Je vous propose un jeu de rôle : celui de «recruteur·se», le temps de ce blog.
Devant votre écran, plus de 100e mails liés au poste “à repourvoir”. Vous avez 5 à 10 minutes pour traiter une postulation : ouvrir et parcourir les documents, les trier, les classer, les transférer et les imprimer. Avant même de commencer, vous «savez» que vous en avez pour 1-2 jour de travail. Vous savez aussi — par expérience — que 90 % du temps investi sera «perdu». En cause ? L’analyse des candidatures «alibis» ou hors cible. Votre niveau d’empathie va fortement diminuer entre le premier CV et le 96ème, croyez-moi. Si après réflexion, vous avez un peu de compassion pour le/la chargé·e de recrutement, prenez en compte les suggestions suivantes.
1. Un dossier de candidature cohérent et structuré
Imaginez que votre dossier de candidature soit un cadeau : prenez le temps de l’emballer avec soin et d’y ajouter un mot personnel. Et non de le fourrer dans un sac en plastique taché et usagé !
Il est déroutant de constater à quel point, peu de candidats se mettent à la place du recruteur.
En discutant avec mes clients, voici leurs principales recommandations :
- Le CV et la lettre d’accompagnement doivent être rédigés dans la langue de l’annonce.
- Privilégiez le format PDF au format Word (désagréments de conversion de texte à l’ouverture du fichier).
- Sauf demande spécifique, ne joignez que le CV et la lettre de motivation (mentionnez que vous tenez à disposition les certificats et diplômes si nécessaire).
- Si vous joignez des documents complémentaires, veillez à ce qu’ils soient bien paramétrés (le dossier ne doit pas dépasser 5 mégaoctets).
- Veillez à ce que votre CV comporte une photo récente (!) et optimisée pour l’envoi.
- Évitez les noms de dossiers du genre «CV client»ou «Certificat de travail 1».(insérez plutôt «Nom_Prénom_CV», bien plus simple et lisible)
- Chassez les fautes d’orthographe.
2. Oubliez les «omissions» dans votre CV
Cacher des informations dans votre CV s’avère un très mauvais calcul. Si l’on doit chercher votre date de naissance et les mois exacts de votre temps en poste dans les certificats de travail, et de surcroît, votre lieu de domicile dans la lettre de motivation, le/la recruteur·se vous enverra au Diable. On est en Suisse, avec des us et coutumes différents de l’Europe : autant les suivre. Quelques points essentiels à retenir :
- Votre titre et votre objectif doivent correspondre au poste auquel vous prétendez («Je veux travailler dans un environnement international» – alors que le poste est pour une PME romande, fait «tache»).
- Pour les durées de chaque emploi, privilégiez la forme «MM.AA» à la forme «AAAA» (12.2018 – 01.2019 n’a pas la même valeur que 01.2018 – 12.2019).
- La règle d’or : deux pages maximum (les détails seront traités en entretien).
Il est de bon ton, dans la pratique, de mettre son objectif professionnel en tête de CV. Ceci comporte deux avantages :
- clarifier subtilement son adéquation au poste.
- mentionner le tout sur votre CV (au cas où le/la recruteur·se ne prenait pas la peine de parcourir votre lettre de motivation).
3. Une lettre de motivation inspirante
Ah ! Internet et la facilité du «clic» : nul besoin de lire l’annonce en détail. Je postule et je laisse au recruteur le soin de trier. N’oubliez pas que nous avons une excellente mémoire et que les systèmes informatiques deviennent de plus en plus redoutables. Ce serait dommage, en ne mettant pas plus de soin à votre postulation, de vous bloquer les options futures pour l’entreprise convoitée. Je ne peux résister à partager avec vous ma dernière anecdote concernant un poste où le client demandait un bon niveau d’allemand. Un candidat a eu l’excellente idée de créer un nouveau code linguistique : le «A0» (?) No comment.
En discutant avec mes collègues recruteur·se·s, voici ce qu’il en ressort :
La lettre de motivation est très importante. Insérez-la dans le corps de l’e-mail ainsi qu’en pièce jointe. Ainsi, le/la recruteur·se dispose d’un exemplaire conforme. 1 page maximum. Elle doit faire comprendre pourquoi vous avez proposé vos services, quelle est votre adéquation au poste ainsi qu’à l’entreprise. Inutile de répéter votre parcours. Mentionnez en quoi votre futur employeur vous intéresse et quels sont vos principaux atouts pour l’emploi visé. Il vous manque une compétence secondaire ? Précisez comment vous comptez la combler. Il vous manque une compétence primordiale ? Argumentez solidement pour ne pas passer tout droit dans la pile «out».
Votre lettre de candidature doit donner envie d’en savoir plus, comme la 4e de couverture d’un livre — qui vous incitera à l’acheter. Ni trop ni trop peu. Évitez les envolées lyriques du genre «c’est moi qu’il vous faut» ou encore «je suis le/la candidat·e idéal·e». Vous n’avez aucune idée du potentiel des autres postulant·e·s. J’entends aussi souvent : «Bon, j’essaie quand même, car la société m’intéresse. On ne sait jamais…». Dans la pratique, vous avez 99 % de probabilité de ne pas aller plus loin. Par conséquent, je vous suggère de faire plutôt une candidature spontanée qui décrit vos talents et ce qui vous attire dans cette entreprise.
En résumé :
- Plus vous serez précis·e dans votre candidature,
- Plus vous vous mettrez à la place du/de la recruteur·se,
- Plus vous exprimerez votre adéquation à la fonction,
- Plus vous aurez compris les tenants du poste ainsi que la société,
- Plus vous serez invité·e à un entretien.
Alors, à vos claviers !
Christophe ANDREAE [christophe.andreae@jrmc.ch – www.jrmc.ch]
Professionnel du recrutement de cadres et de spécialistes (plus particulièrement dans les profils d’expert·e·s et de cadres ingénieur·e·s ainsi que dans le secteur informatique). Enfin, j’aime également partager mon expertise pour des missions confidentielles ou dites sensibles.
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