L’entreprise agile n’existe pas sans l’agilité des individus

L’agilité: pourquoi ce besoin émerge maintenant ?

Le plus gros impact de la transformation numérique de ces vingt dernières années, c’est la permanence du changement rapide.

Le changement rapide n’est plus une exception mais une constante, un paramètre comme un autre à prendre en compte par toutes les entreprises. Afin de s’adapter à ce changement permanent et rapide, les entreprises sont poussées à développer différents niveaux d’agilité : au niveau du leadership, des organisations, des processus, des projets, des métiers et des équipes.  Mais même en travaillant dans une organisation agile, avec des processus agiles et un fonctionnement agile, personne n’apprend à être un individu agile, c’est-à-dire-une personne qui sait gérer ses propres émotions pour en tirer le meilleur parti. Et pourtant, dans un monde qui change en permanence, nous avons tous besoin de cultiver une agilité individuelle pour être épanouis, travailler de manière optimale et rester engagés. Et donc être efficaces et efficients.

De nombreuses études et les fédérations patronales constatent des changements structuraux rapides des entreprises, notamment dus à la digitalisation mais aussi aux marchés incertains, nécessitant une adaptation constante de l’entreprise et des personnes. Les complexités augmentent, prenant leurs origines dans la digitalisation et dans les aspects multiculturels au travail, découlant des relations avec des acteurs du monde entier pour la production de la plupart des produits et services.

Les conséquences directes de ces complexités sur les personnes qui n’y sont pas préparées sont une usure prématurée, l’émergence de conflits et de jeux de pouvoir internes, les burn-out et boring-out, sans compter une liste sans fin de somatisations et de symptômes.

N’ayons pas peur de le dire : l’entreprise doit prendre en compte les émotions de ses collaborateurs. C’est dans son intérêt.

Une réponse: l’agilité individuelle

L’agilité individuelle c’est la capacité d’un individu à observer et comprendre les émotions et les pensées générées par des stimuli – physiques ou mentaux – et de trouver l’espace et le temps pour y réagir en accord avec ses valeurs et ses objectifs. C’est un concept à la croisée de la pleine conscience, de la psychologie positive, des thérapies cognitives comportementales et du coaching. Ses autres noms courants sont soft-skills, savoir-être ou compétences comportementales.

L’agilité individuelle sollicite, entre autre, l’intelligence émotionnelle, l’optimisme et la résilience, la compassion et la bienveillance, la gratitude, l’engagement par rapport à ses valeurs, l’utilisation optimum de ses forces de caractères, un état d’esprit apprenant, l’acceptation de ne pouvoir agir sur certaines choses, la réalisation de l’importance du présent par rapport au futur et au passé, l’utilisation des émotions positives, le contrôle du biais de négativité, le sens donné à son travail, l’autonomie, la régulation de l’attention, le non-attachement aux émotions ou la distinction entre le soi et ses pensées.

On ne peut pas faire l’économie d’aller vers soi pour aller vers l’autre.

Le chemin vers l’agilité doit se baser sur les individus

On ne peut décréter un nouveau comportement, il faut partir de l’existant pour évoluer dans sa communication interpersonnelle.
Il faut alors développer un réflexe, quasi-vital, de se demander “Qu’est ce qui se joue en moi dans cette situation ?”. Il faut apprendre et expérimenter au quotidien le fait de prendre de la distance avec le “pilote automatique” qui est habituellement aux commandes de son propre comportement.

En prenant conscience de son état émotionnel, il est possible de moduler son comportement et avoir une meilleure connaissance de soi-même pour s’ajuster à toute situation relationnelle. Aborder de manière systématique les situations de tensions relationnelles et émotionnelles. Changer de posture pour s’engager avec force et fluidité au quotidien. Comprendre les jeux de pouvoir relationnels. Transformer ses tensions internes et vulnérabilités en feedbacks utiles et constructifs et savoir s’exprimer face à toute personne et désamorcer les tensions relationnelles par une écoute active. Ce sont tous les résultats que l’on peut attendre en développant son agilité individuelle.

Il ne s’agit donc pas d’happycratie voulant créer un bonheur artificiel au travail avec des Chief happiness officers, mais savoir s’accompagner soi-même vers des solutions adaptées à sa propre personnalité tout en la faisant évoluer. Il n’y a pas d’injonctions forcées vers un bonheur, nécessairement artificiel, mais une prise en considération de l’individualité de chacun pour construire des comportements et des communications permettant de fluidifier le fonctionnement de son organisation.

Ce texte est le fruit de l’analyse des évolutions actuelles des entreprises et de la réponse que nous amenons avec mon collègue Youri Bellanger et qui se traduit dans notre initiative Consciousness-based management qui est désormais intégrée dans les accompagnements et les formations de Paradigm21 : https://www.paradigm21.ch

 

Pour aller plus loin

Etudes pertinentes

McKinsey: The future of work: Switzerland’s digital opportunity – où vous apprendrez que les emplois nécessitant des soft-skills vont augmenter de 20% en Suisse durant ces 10 prochaines années: https://www.mckinsey.com/featured-insights/europe/the-future-of-work-switzerlands-digital-opportunity

IBM: The enterprise guide to closing the skills gap – où vous apprendrez que d’après une recherche auprès de 6000 managers dans 46 pays, les compétences numériques sont vitales mais les cadres nous disent que les compétences relationnelles les surpassent en importance : https://www.ibm.com/thought-leadership/institute-business-value/report/closing-skills-gap

Pour expérimenter l’agilité personnelle et vous former pour la développer

Meetups et formations sur l’agilité des organisations et des individus, à Genève, Lausanne et Neuchâtel: https://www.meetup.com/fr-FR/gouvernance-distribuee/

Projet Paradigm21, porté par 8 experts dans le domaine de la transformation des organisations : https://www.paradigm21.ch

David Matthey-Doret

David Matthey-Doret est coach / formateur certifié / conférencier inspirant. Sa passion est de faciliter la transformation des individus et des organisations. Il concentre son énergie à apporter à ses clients l'intégrité entre la vie professionnelle et personnelle, en coachant les individus et en soutenant la transformation du management vers des approches centrées sur l'humain.

4 réponses à “L’entreprise agile n’existe pas sans l’agilité des individus

  1. Le message clé est convainquant : l’agilité n’est pas seulement une affaire de structure organisationnelle. C’est aussi, et peut-être avant tout, une affaire d’individus. Il faut les deux.
    En revanche, les attributs de ce qui fait un individu agile n’est autre qu’une liste de commission, qui semble tout droit sortir de ce qui est trendi en littérature sur le leadership.
    Une analyse plus fine de cette individualité agile mérite plus de finesse et de profondeur.

    1. Cher Steffen, merci pour votre commentaire et en effet je souscris totalement au fait que notre “listing” de qualités comportementales est une vision limitée.
      Néanmoins, il nous apparaît totalement vain de vouloir analyser cela plus finement, car cela entre en conflit directement avec la notion d’individualité. La réponse est nécessairement individuelle, par un travail à faire sur le plan personnel pour trouver la meilleure réponse pour soi-même, en se basant sur ses émotions et ressentis. Nous offrons cette possibilité via des meetups (gratuits) et des formations (payantes) en Suisse romande, basés sur la pratique et le quotidien de chacun-e: https://www.meetup.com/fr-FR/gouvernance-distribuee/
      Nous serons heureux de vous rencontrer à cette occasion !

  2. Cette notion d’agilité est vraiment une des impostures les plus dégueulasses qui aient jamais été inventée pour donner une sorte de légitimité morale à l’exploitation de l’homme par l’homme. Personnellement, je ne suis plus quelqu’un de très jeune, mais je pense avoir été toute ma vie quelqu’un d’agile intellectuellement, commericalement, au point de vue de la créativité et mobilité d’esprit. J’ai changer plusieurs fois d’activité, créé, repris et restructuré des entreprises, lancé de nouveaux projets dont certains ont réussi et d’autres ont été des échecs. J’ai toujours apprécié l’agilité d’esprit et l’imagination chez les collaborateurs, associés, banques, publicitaires et toutes sortes de professionels. Mais je pense que l’on a pas le droit d’exiger l’agilité de qui que ce soit. Cette notion fait partie d’un discours idéologique d’une société inhumaine mondialiste qui veut réduire tout le monde en esclavage. Il s’agit que tout le monde soit précaire, contraint de survivre dans la précarité permanente selon éle principe “marche ou crève”. Il s’agit aussi de démolir toutes les protections sociales, professionnelles, corporatives et autres que la société civilisée avait bâties pour permettre aux non agiles d’avoir une chance de s’en sortir quand même. Certains ont d’autres qualités que l’agilité et ces qualités ne sont pas moins utiles respectables, dignes d’être récompensées. Un artisan ne doit pas être agile. Il doit maîtriser les règles d’un métier ancestral pour produire des objets de haute qualité. Ce que la notion d’agilité veut tuer, c’est l’homme ou femme de métier, qui fait un apprentissage de sellier, maréchal ferrant, ou courtepointière et il importe que la société du moment qu’elle forme des gens à des professions leur offre aussi les moyens de de vivre et se développer tranquillement dans leur métier sans les menacer de précarité. Ainsi ces talents, par forcément très agiles, pourront être utiles et produire des belles choses et des choses utiles pour le bien de tous. .Bien sûr certains métiers ont disparu: par exemple celui de typographe. …I..l ne s’agit pas d’être passéiste, mais la société doit chercher à maintenir une certains stabilité pour que les gens puissent vivre de leur métier ou alors se reconvertir quand c’est nécessaire mais sans devoir faire preuve d’une agilité qui n’est pas donnée à tout le monde et qui signifie aussi un degré de risque insupportable pour beaucoup de gens.

    Je trouve qu’on devrait bannir cette idée ”agilité du discours convenu dans le domaine de la formation et de la reconversion professionnelle. C’est l’expression d’un monde esclavagiste.

    1. L’agilité évoquée dans ce billet, et amenée comme nous la pratiquons chez Paradigm21, donne plus de liberté et de sérénité aux personnes concernées. Elle leur permet de mieux identifier et échapper ou contrer les impératifs imposés par des fonctionnements agiles qui ne prennent pas en compte la dimension humaine. Il n’y a donc pas d’asservissement, et c’est au contraire l’assertivité qui se développe.

      Par ailleurs, le COVID nous a appris que l’agilité concerne désormais tout le monde, et que tous les métiers, même les plus artisanaux et traditionnels, doivent la cultiver pour se réinventer pour survivre face à une telle crise. Cette agilité “décloisonnée” est imposée par les conséquences de notre fonctionnement pendant une centaine d’année, qui n’avait pas de considération suffisante pour notre environnement, qu’il soit humain ou naturel. C’est donc une responsabilité multigénérationnelle, que l’on ait aujourd’hui 65, 40 ou 20 ans. Il n’y a pas lieu d’opposer les générations, les façons de faire ou trouver les responsables de cette situation.

      Pour aller plus loin, je vous conseille vivement les articles sur la spirale dynamique, rédigé par mon collègue Marc Mathys, qui est un outil qui a permis à l’Afrique du Sud post-apartheid de se reconstruire : https://paradigm21.ch/fr/articles/introduction-spirale-dynamique/
      Vous y comprendrez comment les hommes s’organisent et les personnes changent, notamment quand ils font face à de nouvelles situations dont la solution ne peut pas être trouvée dans le passé.

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