Le grain de sable

Deux tentatives de révolution sociologique fondamentale échouées

Ce sont des NON généreux (plus de 70 % dans chaque cas) qui ont sanctionné l’antispécisme de l’initiative populaire fédérale concernant l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine et de l’initiative bâloise sur l’octroi d’un droit de l’homme aux primates. On ne peut que s’en réjouir.

En effet, les deux objets proposaient plus un renversement sociologique fondamental qu’une protection (compréhensible) des animaux.

La constitution fédérale actuelle comporte un article 80 sur la protection des animaux, un art. 118 b relatif à la recherche sur l’être humain et un art. 120 consacré au génie génétique dans le domaine non humain. Distinction est toujours faite entre les humains et les animaux. Les uns et les autres ayant droit à des égards et à du respect, mais à des niveaux un peu différents ; les lois d’application des articles constitutionnels mentionnés sont d’ailleurs parfaitement distinctes les unes des autres.

Les initiants bâlois comme les initiants sur le plan fédéral allaient en fait, sous un couvert généreux, bouleverser un ordre fondamental

La chose était visible dans l’initiative bâloise – au point d’ailleurs que le vote intéressait l’opinion mondiale, à en croire la presse – mais l’initiative fédérale était – si vous me le permettez – plus « vicieuse ». Celle-ci mettait hommes et animaux dans le même sac (« expérimentation animale et humaine »); en fait, elle plaçait l’humain après l’animal dans son titre, mais aussi, parfois, dans son texte         [« intérêt global et prépondérant du sujet (animal ou humain) concerné”] ». Cette étrange démarche des initiants sur le pan fédéral explique peut-être pourquoi leur initiative n’a pas été soutenue par les associations de protection des animaux qui ne sont de loin pas toutes religieusement antispécistes.

Personne n’a, à  ma connaissance, relevé pendant la campagne, cette étrangeté de l’initiative fédérale

La particularité avait-elle réellement échappé à chacun ou bien les opposants ne désiraient-ils pas aborder un vrai débat de société ? J’opterais pour la seconde hypothèse tant il est vrai que le fait de débattre des problèmes fondamentaux terrorise le monde politique. On l’a vu à propos du mariage pour tous et de la fécondation par don de sperme pour les lesbiennes, pour la loi récente sur le changement de sexe à l’état civil. On le verra peut-être prochainement avec le don d’ovule et les mères porteuses pour les couples d’hommes. On s’étale sur les sentiments, on évite les valeurs.

Mais les passionnés de l’IA (intelligence augmentée) ne s’embarrassent pas des problèmes philosophiques et éthiques.

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