Mademoiselle Caroline et Julie Dachez: “La différence invisible” en BD

L’autisme Asperger : une différence invisible (du moins chez les femmes)

autisme asperger Jusqu’à peu, lorsqu’on pensait à l’autisme, on imaginait une personne mutique, fuyante, incapable de s’intégrer en société, parfois même entravée par un handicap mental. Cela peut être le cas mais pas forcément. L’autisme comprend un éventail de particularités cognitives d’intensité très variable, toutes regroupées sous le terme générique de Trouble du Spectre Autistique (TSA). L’autisme est un trouble neuro-développemental, d’origine biologique, avec un large spectre de spécificités. Il serait plus juste de parler des autismes plutôt que de l’autisme. Le niveau d’intelligence des personnes avec un TSA va d’une intelligence supérieure à une déficience intellectuelle sévère. Le syndrome d’Asperger est une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage même si, contrairement à une autre idée reçue, toutes les les personnes ayant ce syndrome ne sont pas surdouées ou fortes en mathématiques.

autisme aspergerC’est de cette forme d’autisme dont a longtemps souffert Julie Dachez avant qu’un diagnostic ne soit posé sur les “étrangetés” qui la différenciaient de son entourage. De mettre un nom sur ses malaises lui a permis de se positionner dans la vie, de suivre des études adaptées et d’ainsi pouvoir se réaliser. A présent, elle est docteure en psychologie sociale, conférencière et militante française pour les droits des personnes autistes. Toutefois, le syndrome d’Asperger est souvent mal – ou pas – diagnostiqué, en particulier chez les personnes de genre féminin quel que soit leur âge. Actuellement, le sexe-ratio est d’environ de quatre hommes pour une femme, d’autant que les témoignages autobiographiques sont généralement effectués par des hommes : Josef Schovanec, Jim Sinclair, Daniel Tammet, Hugo Horiot… Cependant, de plus en plus, l’on s’accorde à estimer qu’il y a probablement autant de femmes autistes Asperger que d’hommes, mais que les femmes sont plus difficiles à détecter.

Écrite par Julie Dachez et illustrée par Mademoiselle Caroline, une dessinatrice habituée à traiter de sujets comme la dépression ou la maternité, la BD La différence invisible montre, de l’intérieur, comment se sentent les aspies girls, ainsi qu’elles se sont elles-mêmes surnommées.

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La différence invisible : introduction

” Il [cet album] explique et illustre en effet très bien un aspect majeur des femmes aspies:  leur invisibilité source d’errance diagnostique et de souffrances parfois importantes. Comme nous l’avons dit, le diagnostic des femmes Asperger est difficile à établir et donc sous-estimé de fait, pour plusieurs raisons. L’une d’elles est l’existence de capacités d’empathie émotionnelle et cognitive meilleures chez les femmes Asperger que chez les hommes Asperger (tout comme dans la population générale, d’ailleurs) ce qui leur permet des adaptations sociales de surface, de «faire semblant», de camouflage accrues par rapport aux hommes. Cette tendance à s’invisibiliser elles-mêmes – en apprenant à imiter les conduites sociales adaptées (à être « des caméléons », comme le dit Julie Dachez sur son blog), à regarder leur interlocuteur dans les yeux, à intégrer un groupe de pairs, à se conformer aux attentes des autres, à repousser leurs limites, à accepter les gênes sensorielles, émotionnelles et relationnelles, à supporter les moqueries et les humiliations, à faire semblant, à donner le change, etc, – n’est possible que grâce au déploiement d’une énergie parfois considérable, et au prix d’incompréhensions, de doutes, d’interrogations, de renoncements d’abnégation, de stress, d’épuisement physique et moral.

D’autres femmes Asperger sont invisibles parce qu’elles n’arrivent pas – ou plus – à s’adapter, à aller vers les autres, et préfèrent rester seules par défaut, faute de mieux, pour ne pas s’exposer au regard des autres, à l’échec, à la frustration, à la souffrance. Y compris lorsqu’elles sont mères de famille – c’est alors souvent la découverte autistique chez l’un ou plusieurs de leurs enfants qui les amène à découvrir leur propre syndrome d’Asperger et à sortir de cette invisibilité.”

Extraits de la préface de l’album par *Carole Tardif et *Bruno Gepner

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La différence invisible : tranches de vie d’une aspie girl

autisme aspergerAu début de l’histoire l’on découvre Marguerite – l’un des pseudonymes de Julie Dachez – au travail, à la maison, avec son compagnon. La jeune femme nous emmène à la rencontre de ses passions, de ses peurs, de ses angoisses, de ses particularités sensorielles et de ses maladresses sociales. Nous éprouvons avec elle les difficultés à se faire comprendre et à se faire accepter telle qu’elle est. Nous ressentons sa joie lorsqu’elle peut enfin mettre un nom sur ses malaises, sur son incompréhension des autres et sur son incapacité à vivre comme la majorité. La différence invisible est une bande dessinée certes réaliste, mais également drôle, émouvante et pleine d’espoir.

Par cette création, Julie Dachez alias Marguerite, alias Super Pépette sur son blog, contribue à mieux faire comprendre le syndrome d’Asperger à tous les lecteurs, que ce soient de simples amateurs de BD ou des personnes directement concernées : amis, conjoints, professionnels de la santé, enseignants, etc.

*Carole Tardif est professeur de psychologie du développement typique et atypique, Université d’Aix-Marseille, directrice du Centre de recherche du PSYCLE et du master en psychologie clinique du développement. Elle est aussi psychologue auprès d’enfants et d’adultes avec trouble du spectre de l’autisme.

*Bruno Gepner est pédopsychiatre et psychiatre auprès d’enfants et adultes avec TSA, chercheur associé au CNRS, chargé d’enseignement à l’Université d’Aix-Marseille et Paris 7, président de la Fédération Autisme Vie Entière – FAVIE.

Julie Dachez donne sa définition du syndrome d’Asperger.

 

Sources :

 

Jürg Schubiger : la philosophie et la psychologie au service de la littérature jeunesse

Des poèmes doux pour tous les âges

Psychologue, Jürg Schubiger, fils d’un éditeur suisse alémanique, a toujours vécu dans le monde du livre. Bien qu’il soit l’auteur d’une thèse sur Franz Kafka et d’œuvres s’adressant aux adultes, on le connaît principalement pour ses livres pour enfants, des livres si charmants qu’ils séduisent aussi les grands.

Le poème ci-dessous est extrait de « Deux qui s’aiment ». Conseillé dès 6 ans, ce recueil comprend une vingtaine de poèmes sur le thème de l’amour. Wolf Erlbruch, qui l’a illustré, a choisi de coupler des animaux amoureux avec qui faire la paire semble improbable : oie et chat, lièvre et sauterelle, chien et poisson rouge ! Seuls lapins, canards et ours restent entre eux. Une manière tendre, pleine de tact, d’apprendre à s’ouvrir à l’autre quelle que soit son allure, sa provenance ou son genre. Par ailleurs, si vous avez gardé une âme douce, vous pouvez lire ces poèmes à l’élu-e de votre cœur, quel que soit votre âge.

 

 

Jürg Schubiger est né en 1936 à Zurich et a grandi à Winterthur. Après une adolescence et une entrée dans l’âge adulte riches de diverses expériences et de séjours dans le sud de l’Europe, il étudie la littérature allemande, la psychologie et la philosophie. Après ses études, il a travaillé dans une maison d’édition spécialisée dans les manuels scolaires, jusqu’à ce qu’il ouvre, en 1979, son propre cabinet de psychologie auquel il consacre la majeure partie de son temps. A sa retraite, il reprendra l’écriture de manière intensive.

Jürg Schubiger a surtout écrit de la littérature jeunesse, mais également de nombreux contes et romans pour adultes. Son œuvre poétique et philosophique s’adresse également à un public moins jeune sans doute parce que l’auteur, comme il le disait lui-même, écrit ses histoires sur deux niveaux : « Les enfants doivent trouver leurs propres points de contact et les adultes ne doivent pas perdre la joie du texte. Par conséquent, écrire pour les enfants signifie toujours “aussi pour les enfants” ».

Son œuvre littéraire pour la jeunesse est complète: de 1978 à 2013,  19 livres sont publiés indépendamment de nombreux articles dans des journaux, des magazines et des anthologies. Traduite dans de nombreuses langues, elle a été couronnée par le prix “Hans Christian Andersen“ en 2008.

Jürg Schubiger est décédé le 15 septembre 2014 .

Sources :

Éditions La joie de lire

– Wikipédia

 

Fanny Vaucher : la poésie du dessin

De l’histoire vraie au dessin poétique avec Paprika et le clan des Bruxellois

En ce jour de fête pour beaucoup d’enfants, je me suis penchée sur les poétiques dessins de Fanny Vaucher. Cette ancienne élève de l’École des Arts Appliqués de Genève, qui possède un Master en lettres, illustre –entre autres- la série d’albums jeunesse Paprika qui relate l’histoire vraie d’une chatte recueillie par l’écrivaine Bernadette Richard. Quand la lecture n’est pas encore acquise –ou pas tout à fait avec aisance– l’illustration joue le rôle d’une écriture, d’un langage visuel universel ou le texte n’est plus forcément le meilleur vecteur d’information. Par ailleurs, les dessins aident à mémoriser les phrases, le langage, l’histoire, tout en sensibilisant les enfants à l’Art.

 

Paprika en trois albums

Paprika et le clan des Bruxellois vient de paraître aux éditions L’Âge d’Homme. C’est le troisième album de cette série après Paprika sauvée de la rue et Paprika prend l’avion. Imaginé et rédigé par Bernadette Richard, illustré par Fanny Vaucher, dans Paprika sauvée de la rue, le premier album de la série, on découvre la protagoniste, son frère et sa sœur, trois chatons nés sur un parking en Guadeloupe. Leur maman chatte est très maigre. Elle a toujours faim. Un soir, comme d’habitude, elle part chasser après avoir caché ses petits dans des trous. Elle ne revient pas. Alors qu’ils sont presque morts de peur et de faim, une gentille dame vient les sauver. Dans le tome II, on vole au-dessus des océans avec la petite boule de poils quand Paprika prend l’avion. Paprika et le clan des Bruxellois, nous emmène à Bruxelles, où résidait l’écrivaine à l’époque. Les chats qui vivent déjà sous ce toit lui réservent un accueil peu amène mais… comme dans les contes les plus classiques, tout finit bien. Les histoires de cette petite chatte s’adressent à des enfants entre 7 et 8 ans, parfois moins, si elles leurs sont lues par des adultes.

Fanny Vaucher: entre la Suisse et la Pologne

« Après un diplôme en Lettre de l’Université de Lausanne, Fanny Vaucher se lance dans sa passion du dessin et suit une formation d’illustration et bande dessinée de l’école des Arts appliqués de Genève. Depuis, elle travaille comme illustratrice et auteure entre la Suisse et la Pologne. Fruit de ses deux ans de résidence en Pologne, elle publie Pilules polonaises aux Editions Noir sur Blanc en 2013, à partir du blog éponyme qu’elle anime toujours. Elle a participé à des expositions collectives à Varsovie, Budapest, Munich, Genève et Lausanne, et figure au sommaire du numéro de Strapazin sur la bande dessinée en Pologne. Elle participe à BDFIL dans le cadre de l’exposition Waterproof en 2013 et pour le projet Périples masculins en 2014. S’investissant également dans le fanzinat, elle est la cofondatrice du fanzine collectif de BD La bûche, dont le premier numéro paraît à l’occasion de BDFIL 2015 (espace microédition) ». Biographie 2019, extraite du site BDFIL. Sa collaboration avec Bernadette Richard a débuté en 2013.

Bénéfices: pour la protection des animaux

En imaginant cette série de petits livres illustrés, facilement compréhensibles par des enfants d’âges divers, Bernadette Richard – Prix Edouard Rod 2018, pour son ouvrage Heureux qui comme paru aux éditions d’Autre Part – souhaite sensibiliser les plus jeunes, de manière ludique, à la défense des animaux. Les bénéfices de ces livres sont reversés à diverses associations de protection des animaux. Par ailleurs la série continue. D’autres albums sont déjà prévus.

 

Rencontres et dédicaces :

– Ce samedi 8 décembre, à 14h, à la librairie Basta, à Lausanne, Fanny Vaucher dédicacera tous ses livres – y compris ceux qui s’adressent à des lecteurs plus âgés.

– Le jeudi 20 décembre, de 17h à 19h, Fanny Vaucher et Bernadette Richard dédicaceront Paprika et le clan des Bruxellois à la librairie Payot, à la Chaux-de-Fonds.

 

 

A savoir :

Actuellement , Paprika sauvée de la rue, le tome I, est en cours de réimpression. Il est épuisé – y compris chez l’éditeur. La seule librairie ou l’on peut encore l’obtenir avant les fêtes, c’est chez Payot à la Chaux-de-Fonds. Vous pouvez le commander en écrivant à la librairie. Pour ce faire cliquez ici, puis écrivez à la librairie en cliquant sur le lien en rouge qui apparaîtra.

 

 

Sources :

-Dossier documentaire L’illustration dans l’édition jeunesse

-BDFIL

Le blog «Écrire à mille : littérature romande et autres arts»

-Bernadette Richard

 

Patti Smith: amoureuse des poètes français du XIXe siècle

Passionnée par les Arts

Alliant poésie Beat et garage rock des années 1960 et 1970, l’on considère Patti Smith comme la « marraine » du mouvement punk. Toutefois, depuis son enfance, ses passions sont le dessin et la littérature, en particulier la poésie. Le poème qui suit est extrait du recueil Présages d’innocence.

 

Traduction de Jacques Darras.

 

Issue d’un quartier très pauvre du New-Jersey, rien ne destinait Patti Smith à devenir l’auteure-compositrice, interprète, poétesse, écrivaine, guitariste, chanteuse, humaniste… que l’on connaît, même si dès l’enfance elle sut qu’elle voulait faire de l’art.

Fille d’une serveuse et d’un ouvrier, Patti Smith – Patricia Lee Smith -, est née à Chicago en 1946, dans une famille extrêmement religieuse. A 18 ans, elle tombe enceinte : on la radie de l’Ecole Normale. Son projet de devenir institutrice prend fin. En 1967, elle part à New-York où elle rencontre le photographe Robert Mapplethorpe. Pendant la première partie des années 1970, Patti Smith se livre intensivement à la peinture et à l’écriture, se produit en tant qu’actrice au sein d’un groupe poétique.

Au cours des années suivantes, elle s’adonne à la musique, en conjuguant rock et performances poétiques. Les paroles de ses chansons font découvrir la poésie française du XIX siècle aux jeunes Américains. Conjointement, elle devient une icône de la scène underground new-yorkaise.

Durant les années 1980-90, parallèlement à ses créations musicales, elle poursuit son travail artistique, mêlant dessin, photographie et écriture.

En 2007, les éditions Christian Bourgeois publient, en bilingue, son premier recueil de poésie : Présages d’innocence.

La Fondation Cartier pour l’art contemporain accueille, en 2008, à Paris, une grande exposition de ses œuvres, intitulée “Land 250”, comprenant des pièces réalisées entre 1967 et 2007.

En 2010, elle publie Just Kids, qui relate son amitié avec Robert Mapplethorpe, qui recevra le National Book Award.

Version originale.

 

Sources:

Éditions Christian Bourgeois

Just Kids, Patti Smith, éditions Denoël

-Wikipédia