Le grain de sable

Une nouvelle croisade?

Suivant l’exemple de l’administration de M. Trump, l’UDF lance une pétition requérant le transfert de l’ambassade de Suisse de Tel-Aviv à Jérusalem. L’UDF invoque à l’appui de sa démarche un « point de vue historique, politique et biblique ».

Point de vue historique :  il est exact qu’historiquement parlant, Jérusalem a été la capitale d’Israël, mais, pardonnez-moi, si on devait remettre le monde en ordre en fonction de l’histoire, on entrerait dans une guerre perpétuelle. N’est-ce pas pour reconstituer l’histoire que la Russie a repris récemment la Crimée ?

Point de vue politique : là, on voit mal l’idée de l’UDF, car se mêler de la politique de l’Etat d’Israël ou des Etats-Unis, ou de la Palestine, c’est évidemment intervenir dans les affaires intérieures d’un Etat, ce qui est peu compatible avec la neutralité mais c’est surtout jeter de l’huile sur le feu dans un conflit dont on ne maîtrise in casu aucun des éléments et ne pas hésiter, par une pétition, à essayer d’y embarquer une population ; ce procédé montre une manque total de sens des responsabilités. On se demande au demeurant quelles sont les compétences particulières d’un parti politique suisse dans ce domaine.

Point de vue biblique : là, pardonnez-moi, c’est l’horreur ! On retombe dans l’esprit des croisades, pierre d’achoppement du christianisme. On encourage le fétichisme des lieux. Il faut le dire, aussi bien les croisades d’autrefois que, maintenant, l’excitation « biblique » au sujet de Jérusalem, sont une forme de culte d’un lieu où l’on enferme Dieu. Les Croisés engageaient leur vie et celle de leurs « ennemis » pour ce lieu. La pétition de l’UDF pourrait contribuer à jeter de l’huile sur le feu de revendications territoriales et politiques d’un lieu, accroissant le danger de guerre locale, voire un esprit de revanche dépassant les frontières. Je respecte Jérusalem et la Terre sainte, mais le message chrétien dépasse par bonheur le fétichisme des lieux enfermant Dieu. C’est ce qui lui permet d’être un message de paix à condition qu’on ne brandisse pas la Bible pour justifier une politique.

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