Planter un million d’arbres en Amazonie

Je rentre d’Amazonie, où je suis allée avec un objectif principal : organiser la mise en place de la plantation d’un million d’arbres. Parce qu’il est temps d’agir concrètement. Parce que les discours sont utiles, mais qu’il y a urgence de restaurer la Terre. Parce que tout le monde s’agite pour le climat – c’est très bien – mais qu’il est temps de passer à l’action. Il me paraît évident que planter des arbres constitue la plus belle action à mettre en place, ensemble et au plus vite. Sans effet rebond et d’une simplicité extraordinaire, il s’agit du geste que nous pouvons tous faire. Mon idée est donc de lancer une “Fondation pour le Vivant” pour ensemble planter des arbres et prendre soin de la Terre avec une première priorité: reforester l’Amazonie.

Une fois sur place cependant, le sujet de la plantation d’arbres n’a habité mon esprit que quelques heures. J’ai en effet réalisé que de leur côté, tout est prêt. Ils ont dans l’idée non pas de planter un million d’arbres, mais trois millions ! Après quelques discussions, j’ai compris que non seulement ce peuple le souhaite, mais que cette région de l’Acre, connectée avec d’autres peuples premiers et avec l’appui de la commune la plus proche, est prête à s’investir pour faire naître plusieurs millions d’arbres.

Des études de terrain ont déjà été menée avec des institutions, un plan de déploiement existe déjà et leur connaissance de la forêt est complétement fascinante. Car on ne parle pas de plantation d’arbres « à l’occidentale »; on parle de recréer des forêts vivantes, des paradis pour le déploiement de toutes les espèces en symbiose avec la Terre.

Au programme: plantation d’arbres fruitiers pour que les animaux reviennent, puis plantation de grands arbres adaptés selon la venue de certains animaux et l’apparition d’autres plantes. Il est aussi prévu d’y intégrer la connaissance de l’eau et des autres cycles (saison pluviale et saison sèche). La forêt est une source infinie de nutriments pour toutes les espèces, mais elle joue également le rôle de refuge, de médicament et permet le déploiement de dimensions spirituelles. Pour le peuple Puyanawa, la forêt est le plus grand des enseignants, et c’est elle qui nous guérit dans chaque étape du chemin de notre âme. C’est notre plus grand maître spirituel et notre maison naturelle.

Cette spiritualité de la Terre et de la vie m’a profondément touchée. En effet, si ici nous possédons une certaine spiritualité, elle est davantage axée sur les concepts de ciel ou d’esprit que sur la matière et le vivant, dont elle semble déconnectée. En présence du peuple Puyanawa, j’ai compris combien nous avions oublié que la Terre est le plus beau rêve d’amour possible.

La Terre, c’est la vie dans sa plus belle expression: sans fin, multiple, se régénérant en permanence, se nourrissant elle-même, évoluant dans une multitude d’esprits, profondément sacrée. Notre corps lui-même est constitué de millions d’organisme vivants. Nous sommes eau, terre, feu et air. Nous vivons dans une fête de vie permanente et nous en sommes à peine conscients. Le soleil nous donne de la vitalité, la vie nous nourrit chaque jour, l’air nous traverse tous, reliant nos énergies et nos esprits.

La Terre est pur amour, et le vivant est la manifestation de l’amour dans la matière.

Barbara Steudler

Passionnée par la Vie, l'écologie et les nouveaux modèles de société, Barbara Steudler s’engage depuis 15 ans à la création de nombreux projets durables visant à fédérer et mobiliser en vue d'une société plus douce pour la Terre et les êtres vivants, via son activité au sein de l’association NiceFuture qu’elle a fondée et dirige.