Et si les abeilles…

Initiatives anti-pesticides: après la désinformation, l’intimidation

En février, nous dénoncions ici (cf Beeswashing) la campagne de désinformation entreprise par les opposants aux deux initiatives qui sont mises en votation le 13 juin prochain, à savoir “Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse” et “Pour une eau potable propre“. L’apiculture était la cible des opposants, avec un message mensonger sur l’état de l’apiculture, laissant entendre qu’elle ne s’était jamais aussi bien portée qu’au cours de ces vingt dernières années. Hier, le Conseiller fédéral et Président de la Confédération, Guy Parmelin, était mis en cause pour abuser à la fois du logo de BioSuisse et de celui de la Confédération pour défendre la cause des opposants (TJ du 4 mai 2021). Il n’en était d’ailleurs pas à sa première incartade.

C’est une autre dérive que je dénonce ici, à savoir la pression d’intimidation que subissent les partisans du “oui”. La campagne d’affichage lancée il y a quelques semaines par l’Union suisse des paysans, avec la disposition d’affiches sur tout le territoire a comme tétanisé les opposants qui n’osent pas répondre en affichant leurs préférences de la même manière, de peur de représailles.

Cela commence par les simples citoyens, qui par peur d’être montrés du doigt dans les communautés rurales, d’être mis à l’écart et isolés, renoncent à afficher leurs opinions. De même, de nombreux agriculteurs éclairés et favorables aux initiatives sont priés au mieux de se taire, au pire d’accepter la pose de panneaux sur leurs terres.

La dernière dérive est celle qui s’adresse directement aux apicultrices et apiculteurs qui osent exprimer leur opinion publiquement dans les media ou sur les réseaux sociaux. Elles/ils sont intimidés, intimés de ne pas afficher publiquement leur position et dans les cas les plus graves menacés d’expulsion immédiate de leurs ruches, voire d’actes de déprédation envers leurs abeilles.

De telles menaces sont inqualifiables!  De plus, elles sont contre-productives.  On parle de rendements diminués de 20 à 30% en cas d’acceptation des initiatives. Ce sont des diminutions bien plus importantes (jusqu à 80% dans certains cas) si les abeilles ne sont plus là pour féconder les cultures.

Appelés à se prononcer démocratiquement sur ces textes, les délégués de la Société romande d’apiculture se sont prononcés à une écrasante majorité en faveur de ces deux initiatives. Dans une société libre, les partisans des deux camps doivent avoir d’exprimer ouvertement leur point de vue. Les méthodes dénoncées ici rappellent les heures les plus sinistres du 20ème siècle. Elles ne sont pas dignes de la société démocratique dont nous sommes si fiers.

Appel au calme et au dialogue Plus que jamais il est nécessaire de raison garder, de chercher le dialogue, plutôt que la confrontation. Mais, pour cela, chacun doit pouvoir être libre d’exprimer son point de vue sans contrainte. Le climat de peur instauré par la campagne des opposants pourrait se révéler extrêmement contre-productif et laisser des blessures profondes entre apiculture et agriculture.

 

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