Imaginaires

Egalité des sexes et avenir de la planète: c’est la volonté politique qui manque

Cette fin d’hiver 2019, l’inégalité des sexes et le réchauffement climatique sont au coude-à-coude dans l’occupation de l’espace médiatique. Nul ne peut plus ignorer que la domination des hommes sur les femmes se porte encore très bien sur la planète, et que par contre la planète elle-même se porte de plus en plus mal. Ce qu’il serait intéressant de dire plus souvent et plus clairement, c’est que le mouvement écologiste et le mouvement féministe se heurtent essentiellement au même obstacle, l’absence de volonté politique.

L’idéologie de la mise à sac des ressources naturelles n’est pas aussi ancienne et universelle que le patriarcat, mais en l’état actuel de notre civilisation occidentale elle est à peu près aussi difficile à extirper. Dans les deux cas, une vision dramatiquement myope et à court terme des intérêts de l’économie freine le passage des discours aux actes. Le slogan «le privé est politique» a été inventé par les féministes, au début des années 1970, mais maintenant ce n’est pas autre chose que disent, avec d’autres mots, les citoyennes et citoyens qui exigent des mesures énergiques pour éviter le désastre écologique : l’appel à des comportements individuels responsables peut avoir quelques effets sympathiques, mais il ne suffit de loin pas – c’est à vous, les décideurs et les décideuses, de modifier radicalement votre manière de gérer le monde. Quand vous aurez cassé net le système qui permet aujourd’hui de prendre l’avion pour le prix de trois pizzas, vous verrez que nous nous en passerons, de nos week-ends low cost.

Pour réaliser l’égalité des sexes dans le monde du travail, il faut des mesures coercitives contre la discrimination salariale et des congés parentaux identiques pour le père et la mère, le reste c’est du blabla. Et pour stopper la destruction de la biosphère, avec les conséquences sociales qui vont avec, il faut pénaliser financièrement, notamment fiscalement, les modes de production et de consommation basés sur la recherche sauvage du profit et le gaspillage – là aussi, le reste c’est du blabla. Une autre économie est possible, plus juste, plus humaniste et aussi, oyez oyez, plus performante. Mais la politique devrait reprendre la main, au lieu de se cacher hypocritement derrière la glorification de la liberté du renard dans le poulailler.

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