Le grain de sable

Je te tiens par la barbichette

L’atroce guerre ukrano-russe est marquée par un phénomène qui prêterait à rire si la situation n’était aussi tragique pour tant de millions de personnes : un désintérêt mondial pour la cause de deux actes  de sabotage, soit la destruction des gazoducs et la rupture du barrage de Kakovka. La presse n’a manifesté aucune curiosité pour le premier et ne semble pas passionnée par le second.

Que la question des gazoducs ne passionne personne, on peut le comprendre car il n’y a pas eu de dommages humains directs. Mais que la catastrophe du barrage ne provoque pas plus « d’excitation », est surprenant. Apparemment, ni M. Poutine, ni M. Zelensky ne pousse de cris de putois. Et pourtant le dommage est gigantesque. La presse occidentale parle d’un « crime de guerre » et ne l’impute évidemment qu’à M. Poutine, mais se lance dans des supputations pour savoir « à qui profite le crime ».

Peut-être ne s’agit-il « que » d’un accident, d’une fausse manœuvre ; il est clair cependant que la cause de la catastrophe ne peut être revendiquée par aucun des belligérants : une telle maladresse serait difficile à pardonner vu les milliers de personnes en souffrance.

Si vraiment, dans les jours qui viennent, aucun des belligérants ne réclame une enquête internationale à hauts cris, cela pourrait bien être un indice que les protagonistes de cette affreuse guerre se livrent en effet au petit jeu de « je te tiens par la barbichette » et prient pour que personne n’ait envie d’éclaircir les mystères.

A vrai dire, un article de M. Frédéric Koller (LT de ce 10 juin, p. 9 en bas) aborde la question. On y lit : « S’il est légitime de s’interroger sur le dynamitage des gazoducs de Nord Stream – de plus en plus d’indices semblent indiquer une opération d’un commando ukrainien – il y a peu de doutes que la destruction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka soit le fait de l’occupant russe. Reste à savoir si c’était intentionnel ou non ».

Ainsi donc, il serait légitime de s’interroger sur la cause et l’auteur du dynamitage de gazoducs qui n’a pas entraîné de pertes humaines, mais on se contente de « peu de doutes » pour accuser l’occupant russe de crimes de guerres, réservant toutefois la thèse possible de l’accident.

Je me demande ce que l’Allemagne pense des « indices » de l’existence d’« une opération d’un commando ukrainien » compromettant définitivement son avenir énergétique gazier bon marché qui fâchait l’Amérique et pourquoi personne ne parle de ces indices.

Qui osera se lancer officiellement dans la recherche des vrais auteurs de ces deux sabotages ? Le silence de M. Zelensky au sujet du second est particulièrement surprenant.

 

 

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