Le grain de sable

Il est temps de sonner la diane!

Il est temps de sonner la diane !

« Les jeunes en ont assez de la corruption et de la stagnation des dirigeants politiques » ; « les jeunes en ont assez de la menace envers leur sécurité physique causée par la surveillance et la militarisation de la police à l’encontre des militants et des personnes de couleur » ; « les jeunes s’avèrent plus nombreux à faire confiance à une gouvernance basée sur une intelligence artificielle qu’à celle d’un être humain ».

Ces quelques phrases extraites de l’article de M. Klaus Schwab dans le Temps du 12 octobre (p.12), article intitulé « Les jeunes détiennent les clés pour bâtir un meilleur avenir », sont inquiétantes.

 

Elles semblent légitimer la division de la société en « jeunes, présumés sains, généreux, altruistes, purs, et « vieux » (tout le reste ?), présumés favorables à la corruption, à la stagnation, à la surveillance par la police des manifestants et des personnes de couleur, donc totalitaires et racistes.

Elles semblent exprimer une haine et une méfiance à l’égard des « autres » que soi.

Elles paraissent refléter  – c’est là le plus inquiétant –  une inconscience crasse du danger que représenterait une « gouvernance basée sur une intelligence artificielle » donc une soumission totale à la puissance de la machine, une déshumanisation programmée de  la société.

De tout temps, les « jeunes » ont été choqués, voire révoltés par les « défauts » imputés aux moins jeunes (immobilisme, hypocrisie, goût du pouvoir et de l’argent), de tout temps, ils ont eu le sentiment d’être brimés dans leur liberté (souvenons-nous d’ailleurs de nos vingt ans !). C’est heureux car si on n’a pas ce réflexe et ce goût de la pureté et de l’absolu à vingt ans, alors on sent le rance.

Mais c’est la première fois que je lis que « les jeunes s’avèrent plus nombreux à faire confiance à une gouvernance basée sur une intelligence artificielle qu’à celle d’un être humain », et là, je sens naître et grandir une terrible inquiétude. Que s’est-il passé pour qu’on en vienne à préférer la machine à l’humain ? Comment peut-on souhaiter être gouverné par des algorithmes ? Comment peut-on imaginer que ces résultats froids d’équations et de formules mathématiques seront plus capables d’humanité que des êtres de chair et de sang ? Comment peut-on oublier aussi que cette IA est créée par des êtres humains pas toujours scrupuleux quand ils arrivent, grâce à cette IA adulée, à prendre le contrôle de la volonté des esclaves humains dont ils ont endormi l’esprit critique grâce à des ondes chatouillant leur paresse, leur égo et leur égoïsme ?

Et ces « jeunes-là » détiendraient « les clés pour un meilleur avenir » ? Pauvre monde ! Il est temps de sonner la diane

 

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