Demain le commun

Voulez-vous vous faire ubériser?

Marre d’attendre votre électricien toujours en retard?

Marre des heures de travail facturées à des prix prohibitifs?

Marre de ne pas trouver d’installateur qui se déplace après 19h?

Marre de devoir faire appel à un professionnel certifié pour contrôler vos installations ou raccorder une nouvelle chaudière?

Avec e-lectricien.ch et son application pour smartphone disponible sur l’App Store et Google Play, c’est fini! En quelques clics, nous nous assurons de faire venir chez vous quelqu’un qui règle votre problème.

Avec e-lectricien, fini les complications: Pas de CFC, pas d’autorisation selon l’ordonnance fédérale sur les installations à basse tension, pas d’enregistrement de l’horaire de travail, pas de salaire conforme à la convention collective. Simplement un pool d’intervenants débrouillards et capables, contre une modique rémunération, de résoudre votre problème!

Avec e-lectricien, vous avez enfin ce qu’il vous faut et rien de plus: un type qui vient chez vous régler votre problème pour pas cher. 

Evidemment, cette publicité est légèrement caricaturale. Par ailleurs, à ma connaissance, elle est (encore) fictive. Mais si je sors ce blog d’une pause trop longue due aux élections communales pour vous la soumettre, c’est parce qu’elle peut, je crois, aider à réfléchir. Le problème principal dans la construction de la problématique Uber dans le discours public d’aujourd’hui réside dans une confusion, voulue par les uns, entretenue par les autres, entre deux types d’« innovations » apportées par cette nouvelle offre:

Il est possible qu’Uber pose de bonnes questions, y compris sur la deuxième série de facteurs évoqués ci-dessus. Certaines normes sont-elles obsolètes? Faut-il faciliter l’accès à certains secteurs d’activité, abaisses les exigences d’admission à certaines professions? Quel équilibre souhaitons-nous entre la sécurité à long terme et le bas prix des prestations? Débattons-en: nous savons tous comment certaines instances officielles peuvent parfois faire preuve de zèle dans l’application de règlements, voire parfois créer des contraintes de toutes pièces. Débattons-en, donc, mais lucidement et franchement – et non pas dans une forme de transe admirative face à la créativité technologique, qu’elle vienne de Californie ou d’ailleurs.

Et enfin, parlons de salaires: une bonne partie des prix bas d’Uber, en particulier du produit UberPOP, s’explique très simplement. Les chauffeurs en tirent des salaires misérables, d’une dizaine de francs de l’heure – alors que la profession ne se distinguait pas, à la base, par des revenus mirobolants. La flexibilité qui semble aujourd’hui l’exigence maîtresse faite aux salariés montre un autre visage, et se confond avec ce qu’il est convenu d’appeler en Suisse le “dumping salarial” (ou sous-enchère), et qui consiste simplement à payer les gens qui travaillent bien moins cher qu’il n’est d’usage dans la branche et dans la région.

A ce tarif-là, qui veut se faire ubériser?

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