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Gamin, je regardais Cabu à la TV. C’était l’époque des polémiques chez Polac avec François Cavana et Coluche. Et puis, il y a eu le temps de Fluide glacial et du Canard enchaîné qui reprenaient dans l’esprit feu Hara-Kiri, stoppé en 1970. Une ère durant laquelle les bouffons du roi étaient acceptés. Mieux ! Ils étaient plébiscités, aimés, ils faisaient partie d’un paysage plus politique que culturel où l’ironie faisait rire.
Et il y eut le 11 septembre, un attentat qui devait marquer le monde occidental et, sans doute, le monde tout court. Dès lors, la « civilisation » entra en guerre contre la barbarie. Dès lors, les contraintes pesèrent progressivement sur un nombre grandissant de libertés. Dès lors, l’instrumentalisation des informations, des religions, de nos valeurs allait connaître une inflation difficilement mesurable, l’ironie et la satire devenant des recours dangereux.
Le 25 avril 2005 dix-neuf historiens reconnus, dont Élisabeth Badinter, Alain Decaux et Marc Ferro déposaient l’appel « Liberté pour l’histoire », signé par plus de mille intellectuels français, demandant l'abrogation de toutes les lois « historiques », soit la loi du 23 février 2005, la loi Gayssot, et la loi Taubira, affirmant que ces lois ont, je cite : « restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver » alors que « l’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous ».
« Aucun dogme, ni interdit, point de tabous » lorsqu’il est question de « dire », une définition qui s’applique tout autant aux caricaturistes et aux journalistes.
Las, Cabu, Charb, Tignous et Wolinski sont morts. Wikipédia a déjà été modifié ! On peut lire en tapant le nom de Cabu « mort assassiné le 7 janvier 2015 lors de la fusillade au siège du journal Charlie Hebdo », on comprend "mort assassiné lors du siège de la liberté". De caricaturistes, les voilà devenus martyrs.
C’est la pensée que l’on assassine…
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