Zero déchet, en route vers un nouveau mode de vie!

Micropolluants: tirons la chasse !

Image de la campagne “Doucement la dose”

Le Valais demande à ses concitoyens de réduire leur consommation de… savon ! De Monthey à Münster, on va faire la chasse aux micropolluants, je l’ai entendu hier à la radio. Cela m’interpelle car ces polluants sont aussi des déchets qui posent de sacrés problèmes aux stations d’épuration. Et pourtant, pour du “propre en ordre”, très peu de produits font l’affaire. En bonus : une recette de gel WC fait maison en fin d’article !

Les micropolluants sont des substances bien pratiques dans les pesticides (insecticides, fongicides, herbicides), mais aussi dans les produits ménagers. C’est ce qui rend ce gel pour nettoyer la cuvette des WC si bleu. Les cosmétiques ne sont pas en reste, tout comme les médicaments. En gros, il s’agit de “métaux lourds et de substances synthétiques, issues de la chimie du pétrole et présentes chacune en très faible concentration dans l’eau (…)”. C’est le site www.energie-environnement.ch qui donne cette définition et lance sa campagne “Doucement la dose”… en 2011 déjà.

Eh oui, le Valais lance sa campagne avec presque 10 ans de retard par rapport à ses collègues romands et bernois. Il est vrai que le Valais est la patrie d’industries chimiques lourdes et se revendique comme le “second pôle de la pharma suisse” après Bâle. Ceci explique peut-être cela.

Mais ne soyons pas mauvaise langue car il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Au rythme où les pesticides sont épandus chaque année sur les champs et dans les jardins familiaux, la pollution de ces microdéchets n’est pas prête de se tarir. Les industries chimique et pharmaceutique sont bien entendu pointées du doigt. Mais Monsieur et Madame Tout-le-Monde sont loin d’être innocents. Les comportements individuels sont aussi à modifier. Les effets cumulatifs et à long terme de tous ces produits de synthèse sont suspectés d’être dévastateurs pour la santé humaine, en particulier sur notre capacité reproductive ou autres dérèglements dans notre organisme. Le fameux “effet cocktail” est hautement difficile à quantifier, mais on suspecte déjà de graves perturbations de nos systèmes hormonaux, pour le moins.

Nos stations d’épuration épurent les matières organiques, mais elles ont du mal avec les substances inventées par l’homme. Alors ces micropolluants sont simplement rejetés dans la nature. Et au final, nous les consommons. D’où l’image choc du verre de vin coiffé d’une lunette WC. Alors, on peut déjà s’attaquer à ce que nous consommons: savons, gels douche, produits pour nettoyer le linge, le sol, la vaisselle, ce qu’on utilise pour désherber la terrasse, nettoyer la voiture, traiter le bois contre les intempéries ou la barrière du jardin contre la rouille.

Ban the beads !

Tout est à revoir ! Sortez la loupe et examinez les étiquettes ! Scannez la composition de vos produits cosmétiques avec une appli pour en comprendre la composition et son degré de nocivité (yuka, frc cosmétiques, inci beauty…). Faites des choix réfléchis, posez-vous des questions.

Avez-vous vraiment besoin d’un “scrub” pour retrouver une peau de pêche et venir à bout des cellules mortes de votre visage ou de votre corps, quand le gant de crin ou le massage de bicarbonate de soude font parfaitement l’affaire ? Les crèmes désincrustantes contiennent des microbilles en plastique très polluantes. Pour vous en convaincre, regardez ce petit bijou de vidéo de The Story of Stuff Project:


A noter que la législation sur les produits de nettoyage laisse grandement à désirer: la déclaration des composants joue au flou artistique.

Quand on est sur la voie de la réduction des déchets, on ne chasse pas seulement les contenants, mais aussi les contenus indésirables, comme les micropolluants. Et si on commençait par chasser ce qui n’a rien à faire au petit coin ?

Le papier WC imprimé et parfumé, le bloc que l’on laisse dissoudre dans le réservoir de la chasse d’eau pour que l’eau soit bleue, celui qu’on suspend au rebord de la cuvette (pour nous économiser la corvée du récurage?), le patch de gel à diffusion lente qu’on applique chaque semaine à l’intérieur de la cuvette (et dont la moitié part dans la canalisation au prochain coup de brosse), le spray pour chasser les mauvaises odeurs… et l’eau de Javel.

Rien de tout ces produits n’est nécessaire, ni utile. Et tous sont toxiques pour nous et l’environnement.

Pour garder son petit endroit toujours nickel, rien ne vaut… l’huile de coude! Un nettoyage régulier plusieurs fois par semaine avec un produit adapté, non polluant, qui détartre et dissout les salissures, voilà ce qui fonctionne. On en trouve dans les rayons des épiceries vrac, des drogueries et aussi parfois des supermarchés, en qualité 100% biodégradable (moins, c’est trop ! Attention aux étiquettes “vertes” très alléchantes mais trompeuses !).

Ou alors on prend 10 minutes de son temps et on fabrique son propre gel wc. Personnellement, j’en produit 3 bouteilles à la fois pour être tranquille plusieurs semaines.

Pour fabriquer du gel WC à gicler sous le rebord, voici comment faire.

Gel WC détartrant et nettoyant Zéro Déchet, fait maison en 10 minutes chrono

Récupérez une bouteille à col coudé vide.

Dans un bol en verre, délayer dans 6 dl d’eau très chaude une tasse d’acide citrique. Cette solution seule permet déjà de détartrer efficacement la cuvette des WC.

Toutefois, la cuvette a des rebords et on est habitué à la formulation en gel qui reste un moment accroché aux parois de la porcelaine. Il faut donc gélifier cette solution. On le fera avec un gélifiant d’origine naturelle (2 cuillerées à café de gomme de guar ou de gomme de xanthane) à saupoudrer et à incorporer au fouet. On peut aussi utiliser de la poudre d’agar agar, un gélifiant à base d’algues ou même de la fécule de pomme de terre ou de maïs, comme dans la fondue. Il faut toutefois cuire la solution durant quelques minutes pour que la gélification ou l’épaississement ait bien lieu en refroidissant.

Pour plus d’efficacité de nettoyage, j’y ajoute 1 petite cuillerée à café de poudre de SCS ou sodium coco sulfate. C’est un tensio-actif issu de la noix de coco, que l’on trouve dans toute bonne épicerie en vrac. Je la dilue dans 2 cs d’eau très chaude, sur feu doux, et la rajoute avec précaution à la solution d’acide citrique déjà gélifiée.

A ce stade, on peut s’arrêter là. Il est aussi possible d’ajouter des huiles essentielles choisies pour leur pouvoir bactéricide, virucide et fongicide, comme le tea tree, la menthe, l’eucalyptus, le citron. Là aussi, le slogan “Doucement la dose” est de mise! Les huiles essentielles sont précieuses, donc à ne pas gaspiller inutilement.

Il suffit alors de transvaser petit à petit ce gel refroidi dans la bouteille à col coudé au moyen d’un flacon souple à embout (au rayon bricolage, ou bien demandez à votre voisin de conserver le flacon vide de sa prochaine teinture capillaire, cela fera parfaitement l’affaire).

Chasse poétique aux odeurs

Et pour chasser les odeurs, me direz-vous ?

Pour vous récompensez de vos efforts, voici le poème de circonstance…

Le petit endroit

Vous qui venez ici dans une humble posture

De vos flancs alourdis décharger le fardeau

Veuillez, quand vous aurez soulagé la nature

Et déposé dans l’urne un modeste cadeau

Épancher dans l’amphore un courant d’onde pure

Et sur l’autel fumant placer pour chapiteau

Le couvercle arrondi dont l’auguste jointure

Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau.

Alfred de Musset à George Sand, 1888

Quitter la version mobile