Petits moments de sexisme ordinaire

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Tout au long de ma carrière, j’ai travaillé dans des milieux à forte majorité masculine. Pourtant, il ne s’agissait pas de secteurs particulièrement techniques, mais c’était ainsi, avec une prédominance masculine se renforçant plus je montais dans les strates hiérarchiques.

Au fond, ça ne m’a jamais vraiment dérangée, surtout que j’ai vu les choses évoluer au fil de temps: plus de mixité, moins de blagues pas drôles sur les blondes en pleine séance (véridique), moins d’hommes qui en venaient aux mains en réunion (véridique bis!). Bref, la situation va globalement dans le bon sens. Je constate une réelle prise en compte des enjeux de mixité, de diversité et d’inclusion, et une certaine retenue, un degré de bienséance plus élevé, toutes composantes très agréables et somme toute normales dans le monde professionnel.

Pourtant, je forme le vœu, modeste, que les petits moments de sexisme ordinaire s’effacent au profit d’une meilleure considération des femmes. Exemple récent: au cours d’une séance de haut niveau, la gestion d’un projet d’envergure a été évoquée. Les trois personnes clé pour l’atteinte de l’ambitieux objectif dont il était question ont été nommées: deux hommes, présentés avec leurs prénom, nom, fonction, et une femme, présentée avec son prénom seulement. «Désolé, je ne me souviens plus de son nom, mais elle est business analyst.»

C’est ce genre de petits riens que j’appelle sexisme ordinaire. Pas méchant, pas vraiment voulu, presque excusable – ce n’est pas grave, ça peut arriver d’oublier un nom.

En réalité, c’est symptomatique. Jamais on n’oublie le nom des hommes, simplement parce qu’on les nomme toujours avec leur nom de famille. Ça commence déjà à l’adolescence, où les garçons s’appellent souvent ainsi, et ça se perpétue dans le monde professionnel, même sans ajouter « Monsieur » avant le nom de famille. C’est très rare s’agissant des femmes ou des filles. Et je ne compte plus le nombre de fois où on m’a présentée au cours d’une réunion ou d’un cocktail uniquement avec mon prénom. J’ai depuis longtemps pris le pli de compléter mon pédigrée par moi-même.

Je ne veux pas jeter la pierre aux hommes. Les femmes ont aussi cette tendance de personnaliser davantage les femmes par leur prénom. Mon propos est ici de sensibiliser chacune et chacun à cette thématique.

La prochaine fois que vous prendrez la parole pour parler d’une femme dans une séance, pour la présenter dans un moment plus convivial, pensez à lui donner un nom. Un prénom, c’est bien, mais utilisé seul, c’est soit infantilisant, soit intime. Ni l’une ni l’autre de ces options n’est défendable dans le milieu professionnel.

Véronique Kämpfen, directrice de la communication

FER Genève

La FER Genève est une organisation patronale et économique. Elle soutient les intérêts de plus de 80 associations professionnelles et de 28'000 entreprises membres. Elle promeut une économie libérale, conduit une réflexion continue sur l'évolution de la société et veille à garantir les conditions cadre nécessaires à l'attractivité de la place économique genevoise.

4 réponses à “Petits moments de sexisme ordinaire

  1. Autre raison non négligeable pourquoi les hommes ont l’habitude de s’appeler par leur nom : ils ont fait le service militaire, là où on ne s’appelle que par le grade et le nom.
    Chez les pompiers de milice aussi.

  2. Bonsoir Madame,

    Au-delà d’un possible sexisme affleurant, ne pas citer le nom de famille d’une femme, ne pas l’appeler Madame ( et pour certains ,ne pas se lever à l’entrée d’une femme dans un pièce ou la sortie d’une femme de cette pièce , peu importe son rôle ou sa fonction, et c’est un exemple parmi tant d’autres ) sont déjà des discourtoisies témoignant d’un affligeant manque d’éducation.
    Cette éducation qui apprenait le respect du aux femmes. Car elle expliquait ce respect nécessaire.

    Merci pour vos remarques Madame,

    Vous souhaitant le bonsoir,

    1. Cette “éducation” appartient à une époque où la femme était considérées comme inférieures et où elles ne pouvaient pas ouvrir un compte en banque seule, par exemple. Ces manières étaient donc une forme de compensation. Vous y voyez du respect; d’autres y voient une forme de condescendance.

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