Du CEVA au Léman Express. Le chantier du siècle

Le CEVA, devenu Léman Express, aura nécessité 169 ans d’attente pour voir le jour. Le projet du siècle, bien mal mené depuis son ouverture avec une grève suivie par une pandémie historique, n’a pas encore pu démontrer toute l’ampleur de son potentiel, bien sûr. Mais, à n’en pas douter, cette infrastructure rendra les services tant espérés tant il est vrai que la mobilité est devenue un élément impondérable de notre société, une contrainte générée par la volatilité des emplois, la pénurie de logements et parfois des exigences spécifiques. Le télétravail entraîné par la pandémie deviendra peut-être dans un futur proche une réalité partagée par un grand nombre d’individus – ne le faudrait-il pas d’ailleurs pour une multitude de raisons moins dramatiques qu’une épidémie anxiogène ? – mais l’utilité de ce tronçon ferroviaire reliant la Suisse à la Haute-Savoie par Genève demeurera incontournable.

Alors, l’avenir nous dira si le Léman Express deviendra un jour aussi connu que certains de ses prédécesseurs, l’Orient-Express, le Flying Scotsman, le Riviera Express, le Nord-Express ou l’Oiseau Bleu mais, en tout état de cause, la réalisation de cette infrastructure confirme la prévision du célèbre ingénieur et résistant né à Cruseilles, Louis Armand : « Le chemin de fer sera le moyen de transport du XXIème siècle, s’il parvient à survivre au XXème siècle ».

Pour l’historien, cette aventure ferroviaire représente une opportunité séduisante puisqu’elle permet de mettre en lumière presque deux siècles d’histoire sous de multiples facettes : politique, économique, technologique. Un livre devait donc être écrit ! C’est chose faite. Et j’ai en l’occurrence eu la chance d’avoir la collaboration de mon confrère Gérard Duc pour réaliser cet ouvrage et le concours du journaliste Marc Moulin, célèbre s’il en est à Genève, ainsi que du non moins célèbre artiste Exem qui signe l’extraordinaire couverture. Et puis, pour faire bonne mesure, quelques mots des représentants officiels, de Laurent Wauquiez, président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, et de Serge dal Busco, Conseiller d’État, qui signent tous deux des préfaces, semblaient nécessaires.

Il aura fallu plus d’une année pour réaliser ce livre, fouiller les archives et recueillir les témoignages d’un grand nombre d’acteurs du projet CEVA, provenant de tous les horizons politiques, mais également des milieux de la construction et associatifs, ainsi que des pro et des anti-CEVA. L’écriture est maintenant terminée, les mots ont été imprimés. Nous faisons le deuil d’un vernissage, COVID-19 oblige, mais il n’en demeure pas moins que le livre est à présent publié et attend ses lecteurs.

 

Du CEVA au Léman Express. Le chantier du siècle

272 pages

Slatkine

2020

 

Le livre est disponible sur le site de l’éditeur Slatkine et en librairies dès le 11 mai.

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.

4 réponses à “Du CEVA au Léman Express. Le chantier du siècle

  1. Je me réjouis de parcourir ce beau livre. Mes larmes n’ont pas encore séchées sur l’ouvrage du Léman Express. D’abord il faudrait rendre hommage aux habitants des divers quartiers qui ont subi, des années durant, bruits, poussières, encombrements. Pour ce qui concerne l’inauguration, les Genevois ont été privé de la belle fête en raison des grèves de l’autre côté de la frontière. Cela concernait, certes notre cher voisin, mais ad personam, j’ai vécu cela comme un affront. Nous avons aussi été privés du week-end culturel des 25/26 avril, Covid 19 oblige. Restent les bâtiments, l’architecture, qui me laissent sans voix, tellement c’est laid, massif, sans ornement aucun. Et toutes les gares pareilles. Une question de goût, bien sûr, mais tout de même une belle occasion ratée de mettre au coeur de la Genève du 21ème siècle naissant la diversité culturelle, puisqu’on ne cesse de nous dire qu’il y a tant d’artistes dans cette ville. Une fois de plus, nous n’avons pas été à la hauteur de l’enjeu. Très dommage.

  2. après le Léman-Express: le Barcelone-express; ben oui; étant donné qu’ Easyjet n’est subventionné semble t’il nulle part, il va falloir combler les attentes des amateurs de WE à Barcelone et obtenir de la SNCF une ligne TGV directe Genève-Lyon, de nuit, avec bien sûr raccord vers le sud;
    donc voilà un nouveau thème de lutte que je soutiendrai;
    rêvons un peu: une ligne de chemin de fer pour TGV traversant l’Atlantique sur flotteurs (le permafrost sibérien en a bien un) et donc on arrête le vol parait-il quotidien Genève-NY !
    ne m’en veuillez pas de cette disgression, le Léman-Express aurait dû exister il y a bien longtemps, il est à mes yeux l’exemple type de transport en commun que les porteurs de projet ont malgré tout, vents et marées, réussi à porter sur les fonds baptismaux, bravo à eux; honte aux paresseux qui leur ont mis des bâtons dans les roues, le lobbye automobolistique entre autres, bagnoles et travaux publics inclus !
    les autoroutes savoyardes, ca c’est quelque chose , hein ? à coups de milliards le km pourquoi s’en priver ?
    bien à vous;
    bien cordialement;
    tout de bon;
    (au choix)

  3. La croissance démographique, l’exiguïté du territoire et la mobilité de la population feront que le XXIème siècle sera très certainement et majoritairement ferroviaire. Le contraire m’étonnerait beaucoup, n’en déplaise aux partisans du tout automobile, même électriques. A quand un Léman Express 2 et 3 ?

  4. L’architecture est un modèle de laideur et des trains sont en retard quasi tous les jours. Après un an et sur une ligne de seulement quelques kilomètres, c’est un exploit, au Japon les retards cumulés du Shinkansen se comptent en secondes pour 550km et 300 trains par jour.
    Faire un projet avec des Français qui sont souvent en grève et qui n’ont aucun sens du service public (cf: le mauvais classement en europe de leurs institutions, y compris transport public) ce n’était pas une bonne idée, le retard des intercités français atteignait ainsi 17,2% en 2019, chiffre en forte dégradation depuis 2014 malgré des moyens très élevés.
    Comparer une petite ligne locale assez laide qui marche plutôt mal actuellement avec le prestigieux Orient Express, il fallait oser aussi.
    De plus, les transports publics ont deux énormes problèmes: une fois compté toutes les infrastructures et les milliers de tonnes déplacées avec peu de passagers (il faut un maillage dense donc beaucoup de lignes peu fréquentées) ils ne sont pas si écologique et d’autres part, ils ne vous transportent pas du départ à la destination précise. Or, ces trajets sont bien souvent hors de portée de marche ou de vélo pour des tas de raisons que les bourgeois “écolo” des centres ville et les rêveurs qui les croient n’arrivent pas à voir: météo, âge, physique, paquets, distance de l’arrêt ou de la gare.
    Sans surprise, dans un pays pionnier du genre, la France, les transports individuels font 750 milliards de km par année contre 8 milliards pour les transports en commun, y compris longue distance alors qu’ils sont ultra-subventionnés, que la voiture est ultra-taxée (70 milliards d’euros par année) et que tout est fait maintenant pour empêcher les voitures de rouler dans les grandes villes.
    Ceux qui pensent empêcher ces flux individuels vont au-devant de grandes surprises: les transports en commun sont incapables d’absorber de telles quantités et ces flux sont le fluide sanguin des villes et de l’économie : plus vous les freinez, plus vous êtes pauvres, mal servis et plus la qualité de vie générale est dégradée avec des temps journaliers passé inutilement dans les transports. Les serviteurs des bourgeois parisiens rejetés en périphérie passent ainsi jusqu’à 6 heures par jour dans les transports et tout ça a aussi un coût écologique, économique et social… que ne paierons évidemment pas ceux qui prônent l’écologie 2.0.
    Bref, le journalisme critique et informatif est mal en point. Ce n’est pas avec des “youpie” qu’on construira l’avenir, mais avec un examen complet et sans concession de toutes les données d’une problématique.

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