Imaginaires

La Suisse, forte avec les faibles et faible avec les forts

Je n’ai pas signé la pétition contre la fermeture des restaurants à 19h., qu’on m’a envoyée par Whatsapp, bien que les soirées-restau en agréable compagnie soient l’un des plaisirs de la vie que j’apprécie le plus. La décision du Conseil Fédéral, dont on verra demain si elle est maintenue, est absurde, mais je trouve difficile de me donner à moi-même l’impression de me ficher comme de l’an quarante de la situation dramatique du personnel soignant. Et surtout, je n’ai pas envie de me tromper de colère.

Le Conseil Fédéral s’est aplati devant les cantons alémaniques et l’économie. C’est il y a plusieurs semaines qu’il aurait dû serrer la vis sur tout le territoire. Le scandale, ce n’est pas qu’on mette tout le monde dans le même sac aujourd’hui, pénalisant au passage les cantons romands. Le scandale, c’est qu’on n’ait pas mis tout le monde dans le même sac quand il était encore temps, qu’on se soit incliné lâchement devant l’égoïsme, le faux libéralisme et les puissances de l’argent.

L’injustice, ce n’est pas de punir maintenant les «bons élèves» – il faut peut-être en passer par là pour sauver toute la classe. L’injustice, c’est que ce pays assis sur son tas d’or n’ait désormais plus d’autre issue que de se montrer fort avec les faibles, pour s’être jusqu’ici montré faible avec les forts.

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