Le grain de sable

Il y a réfugiés et réfugiés

Aux nouvelles de la RTS de l’autre soir, un réfugié afghan se plaignait du statut spécialement favorable accordé aux réfugiés ukrainiens à la différence de celui accordé aux réfugiés d’autres pays, notamment, d’Afghanistan ; il réclamait le même statut favorable pour tous les réfugiés.

On peut comprendre le sentiment de frustration éprouvé par ce réfugié qui a dû faire un énorme effort pour apprendre la langue et attendre avant d’avoir le droit de chercher un travail et de pouvoir voyager en Suisse et hors de Suisse. Mais ces différences de traitement ne correspondent-elles pas à des différences fondamentales des situations ?

Maîtriser l’arrivée simultanée de plusieurs milliers de personnes

La problématique de l’accueil des réfugiés ukrainiens est totalement particulière, car on ne peut songer à laisser simplement livrés à eux-mêmes plusieurs milliers d’adultes et d’enfants. Leur permettre de trouver du travail ou d’être scolarisés est presque une question de bon sens, même si cela représente en fait un vrai tour de force d’organisation. Tour de force d’autant plus remarquable que le problème de la langue est considérable et qu’une recherche d’assimilation rapide n’est pas forcément souhaitable dans la mesure où ces personnes espèrent avant tout pouvoir rapidement retourner dans leur pays pour y retrouver entre autres pères et maris.

La preuve facilitée de la qualité de réfugié

Les nouvelles et les reportages fournissent la preuve évidente de l’agression militaire de l’Ukraine. La fuite de la population civile n’est causée ni par une tension interne de guerre civile (a-t-on parlé de réfugiés ukrainiens pendant les troubles internes du Donbass ? Les réfugiés actuels fuient-ils le régime politique de leur pays ?), ni par une problématique économique (L’Ukraine ne figurait pas parmi les pays pauvres dont les jeunes n’ont pas d’espoir d’avenir). Les milliers de civils ukrainiens, avant tout des femmes et des enfants, jouissent d’une présomption de légitimité de population globalement en danger de mort.

Les réfugiés venus d’autres pays ne peuvent pas se prévaloir de cette présomption. Ils fuient leur pays à titre individuel, souvent sans l’idée d’y retourner et doivent « prouver » leur qualité de réfugiés à titre individuel. La démarche est tout à fait différente et les mesures prises par le pays d’accueil y sont légitimement adaptées.

Plutôt que d’accréditer l’idée d’un racisme sous-jacent

Il serait souhaitable de mette en évidence la différence entre les situations des pays de provenance des réfugiés, le nombre global de ceux-ci, leurs motifs de chercher un refuge dans un autre pays. Ce sont des éléments qui peuvent parfaitement justifier des différences du point de vue des politiques et des méthodes d’accueil d’un pays, même s’ils ne peuvent jamais justifier, évidemment, un manque de respect des personnes quelles qu’elles soient.

 

 

 

 

 

 

Quitter la version mobile