Le grain de sable

“Les politiques migratoires sont des politiques nationales”

Tels sont les propos que le Temps du 1er juin (p. 3) impute à Mme Louise Arbour, de nationalité canadienne, qui vient d’achever son mandat de représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les migrations.

On ne saurait affirmer idée plus exacte que celle du titre ci-dessus.  C’est malheureusement ce que l’Union européenne et bien des responsables politiques s’acharnent à nier en s’obstinant à traiter de nationalistes populistes – terme peu flatteur s’il en est – les formations politiques qui voudraient que leur pays puisse légiférer librement en matière de migration.

Les politiques migratoires sont des politiques nationales

Mais de qui parle-t-on quand on évoque une politique migratoire nationale ? L’article susmentionné semble imputer à Mme Arbour une double lecture de l’affirmation : politique nationale de certains pays d’immigration pour qui « la migration est une excellente chose ; elle permet de compenser des déficits démographiques et de construire des pays ». Mais aussi politique nationale des pays d’émigration où « l’exportation de main-d’œuvre est inévitable pour diverses raisons. De plus, les transferts d’argent effectués par les migrants chez eux représentent jusqu’à 20% du PIB de leur pays d’origine ». On voit bien les intérêts parfois divergents, parfois convergents des pays d’immigration et d’émigration et il est évident que les différents Etats européens n’ont pas du tout tous les mêmes intérêts à accueillir des migrants, voire les mêmes catégories de migrants, alors que les Etats d’émigration ont intérêt à exporter leur pauvreté, leurs jeunes gens à former– vont-ils rentrer dans leur pays une fois formés, c’est la grande question – ou quelquefois leurs cas sociaux, voire leur mafia.

 

Si les politiques migratoires sont des politiques nationales, il ne peut guère y avoir un Pacte mondial sur les migrations

Le Pacte en question consacre un certain nombre de droits des migrants, voire des pays d’émigration, mais il ne résout pas les spécificités des politiques nationales d’immigration, car c’est évidemment impossible. C’est la raison pour laquelle plusieurs pays, dont la Suisse, ne peuvent pas y adhérer.

Plutôt que de montrer du doigt les « nationalistes populistes » – ce que ne fait pas Mme Arbour si on lit soigneusement ses réponses dans le Temps – et d’exacerber ainsi d’éventuels sentiments xénophobes locaux, il serait certainement utile d’oser affirmer que les politiques migratoires sont des politiques strictement nationales, donc « limitées » par rapport à un Etat et de les distinguer soigneusement des politiques d’accueil des réfugiés qui, elles, nécessitent aujourd’hui des règles internationales, par exemple européennes.

 

 

 

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