Chroniques de Charclo

RIP mon papa 8 mai 1945 – 28 décembre 2013

Chroniques de Charclo

Bonjour papa,

C’est un peu bizarre mais je t’appelais jamais papa, je t’appelais Marc, ton prénom, je me souviens pas quand je j’ai commencé à t’appeler comme ça.
Je me souviens de nous deux, péchant au harpon, je me souviens de ton petit voilier et de nos promenades en mer, ces îles indépendantes où on devait montrer nos passeports avant de pouvoir accoster comme de ces îlots déserts où on pouvait se la jouer à la Robinson Crusoé.

Un jour on est allé pêcher, on a rien harponné, tu commençais à fatiguer, moi je voulais plonger une dernière fois…un dernier baroud d’honneur. J’ai vu des antennes sortir d’une cavité rocheuse, j’ai tiré; au bout de mon harpon : trois langoustes, lorsque je suis remonté sur le pont j’étais fier et toi aussi…ça se voyait dans ton regard, dans tes yeux.

J’ai 10 ans on quitte la Martinique, ma mère voulait vivre en métropole…moi pas, mais quand on est gosse on suit ses parents “Il y a de la neige et du chocolat en Suisse!”.

La neige j’ai pas aimé, c’est froid, ça fait des engelures, ça mouille, ça caille… Quand au chocolat, du haut de mes 10 piges j’ai bien remarqué qu’on vendait le même au Super U du coin…bon il fondait un peu plus vite au Vauclin. J’ai vite su que ce pays n’était pas le mien et qu’il ne le serait jamais.

La vie ici n’a pas été si noire et si ma mère était heureuse d’être en Suisse ou en France, je sais aujourd’hui que mon père ne l’était pas autant qu’il voulait nous le faire croire.

5 ans ont passé, j’ai jamais aimé les fêtes de fin d’année… maintenant je les hais, elles me rappellent ton dernier souffle.

Des fois je rêve des Antilles, je rêve d’eau salée, de sable…je rêve de ces langoustes empalées sur mon harpon et de ton regard empli de fierté.

Tu me manques.

31 décembre 2018 23h20

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