Le grain de sable

L’Eglise évangélique réformée du canton de VAud (EERV), son Synode et le mariage

Au moment où débute la campagne de vote relative au mariage pour tous et à la PMA pour les couples de lesbiennes, il n’est pas inutile de rappeler les différentes étapes par lesquelles l’EERV a passé au sujet de l’homosexualité, du mariage et du partenariat enregistré.

Les 25/26 janvier 2008, le Synode de l’EERV a eu l’occasion de débattre longuement du rapport du Conseil synodal au sujet de l’homosexualité et il a voté notamment deux résolutions (pérennes) à ce sujet qui valent la peine d’être rappelées :

Résolution 1 : « Ouverte à toutes et à tous l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud reconnaît comme membre toute personne qui accepte << la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit, ainsi que ses Principes constitutifs et ses formes organiques. Elle remet à Dieu le jugement des cœurs >> (EERV, <principe constitutif No 12>). Cette reconnaissance implique donc l’accueil des personnes homosexuelles sans aucune discrimination. »

Résolution 2 : « L’EERV ne célèbre pas de culte de bénédiction de mariage pour couples de même sexe. L’EERV veille à l’accompagnement des couples de même sexe, mais ne célèbre actuellement pour eux aucun acte liturgique. Avant de se prononcer sur le principe d’un acte liturgique spécifique, le Synode charge le Conseil synodal de poursuivre sa réflexion, en lien avec d’autres Eglises réformée, et de lui présenter un projet d’acte liturgique spécifique que l’EERV pourrait offrir à ces couples. ».

Le 20 septembre 2013, après de longues discussions relatives à la forme à donner à la célébration pour les couples de même sexe unis en partenariat, le Synode a voté la résolution suivante :

« Attaché à la conception du mariage défini comme l’union d’un homme et d’une femme, et considérant la différence entre le mariage et le partenariat enregistré, le Synode décide de donner suite à sa résolution de novembre 2012 en inscrivant de manière spécifique l’existence et la différence d’un rite pour partenaires enregistrés dans la Règlement ecclésiastique. »

Pour concrétiser cette résolution, et ayant à coeur de bien préciser la définition du mariage, le Synode a modifié le règlement ecclésiastique, précisant, à l’art. 274, que « La bénédiction de mariage est l’invocation de la bénédiction divine sur un homme et une femme mariés à l’état civil ».

Ce texte remplaçait la formule alors en vigueur : « Seuls les couples mariés à l’état civil peuvent demander la bénédiction de leur mariage ».

La liturgie de mariage restait, elle, sans modification et prévoit toujours (art. 277) un « rappel du fondement biblique du mariage ». La liturgie de la célébration pour les partenaires enregistrés (art. 277 quater) ne comporte pas cette précision et se contente de prévoir une « lecture biblique ».

Les deux résolutions de 2008 et celle de 2013 citées plus haut, sont l’expression d’une réflexion claire : la résolution 1, de 2008, consacre le principe fondamental de l’inclusion des personnes ; la résolution 2, de 2008, comme celle de 2013, soulignent la distinction entre les personnes et les institutions. La personne est une création de Dieu et ne peut, comme telle être exclue. Les institutions, elles, sont des créations de l’homme. Le mariage civil, comme d’ailleurs le partenariat enregistré, sont des institutions humaines, laïques. Dans quelle mesure doivent-ils être, en tant qu’institutions civiles, reconnus par l’Eglise ? Le débat concernant le mariage pour tous est en tous les cas ouvert et tant que le Synode de l’EERV n’a pas décidé – après discussion et, on l’espère, consultation des paroisses – d’abroger ses résolutions et de modifier son règlement ecclésiastique, on ne saurait prétendre (voir LT du 21 août, p. 5 en bas) que « seules les personnes membres des Eglises chrétiennes libres sont des opposants résolus au mariage pour tous ».

Quitter la version mobile