Le grain de sable

Y a-t-il des droits inhumains?

Les commentaires de l’article de ce blog relatif aux rapports entre le droit national et le droit international ont dévié parfois sur la notion de « droits de l’Homme » que d’aucuns qualifient de « droits humains ». Cette dernière appellation, qui n’est qu’une sorte d’anglicisme (human rights), indice une fois de plus de notre soumission à la langue de l’économie et de la technique, est inexacte en français. Il n’y a pas de droits humains ou inhumains. Il est d’ailleurs presque toujours erroné de s’inspirer en français d’une terminologie anglo-saxonne dans les domaines juridiques, car le droit anglo-saxon diffère profondément du droit continental.

Si l’on veut échapper au malentendu « sexiste » que contiendrait, pour certains, l’expression « droits de l’Homme », il faudrait utiliser la formule « droits de l’être humain ». Cela serait en accord au demeurant avec la désignation germanique de « Menschenrecht ». Mais pourquoi renier l’appellation française historique ? On n’a pas trouvé de meilleur raccourci, en français, pour indiquer qu’il s’agit des droits fondamentaux de l’être humain, constitutifs de sa dignité et assurant le respect de sa personne. L’expression française « Droits de l’Homme », marquée au coin de l’histoire, a un sens parfaitement clair pour tout francophone non-analphabète. C’est la jurisprudence qui est inhumaine quand elle fausse le sens et la portée des droits de l’Homme en en faisant une lecture réductrice politique ou sexiste intitulée « droits humains ».

En quoi serions-nous légitimés à transformer les titres ou appellations historiques pour les mettre à la mode de l’ « aculture » en vogue ? La devise de la France devrait-elle devenir « Liberté, Egalité, Sororité et Fraternité » ? Au lieu de désapprendre aux gens les sens variés d’un mot, les partisans de l’égalité devraient les entraîner à se représenter immédiatement autant une femme qu’un homme sous un titre masculin. Personnellement, je m’y efforce. Ce réflexe-là est plus respectueux d’égalité que l’américanisation de la langue française.

 

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