Le grain de sable

Le courage des lâches

Partout en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, voire ailleurs encore et même, ô honte, en Suisse, c’est la mise au « rebut » des artistes russes, des sportifs russes, des joueurs russes, des auteurs russes y compris ceux déjà morts. D’aucuns préconisent même l’interdiction d’avoir des chats russes – ils confondent peut-être euphoniquement avec des « chars russes ». Et cette vague haineuse s’étend hélas aussi aux ressortissants russes ou russophones établis dans tous nos pays.

Que l’on craigne, ici ou là, un « agent russe » camouflé, passe encore, on serait gagné par la terreur KGB-iste des espions, mais faire ainsi porter à des particuliers qui n’y peuvent « mais » la responsabilité des actes de leur chef d’Etat – et en particulier en l’absence de toute démocratie, ce qui exclut l’association de la population à la décision de l’invasion de l’Ukraine -, c’est hélas favoriser une atmosphère de guerre d’une cruauté particulière. Cette forme de condamnation de l’action de M. Poutine est la manifestation du courage des lâches.

J’ajouterais en outre que c’est une attitude tout à fait contre-productive. En effet, quand les artistes et sportifs chassés retourneront dans leur pays et raconteront leur exclusion et leur punition, cela accréditera dans leur public la propagande officielle qui présente l’invasion de l’Ukraine comme une expédition salvatrice pour une population menacée. Si au contraire, on traitait les personnes russes de manière « normale », sans les mettre au ban de la société « pacifique », les artistes, les sportifs et autres pourraient rentrer en Russie et raconter peut-être la réalité ukrainienne visionnée par eux sur nos télévisions encore libres et rapporter des informations différentes de la propagande officielle. Cela pourrait contribuer à raccourcir la guerre.

Reprenons vite nos esprits et redevenons humains !

 

 

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