Le grain de sable

Si escalade il y a, c’est hélas! le propre de la guerre

L’auteur de l’éditorial du Temps de ce 24 janvier a cette phrase terrible, à propos de la guerre en Ukraine, phrase mise en évidence en rouge : « Si escalade il y a, elle est du seul fait de l’agresseur de l’Ukraine »…

Impossible de ne pas réagir.

Oui, c’est la Russie qui a attaqué l’Ukraine ; oui, la défense ukrainienne est pleinement légitime et la résistance du pays, magnifique, mais…. Contrairement à ce que dit le même éditorial, ce n’est pas, à travers l’agression de l’Ukraine, « l’agression du continent européen».

C’est l’assimilation de l’Ukraine au continent européen qui est à l’origine de l’escalade

Le soutien massif de l’Otan à l’Ukraine  – qui n’en est pas membre – par l’envoi d’armes et spécialement de la part des Etats-Unis, les sanctions européennes, accompagnées toujours de l’affirmation que c’est le continent européen qui est attaqué à travers l’Ukraine, que c’est la lutte de la démocratie contre la tyrannie, les injonctions de M. Zelensky, pour « écraser la Russie » contribuent largement à faire monter les enchères. Et malheureusement, c’est le propre de la guerre, chacun monte le ton dans l’espoir de faire plier l’autre.

L’escalade est imputable autant aux uns qu’aux autres, alors qu’on attendrait un énorme effort du côté européen – voisin du théâtre des opérations – et des Américains ( ?) pour pousser à la paix. Hélas ! côté occidental, ce sont des contorsions à n’en plus finir pour ne pas déclencher une « vraie » guerre mondiale et néanmoins vaincre la Russie : en deux mots, comment assurer l’escalade sans explosion ?

L’Allemagne est « torturée » moralement

Comme le dit très justement l’auteur du même éditorial, « une fois que les chars » (Léopards) « seront sur le terrain, l’Allemagne sera sous pression constante pour assurer leur bon fonctionnement… En armant ainsi l’Ukraine, l’Allemagne prend … un risque, celui de participer à un durcissement du conflit après avoir échoué dans ses tentatives de l’apaiser. »

Certains passages de l’éditorial soulignent bien la double escalade.

En réponse, on ne peut s’empêcher de citer le très beau texte de M. Nicolas Rousseau (essayiste écrivain), en page Débats du Temps du vendredi 20 janvier, texte intitulé « N’idéalisons pas trop l’Europe ». L’auteur y incite à la recherche de la paix et conclut : « Une voie certes ardue, voire ingrate, mais certainement moins dommageable à terme pour les peuples concernés que les brevets d’autosatisfaction que se délivrent les idéalistes européens ».

Plutôt que de préparer l’Ukraine à la reprise violente des combats meurtriers après l’hiver, et d’encourager ainsi l’escalade donc la guerre, l’Occident n’a-t-il pas le devoir moral de mettre tout en œuvre pour trouver un chemin vers la paix ?

 

 

 

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