Politique, écologie et société

Des milliards pour une menace non identifiée

En 2014, les Suisse.sse.s ont dit non à l’achat de Gripens pour 3,1 milliards de francs. Le Conseil fédéral et le parlement proposent aujourd’hui l’achat de nouveau avions de combat pour 6 milliards de francs.  L’enveloppe pourrait même se monter à 24 milliards, d’après plusieurs experts, avec les frais d’exploitation, d’entretien et de modernisation des avions. Y aurait-il aujourd’hui une raison pour que le peuple change d’avis et opte pour un achat aussi démesuré? Quelle est la menace?


« Attaque peu probable » selon le Conseil Fédéral

En Suisse, par définition, les avions de combats sont destinés à défendre notre territoire ou collaborer avec les forces aériennes des pays voisins, en cas d’attaque militaire. Or, Le Conseil fédéral reconnaît lui-même, dans son dernier Rapport sur la sécurité de la suisse de 2016, que la probabilité d’une telle attaque est quasi nulle : « Globalement, on peut affirmer qu’il est peu probable que la Suisse soit directement menacée par une attaque armée, que ce soit au sens traditionnel du terme ou sous une forme non conventionnelle, au cours des années à venir. On ne peut identifier aucun État ni aucun groupe qui dispose des capacités pour attaquer la Suisse par des moyens militaires et qui manifeste également l’intention de le faire. » (p. 36).

Par ailleurs, la Suisse est déjà dotée d’une défense aérienne, qui peut encore fonctionner de manière efficace. Elle vient d’ailleurs d’investir près d’un milliard de francs dans la modernisation des FA-18 actuels, qui pourront ainsi être opérationnels jusqu’en 2035 au moins. Elle n’a donc pas besoin de nouveaux avions de luxe.

Le Conseil fédéral le reconnaît lui-même, dans son dernier Rapport sur la sécurité de la suisse de 2016: la probabilité d’une telle attaque est quasi nulle

La preuve, lors de la votation de 2014, on nous disait qu’après 5000 heures de vol, les FA-18 étaient bons pour la casse. Suite au refus du peuple, ces mêmes FA-18 pouvaient tout d’un coup miraculeusement voler jusqu’à 6000 heures. Le Canada, qui a acheté des FA-18 avant la Suisse, prévoit de faire voler ces avions jusqu’à 8000 heures au moins.


Des milliards pour une menace non identifiée

Cet arrêté fédéral pour lequel nous devons voter est de plus un véritable chèque en blanc : la population votera sans connaître ni le nombre, ni le type d’avion et encore moins le nom du constructeur et son pays d’origine. Et le timing n’est vraiment pas le bon.

Est-il logique que la Suisse investisse des milliards pour parer à une menace non identifiée? Ne devrait-elle pas concentrer ses ressources pour répondre aux véritables menaces de ces prochaines décennies? Les cyber-attaques, les épidémies, les black-out énergétiques ou la crise climatique. Il va falloir déployer des moyens pour s’en protéger! Car contrairement à ce que prétendent les partisans de cet achat, ces 6 milliards ne sont pas dévolus au département militaire. Le parlement a le pouvoir de demander une nouvelle répartition du budget.

La Suisse doit concentrer ses ressources pour répondre aux véritables menaces de ces prochaines décennies: les cyber-attaques, les épidémies, les black-out énergétiques ou la crise climatique.

Je le vois tous les jours au Parlement : les demandes de soutien pour des places de travail mises en péril par la crise du COVID-19 viennent de toutes les branches économiques. Et ce alors même que cette crise va fortement impacter les recettes fiscales et donc la capacité des collectivités publiques à soutenir l’économie. La priorité est au sauvetage de la prospérité de la Suisse et à la transition écologique, pas à l’achat d’avions de combat !

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