Le grain de sable

Lettre ouverte aux 81 “académiques qui ont signé la déclaration de soutien à Extinction Rebellion

Publiée dans le Temps du 22 octobre 2019 (p. 11)

Chères et chers Collègues,

Vous référant à votre qualité de représentants « de disciplines et domaines académiques différents », vous accusez « le gouvernement suisse d’avoir été incapable de mettre en place des actions fortes et rapides… pour faire face à la crise climatique et environnementale dont l’urgence est relevée tous les jours ». Vous précisez que « lorsqu’un gouvernement renonce sciemment à sa responsabilité de protéger ses citoyens, il a échoué dans son rôle essentiel. Le contrat social a donc été brisé et il est dès lors fondé de se rebeller pour défendre la vie… » et vous en concluez : « En conséquence, nous déclarons soutenir le mouvement non violent Extinction Rebellion et les actions de désobéissance civile qui sont prévues depuis fin septembre ».

Dans votre enthousiasme juvénile pour la protection du climat, vous avez oublié trois choses : en Suisse, le Gouvernement « gouverne » avec le Parlement, voire avec le peuple vu le référendum et l’initiative ; peut-être avez-vous négligé d’utiliser vos droits démocratiques pendant cette dernière législature, puisque les autorités ne vous ont pas suivis. Ensuite, vous accusez le Gouvernement d’avoir « renoncé sciemment à sa responsabilité de protéger les citoyens ». De quel droit décidez-vous que les efforts faits, parce qu’ils n’ont pas correspondu à vos rêves, sont l’expression d’une volonté de nuire ? Enfin, nous venons d’avoir des élections démocratiques qui ont notablement modifié la composition du Parlement ce qui pourrait influencer dans le sens que vous souhaitez la gestion de « l’urgence climatique ». Ces élections sont en totale harmonie avec le « Contrat social ». En ayant l’air de le contester vous insultez les élus.

Alors, chères et chers Collègues, avant d’enseigner la désobéissance civile, sans le moindre effet direct pratique sur le climat, et de donner le triste exemple du mépris de ceux qui ne pensent pas ou n’agissent pas exactement comme vous, peut-être pourriez-vous suivre un petit cours de démocratie helvétique. Ce serait une manière sympathique d’apprendre ce qu’est une saine non-violence.

 

 

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