Le grain de sable

Le Conseil fédéral a raison sauf…

Le Conseil fédéral n’autorise pas l’Allemagne à remettre à l’Ukraine les munitions d’origine suisse parce que cela serait contraire à la neutralité. Cela équivaudrait à favoriser un des deux belligérants.

Si les règles relatives à la neutralité en matière économique – exemple : les sanctions internationales – laissent un certain champ à l’appréciation politique, les règles en matière militaire sont beaucoup plus précises et ne tolèrent pas d’interprétation souple, même si la loi sur le matériel de guerre réserve des « circonstances exceptionnelles ». Le fait que l’Allemagne menace la Suisse de ne plus lui passer de commande de matériel militaire si elle ne l’autorise pas à envoyer la munition suisse en Ukraine met en évidence que l’aspect économique pourrait l’emporter, dans la décision, sur l’aspect militaire ce qui porterait un coup fatal à la crédibilité de notre neutralité. Sur le plan militaire, il n’y a pas d’exception sauf en cas d’attaque directe ou de menace du pays. Puisse le Conseil fédéral ne pas céder aux sirènes des combattants du « bien absolu » contre le « mal absolu ». Peut-être que, par un zèle actuel intense contre la Suisse, l’Allemagne entend faire oublier à ses alliés de l’OTAN qu’elle n’avait pas, jusqu’à l’invasion de l’Ukraine, spécialement fourni d’ effort militaire, mais compté avant tout sur le parapluie de l’OTAN. Après tout, on peut bien maintenant « taper sur la Suisse pour se dédouaner ! »

Mais dans le même registre, peut-on tolérer que le Conseil fédéral punisse l’Iran pour la fourniture de drônes à la Russie ? Depuis quand la Suisse est-elle chargée de faire régner la discipline mondiale en matière de conflit militaire ? Sa tâche propre est de ne jamais cesser de proposer aux belligérants de trouver une solution de « cessez le feu » et non pas de punir les uns et d’encenser les autres. Ce n’est pas en fournissant des armes aux uns et en punissant ceux qui fournissent des armes aux autres qu’elle aura la moindre utilité. Elle donnera simplement le sentiment d’avoir enfin rejoint le peloton des « belles âmes ». Il faut une grande indépendance d’esprit et beaucoup de courage pour être fidèle à ses valeurs de neutralité. Le « qu’en dira-t-on » déteste  ces valeurs.

 

 

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