semi field system…

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Mambo!

Bonjour de ce pays où commence le jeûn du ramadan…

Le travail du scientifique, c’est un peu comme une enquête. Où en sommes nous ? Qu’est-ce qui a déjà été exploré, vérifié, quel est l’état de nos connaissances actuelles?

On réfléchit au sens que les découvertes de nos collègues apportent, à ce que cela implique et hop, on prend notre bâton de pèlerin pour partir sur de nouvelles pistes inexplorées.

Pour réaliser ces enquêtes, pas de rapports de police, mais des articles scientifiques. Ainsi, une bonne partie de notre travail consiste à lire les ouvrages de nos contemporains afin de baser nos hypothèses de recherche sur des faits préalablement observés. Une sorte de travail collectif à l’échelle mondiale, quoi.

Parmi ces passionnantes lectures, vous pourriez par exemple parcourir des articles parlant de semi-fields experiment.

Mais qu’est-ce donc ? Vous trépignez d’impatience de le savoir, n’est-ce pas ? On y vient !

Parce que devinez quoi… ici, au Ifakara Health Institute de Bagamoyo, il y a une énorme infrastructure d’expérience de semi terrain (semi field system)…

C’est donc avec enthousiasme que je vous présente ces incroyables méthodes de recherche.

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Il s’agit de répliques de maisons à grandeur réelle, enfermées dans un large espace clos comme vous pouvez le voir sur ces photos.

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Les scientifiques peuvent y observer le comportement de moustiques dans des conditions quasi réelles sans pour autant disperser ces petits êtres que nous ne souhaitons pas répandre.

Ces maisons sont composées d’ingénieux systèmes de pièges qui permettent aux moustiques d’entrer, mais d’être capturés lorsqu’ils tentent d’en ressortir.

 

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Ainsi, vous pouvez connaître les allées et venues de ces petits êtres, sans vous munir de télescopes high tech, de satellites ultra sophistiqués, ou de vous cacher dans les buissons en tenue de camouflage olfactive (je précise que ces techniques, à ma connaissance, n’existent pas).

Ces hôtels expérimentaux vous permettent de vérifier l’efficacité d’un insecticide par exemple, ou d’un piège. Vous laissez dormir un valeureux candidat dans une de ces maisons, relâchez des moustiques à l’extérieur (non infectés je précise) et au petit matin vous les récoltez.

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Cela vous permet de mesurer le nombre de moustiques qui sont entrés dans la maison, le nombre de ceux qui ont tenté d’en ressortir et aussi la quantité de moustiques qui se sont repus sur notre brave victime humaine (un moustique qui a piqué se reconnaît à son gros ventre rouge).

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Par exemple, à Bagamoyo ils récupèrent de vieilles moustiquaires imprégnées d’insecticides et vérifient si elles sont encore efficaces après quelques années d’utilisation. Si vos petits êtres ailés se précipitent dans les maisons, vous pouvez estimer qu’elles ne sont plus répulsives. Si ces mêmes protagonistes ne meurent pas après avoir été en contact avec la moustiquaire, alors vous en concluez que l’insecticide n’est plus efficace. Cela vous indique après combien de temps il faut renouveler un type de moustiquaire.

Vous pouvez aussi mettre un insecticide dans la maison, déposer un piège devant la porte, relâcher une quantité définie de moustiques, et ainsi mesurer si la combinaison de la répulsion des insecticides et de l’attraction du piège est efficace. Comme le nombre de moustiques est maîtrisé, vous connaissez le pourcentage exact de moustiques pris au piège…

Bref, il s’agit là de superbes manières de mesurer l’efficacité d’une stratégie de lutte contre la maladie.

C’est un peu comme travailler le diamant pour un joaillier, saupoudrer de la truffe blanche pour un cuisinier, construire une fromagerie ambulante pour une bergère nomade.

A propos de comparaison, j’ai reçu sur ce blog un gentil commentaire du professeur Lengeler.

Pour les non initiés du club des bêbêtes à petites ailes, ce nom ne vous évoquera probablement rien, mais croyez moi, pour une étudiante en parasitologie, recevoir un commentaire positif de ce monsieur, c’est comme entendre Jessy James vous dire « joli colt », Abdullah Ibrahim «  ça sonne bien », Sean Penn « pas mal ton jeu », Kessel « tu tiens bien l’alcool », Clooney « séduisant cet arôme », Agatha Christie « prenante ton intrigue »…

Je vous le confie, il n’y a pas d’âge pour ressentir ce léger vertige quand les grands de la cour vous font un clin d’œil.

Bien à vous, votre graine de parasitaire.

Elise Rapp

Elise Rapp est infirmière spécialisée en médecine Tropicale (IMT Anvers). Elle a repris le chemin des études pour faire de la recherche sur les maladies tropicales. Elle est actuellement basée en Tanzanie où, dans le cadre d’un master de biologie elle mène un projet de terrain sur la malaria.