Zero déchet, en route vers un nouveau mode de vie!

Du port du masque (réutilisable) en temps de pandémie. Et si on misait sur l’intelligence des gens?

La réflexion à laquelle je vous invite dépasse un peu le cadre du zéro déchet. Elle concerne le port du masque hygiénique en période de pandémie – à usage unique et jetable versus en tissu, lavable et réutilisable – ainsi que le discours incohérent que l’on entend de la part de nos autorités politiques et sanitaires. Je l’affirme: l’écran anti-postillon (en tissu) est une 7ème mesure de protection incontournable. Le masque en tissu est une bonne solution alternative et en plus, il ne génère aucun déchet.

Les masques hygiéniques (à 3 plis, ou chirurgicaux) sont à utiliser 4 heures et à jeter. Les masques de protection (FFP2) sont à porter 7-8 heures et à jeter. Pas très zéro déchet, vous en conviendrez. Mais en matière médicale, “il faut ce qu’il faut” penserons certain.e.s.

Et les masques artisanaux en tissu que l’on lave souvent ? Bonne nouvelle, en cas de pénurie, le tissu permet d’éviter de diffuser ses virus autour de soi. Car si vous êtes porteur ou porteuse sain.e, vous ne le savez pas, n’est-ce pas ? Le masque en tissu – sans couture centrale – permet de limiter la diffusion du virus à autrui, tout en ne faisant pas gonfler nos poubelles. Et cela empêche certains intermédiaires de se remplir honteusement les poches. Le port de masques devrait nous permettre de vivre assez sereinement la période de transition qui nous sépare de la découverte d’un vaccin ou de médicaments. A la condition que cela devienne la norme, adoptée par toutes et tous.

Et bien, aussi incompréhensible que cela puisse être, pour nos autorités, le masque en tissu, c’est du folklore. Pire, porter un tel masque, alors qu’on ne trouve plus de masques jetables depuis des semaines, serait même “contreproductif”. Vraiment ? Les raisons avancées pour soutenir un tel discours valent qu’on s’y attarde un peu. Mais avant cela, je vous invite à un petit effort d’imagination…

A la plage, au soleil…

Imaginez-vous en vacances, sur une terrasse. Il est 15 heures, le soleil tape dur. Il fait chaud, vous êtes légèrement vêtu.e, vos épaules et vos mollets sont à l’air. C’est le début des vacances, et votre peau est plutôt blanche. Suivant les précautions données par tous les dermatologues et les cancérologues du pays, vous vous étalez une couche de crème solaire pour vous prémunir de méchants coups de soleil. Vous faîtes bien. Mais en avez-vous mis assez ? Je reviens plus tard sur cette petite question, anodine.

Imaginez-vous cet été au bord de la piscine ou du lac, en plein mois de juillet. Il fait si chaud que vous transpirez sans efforts allongé.e sur votre serviette. Après un temps plus ou moins long de bain de soleil, vous décidez d’aller vous rafraîchir dans l’eau. Suivant les recommandations des autorités cantonales affichées partout, vous entrez doucement dans l’eau et commencez par vous asperger gentiment les bras, les jambes, la nuque, et pour les courageux, le ventre, avant le plongeon salvateur. Mais vous êtes-vous habitué.e à la température de l’eau assez lentement ? Petite question ridicule, qui aura son importance dans la démonstration plus avant.

Retour dans la dure réalité. Alors que la France, conseillée par un comité de scientifiques, n’imagine pas une rentrée des classes sans le port obligatoire du masque, que dit-on chez nous? Que le masque n’est pas utile quand on est en bonne santé. Et qu’il doit être réservé au personnel soignant.

Masques d’hygiène et masques de protection : tour de passe-passe sémantique

On appréciera l’incohérence du propos. Un masque serait inutile pour nous, simples péquins, mais indispensables pour les professionnels. En fait, le Conseil fédéral ne fait que gérer la pénurie scandaleuse de masques hygiéniques mais surtout, et ça c’est une véritable bombe à retardement en matière de responsabilité pénale, de masques de protection FFP2 pour le personnel hospitalier (infirmiers, doctoresses, etc). Par un petit tour de passe-passe sémantique, on dit au personnel soignant: portez des masques hygiéniques et considérez-les comme des masques de protection.

Juste pour se remettre les idées en place et utiliser les mots corrects, voici les photos de deux boîtes de masques retrouvées à la faveur d’une mise en ordre de ma cave. J’avais acheté ces masques en suivant les recommandations de l’OFSP, du temps de l’épidémie de H1N1 il y a 11 ans … Un masque à 3 plis est appelé un masque d’hygiène. Il sert à ne pas diffuser ses propres virus. Un masque FFP2 est appelé un masque de protection. Il sert à se protéger d’une infection. Il n’y avait aucune ambiguïté à l’époque.

50 masques d’hygiène, pour 4 francs 90… on appréciera l’inflation intervenue depuis, qui est, officiellement, de 0,2% en 10 ans!!!
Non, ce masque ne sert pas à se protéger…
… il sert à réduire la transmission des sécrétions. Aucune ambiguïté!
Masque de protection FFP2. 20 pour 14.90 !
Dans le carton, les recommandations de l’OFSP : “Le port d’un masque peut contribuer à réduire les risques de transmission des virus de la grippe s’il est utilisé correctement. Si une pandémie se déclare, l’OFSP fera savoir, en temps voulu, dans quelles situations le port du masque est recommandé.”

Une autre illustration, tirée du site www.stop-postillons.fr, explique bien à quoi servent les deux types de masques parmi les mesures de protection.

(c) www.stop-postillons.fr. Le masque en tissu est un E.A.P (écran anti-postillons). Le masque FFP2, tout à droite, est réservé au personnel soignant.

Zinzin, parano et égoïste !

En résumé: en 2009, l’OFSP s’invitait dans les boîtes de masques hygiéniques et FFP2 qu’on nous conseillait d’acheter et de stocker “en cas de pandémie”, et y diffusait ses bons conseils.

En 2020, pour le Conseil fédéral et l’OFSP, si vous avez la chance d’avoir pu acheter des masques hygiéniques, rien ne vous interdit d’en porter, mais ce n’est pas officiellement recommandé. Sauf lors de circonstances particulières comme de ne pouvoir respecter la distance sociale de 2 mètres (soins, soins à la personne comme dans les salons de coiffure… transports en public bondés), les autres mesures barrière étant toujours autant valables (se laver les mains, tousser dans son coude, rester chez soi, etc…). Mais si, hors de ces circonstances, ça vous rassure, personne n’interdit le port du masque, déclare notre gouvernement.

En gros, le propos officiel sous-entend que si vous portez un masque en étant bien portant.e, vous êtes une personne un peu zinzin, paranoïaque, complètement à côté de la plaque et surtout, vous avez privé un.e pro d’un matériel dont il ou elle a absolument besoin. En plus d’être zinzin, vous vous montrez égoïste et sans coeur. Soyez maudit.e, ce n’est pas en tapant des mains à 21 heures que vous sauverez votre âme de porteur ou de porteuse de Covid-19 qui s’ignore !

L’écran anti-postillons : la 7ème mesure barrière

Lisons les propos du bon Dr. Koch, responsable de la division maladies transmissibles à l’OFSP, à la question d’un journaliste pose sur les masques en tissu à la conférence de presse de mercredi dernier :

“Les masques peuvent être contreproductifs, notamment lorsqu’ils empêchent d’avoir une distance sociale nécessaire. Il est faux de penser que si l’on porte n’importe quoi autour du nez, c’est mieux que rien. Au contraire, cela peut être pire parce que les gens ne respecteront pas les règles de distance et dans ce cas les gouttelettes peuvent très bien passer à travers un tissu qui n’est pas propre”.

Plusieurs remarques s’imposent ici avant d’aller plus loin…

Un masque en tissu est-il efficace ? Cette étude américaine de Anna Davies en 2013, le démontre:

“The median-fit factor of the homemade masks was one-half that of the surgical masks. Both masks significantly reduced the number of microorganisms expelled by volunteers, although the surgical mask was 3 times more effective in blocking transmission than the homemade mask.”

Et de conclure ainsi :

“Our findings suggest that a homemade mask should only be considered as a last resort to prevent droplet transmission from infected individuals, but it would be better than no protection.”

Certes, on peut faire les choses “à la Suisse” et faire tester différents tissus par l’EMPA pour savoir lequel est le meilleur, comme l’a annoncé M. Koch. Ce qui va prendre des lustres.

Ou alors, on peut conseiller aux gens de confectionner leurs masques (oui, il en faut plusieurs par personne), leur indiquer quels modèles (p. ex. en évitant la fameuse couture au milieu, car qui dit couture, dit trous par où les postillons peuvent passer), dire comment les porter, et déclarer que le port du masque n’est pas inutile ni contre-productif, mais qu’il s’agit d’une septième mesure barrière. Qui plus est, elle ne génèrera pas de montagnes de déchets.

Une vidéo est plus parlante que mille mots…

Et si l’OFSP misait (enfin) sur l’intelligence des gens ?

Maintenant, reprenons les deux exercices d’imagination plus haut. Selon la logique “kochienne”, si vous ne vous êtes pas tartiné.e la moitié du tube sur la peau (c’est ce qu’il faut faire: 2 mg / cm2 ou 30 ml pour tout le corps, soit 2 cuillerées à soupe), vous pouvez renoncer à vous mettre de la crème solaire pour vous protéger d’un cancer de la peau. Si vous n’avez pas pris au moins cinq minutes à vous habituer à la température de l’eau, bah, plongez donc la tête la première en étant encore brûlant.e de soleil ! Les recommandations pour préserver votre santé ne seraient donc valables que si elles sont respectées à la lettre, à 100%. Ce n’est pas le cas ? Alors renoncez… Une logique assez bancale, non ?

Le masque en tissu n’est pas parfait, mais c’est mieux que rien. Et oui, même un torchon de cuisine diminue le risque de propagation du virus.

Pour en revenir à la France, il n’y a pas plus de masques que chez nous. Sans doute la même logique libérale est intervenue dans le domaine de la santé. Ils n’ont pas de masques, mais ils ont des idées. Je vous recommande ce site réalisé par quatre médecins français déjà cité plus haut: www.stop-postillons.fr. Les informations données par les Dr. Jonathan Favre et Michaël Rochoy, médecins généralistes, le Dr. Thibault Puszkarek, médecin généraliste et ancien chef de clinique des universités de Lille et le Dr. Antoine Hutt, radiologue spécialisé dans l’imagerie du thorax et ancien chef de clinique des universités de Lille sont convaincantes. On vous dit comment faire un masque (pas besoin de machine à coudre), comment le porter, comment le laver et on vous rappelle que les autres mesures barrière sont toujours aussi importantes.

Ces médecins n’utilisent pas de circonvolutions langagières et ne nous prennent pas pour des buses. Au contraire, ils misent sur l’intelligence des gens. Et ça, ça fait un bien fou par les temps qui courent. Il ne me reste plus qu’à sortir ma machine à coudre…

 

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