  Si un général ignore le fort et le faible de l’ennemi contre lequel il a à combattre, s’il n’est pas instruit à fond, tant des lieux qu’il occupe actuellement que de ceux qu’il peut occuper suivant les différents événements, il lui arrivera d’opposer à ce qu’il y a de plus fort dans l’armée ennemie ce qu’il y a de plus faible dans la sienne, à envoyer ses troupes faibles et aguerries contre les troupes fortes, ou contre celles qui n’ont aucune considération chez l’ennemi, à ne pas choisir des troupes d’élite pour son avant-garde, à faire attaquer par où il ne faudrait pas le faire, à laisser périr, faute de secours, ceux des siens qui se trouveraient hors d’état de résister, à se défendre mal à propos dans un mauvais poste, à céder légèrement un poste de la dernière importance ; dans ces sortes d’occasions il comptera sur quelque avantage imaginaire qui ne sera qu’un effet de la politique de l’ennemi, ou bien il perdra courage après un échec qui ne devrait être compté pour rien. Il se trouvera poursuivi sans s’y être attendu, il se trouvera enveloppé. On le combattra vivement, heureux alors s’il peut trouver son salut dans la fuite. C’est pourquoi, pour en revenir au sujet qui fait la matière de cet article, un bon général doit connaître tous les lieux qui sont ou qui peuvent être le théâtre de la guerre, aussi distinctement qu’il connaît tous les coins et recoins des cours et des jardins de sa propre maison.

  Alors un tel général ne peut être que l’architecte d’une déroute et la dupe de ses ennemis, qui lui donneront le change par des stratagèmes étudiés, par des fuites et des marches feintes, et par un total de conduite dont il ne saurait manquer d’être la victime.

La combinaison d’une part, de l’ignorance en matière de renseignements vitaux et d’une autre part, d’un commandement incompétent ne doivent occulter les nombreuses défaites autant liées aux méconnaissances topographiques. Ainsi un homme, que la naissance où les événements semblent destiner aux responsabilités de commandant (à la dignité de général), doit employer tous ses soins et faire tous ses efforts pour se rendre habile dans cette partie de l’art des stratèges- guerriers.

  Ceux qui sont véritablement habiles dans l’art martial font toutes leurs marches sans désavantage, tous leurs mouvements sans désordre, toutes leurs attaques à coup sûr, toutes leurs défenses sans surprise, leurs campements avec choix, leurs retraites par système et avec méthode ; ils connaissent leurs propres forces, ils savent quelles sont celles de l’ennemi, ils sont instruits de tout ce qui concerne les lieux.

Un commandant malheureux est toujours un commandant coupable.

C’est pourquoi il est dit :

Connais-toi toi-même, connais ton ennemi, ta victoire ne sera jamais mise en danger. Connais le terrain, connais ton temps, ta victoire sera alors totale.

 

Fin du chapitre X

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