Le grain de sable

Le français massacré par la pub

Indépendamment du goût immodéré pour un anglais « de cuisine » – il faut « faire branché » – la publicité participe allégrement au massacre du français. On ne parlera ni de l’orthographe, ni des joyeusetés de la langue inclusive, ni même des pléonasmes vicieux, mais il est une faute qui me fait particulièrement mal, sans doute parce qu’elle révèle la dévalorisation de l’être humain, c’est la formule : « vous serez livré ».

Vous faites une commande de quoi que ce soit, on vous informe aimablement que « vous serez livré demain, dans deux jours, dans une semaine etc… » Même le très sérieux journal « le Temps » m’a assurée que « je serai livrée par porteur ». Pauvre porteur ! Ce sera lourd !

Mille sabords ! Ce sont les marchandises et les choses qui sont livrées, pas les personnes, sauf lorsqu’un délateur livre son voisin à la vindicte populaire, ou lorsqu’un malfrat est livré à la police.

Je souhaite qu’on me livre ma commande, mon journal, donc que les deux me soient livrés. Mais pitié, laissez-moi libre et « ne me livrez pas avec eux ».

Il arrive certes qu’on se livre à des activités peu recommandables, on peut toutefois aussi se livrer à la lecture ou à son sport favori, en tout bien tout honneur !

Peut-être qu’à l’âge des robots et de l’intelligence artificielle, on ne sait plus trop où s’arrête l’humain et où commence la machine. Serions-nous à la veille d’être livrés pieds et poings liés aux géants du numérique qui nous mènent déjà par le bout du nez ? Il vaut la peine de surveiller son langage.

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