Le grain de sable

De la bonne ou mauvaise application du principe de précaution

On peut trouver sur internet une interview passionnante au sujet de l’actuelle pandémie, interview de Monsieur Jean-Dominique Michel, anthropologue et spécialiste mondial de santé publique, à Genève. M. Michel a également publié, y apprend-on, plusieurs articles sur le sujet dans la Tribune de Genève. Curieusement, personne ne l’invite à Infra-Rouge ni sur les ondes. Or ce qu’il dit, de manière pondérée et respectueuse d’autrui, mais claire et franche, est du plus haut intérêt.

La Suisse aurait interdit la vente à des médecins privés du médicament recommandé par le prof. Raoult, ce médicament étant soudainement réservé à la pratique hospitalière

Depuis le début du confinement, la vente du médicament recommandé par le prof. Raoult – et qui est un médicament officiel contre le paludisme –  serait « réservée à la pratique hospitalière » (ce sont les termes de l’interview). M. Jean-Dominique Michel, atteint lui-même du corona au tout début du confinement, a, en plein accord avec son médecin, voulu acquérir le médicament. Il déclare s’être « heurté au rideau de fer des pharmacies » et avoue avoir réussi à se procurer le remède de manière peu légale.

Cette information ne manque pas d’être inquiétante : de quel droit, un remède officiellement utilisé contre le paludisme, donc parfaitement valable et reconnu, pourrait-il être interdit à la vente sur ordonnance médicale privée, alors qu’il peut, selon les expériences chinoises notamment, être utile, voire très utile, dans le traitement du corona ? Pourquoi serait-il réservé à la pratique hospitalière ?

On nous a dit, lors de « l’affaire Raoult », aux nouvelles, que des recherches étaient actuellement en cours afin de déterminer l’efficacité réelle du médicament contre le corona et le stade de la maladie où l’utilisation dudit médicament serait la plus adéquate. On nous a dit aussi que si le moment du traitement était mal choisi, le médicament pouvait s’avérer dangereux, voire mortel. Les médecins privés sont-ils vraiment tellement irresponsables et ignorants qu’ils ne puissent à aucun moment tenir compte de ces incertitudes et en discuter avec leurs patients ?

Pourquoi une restriction en faveur de la pratique hospitalière ?

Le principe de précaution a été avancé en relation avec les vérifications scientifique à opérer. S’agit-il encore vraiment d’un tel principe quand les probabilités d’effets positifs sont au moins aussi élevées que celles d’effets négatifs, à en croire l’expérience chinoise ? La chose est pressante. Sans doute essaie-t-on d’avancer rapidement.

On nous a dit, il y a six semaines, que des vérifications étaient en cours

Où en est-on aujourd’hui des vérifications ? Une information suivie et une discussion ouverte entre des médecins praticiens privés, des chercheurs, des médecins d’hôpital et des spécialistes de la santé publique seraient une forme d’honnêteté à l’égard des citoyens. On nous tient au courant jour après jour de l’évolution de la maladie, il serait indispensable de nous tenir aussi au courant de l’évolution des connaissances relatives à un remède déjà existant et approuvé par certains scientifiques plutôt que d’empêcher des médecins privés de recourir à ce traitement en plein accord avec leur patient. Cette absence d’information et cette étonnante interdiction créent un malaise.

 

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