Des changements durables

Vous chantiez M. Nantermod ? Et bien dansez maintenant…

Vous chantiez ? j’en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant. », ces derniers vers de la fameuse fable de La Fontaine me sont venus à l’esprit en lisant la chronique de Philippe Nantermod publiée le 12 février dans Le Temps.

Comme la cigale de l’histoire, M. Nantermod et ses acolytes ne se soucient guère de la catastrophe vers laquelle nous nous dirigeons si nous ne changeons pas drastiquement de système. Les ressources ne sont pas totalement épuisées, la hausse des températures est encore supportable (en tout cas sous nos latitudes) et les catastrophes naturelles et environnementales n’ont pas encore aplati la courbe du PIB, alors pourquoi s’inquiéter ? On trouvera toujours afin de se donner bonne conscience plus gros pollueur que soi, un pays qui émet plus de Co2 ou dont les efforts pour réduire ses émissions sont encore plus maigres que les nôtres. Que de bonnes raisons de ne rien faire, de nous complaire dans notre prétendue et fantasmée excellence.

Or la réalité est un peu moins rose que ce qu’affirme M. Nantermod. S’il compare le bilan carbone d’un suisse à celui d’un américain, il oublie de préciser que nous émettons par tête deux fois plus de CO2 qu’un brésilien, ou cinquante fois plus qu’un malien ! Il y a donc une marge de progression certaine dans notre pays, et ce sans toucher à notre qualité de vie. Sans oublier que notre économie si bien insérée dans la globalisation externalise dans d’autres pays une grande partie des émissions nécessaires à la fabrication de ses biens de consommation. Si l’on prend en compte également ces données, la Suisse se trouve au 14ème rang des pays les plus pollueurs. On a vu mieux comme bon élève !

Sans « revenir à la charrette et à la bougie » comme le répètent de manière aussi bête que méchante celles et ceux qui ne veulent rien voir changer, il y a beaucoup à faire en Suisse, que ce soit en modernisant nos systèmes de chauffage, en réduisant nos besoins en déplacement ou en changeant certaines de nos habitudes de consommation. Le Parlement à un rôle essentiel à jouer en la matière, tout comme l’économie ou nous toutes et tous en tant que citoyens.

Le jour où des places se libèreront au congrès du Parti Communiste chinois, j’invite M. Nantermod à postuler, afin d’infléchir sur « le bon vouloir des plus grands » comme il le dit. D’autres – et ils sont de plus en plus nombreux – ont décidé d’agir ici et maintenant, à leur échelle et selon leurs possibilités pour changer un système qui n’est plus viable à long terme. Ils ne résoudront sans doute pas à eux seuls le problème du réchauffement climatique, mais ils apportent une pierre bienvenue à un édifice qui ne se construit que trop lentement. Alors au lieu de les juger avec le mépris inconscient d’une cigale aux portes de l’automne, retroussons-nous les manches pour leur donner un coup de main, car c’est de notre avenir et de celui des générations futures dont il est question.

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