Les non-dits de l'économie

La Macronomie est vouée à l’échec

Si Emmanuel Macron n’a plus rien à perdre car son mandat n’est plus renouvelable, la France dans son ensemble, elle, risque gros. La politique économique se doit de changer de paradigme et d’abandonner la vision néo-libérale qui, depuis 40 ans, péjore la situation dans laquelle se trouvent de très nombreuses personnes résidant dans l’Hexagone.

La dernière trouvaille néo-libérale en date est celle portant sur la réforme du système de retraite, qui, en France comme ailleurs en Europe, vise à augmenter l’âge minimum de départ à la retraite, dans le but de résoudre les problèmes de financement des pensions. Or, à bien y regarder, ces problèmes ne feront que s’aggraver au fur et à mesure que l’âge minimum de départ à la retraite augmente, pour au moins deux raisons. D’une part, cela va retarder l’entrée sur le marché du travail des jeunes, qui sont dans la force de l’âge mais demeurent sans emploi alors qu’ils pourraient remplacer une partie de la population active, qui, après bien des décennies de labeur, mérite sans doute de bénéficier d’une retraite à la hauteur de ses attentes. D’autre part, ces jeunes retraités pourraient contribuer à la croissance économique du produit intérieur brut (ou PIB, considérée comme la grandeur cardinale par les néo-libéraux) en s’occupant de leurs petits-enfants, afin que leurs parents puissent travailler à plein temps et stimuler ainsi l’activité économique et, de là, les profits des entreprises et les rentes des institutions financières sur les marchés globalisés.

La rapidité du progrès technique (il suffit de penser à la digitalisation des activités économiques) fait en outre que de plus en plus de travailleurs sont remplacés, lors de leur départ à la retraite ou de leur licenciement, par des machines de toute sorte (comme l’«intelligence artificielle»). La raison en est qu’une telle substitution permet aux entreprises de réduire leurs coûts de production et ainsi d’augmenter leurs taux de profit; profits qu’elles ne vont toutefois pas investir pour produire davantage, la demande étant déjà insuffisante sur le marché des produits, essentiellement à cause du «grand écart» dans la distribution du revenu national entre salaires et profits. Ces profits sont alors placés sur les marchés financiers, où ils tournent en rond (entendez sans aucun effet de ruissellement dans ce qu’il est coutume d’appeler l’économie «réelle») pour engendrer des rentes financières extravagantes, étant donné qu’elles dépassent largement le taux de croissance économique mesuré par le PIB.

Prolonger l’âge minimum de départ à la retraite va donc aggraver un chômage chez les 18–24 ans dépassant déjà 18% en 2022, incitant une partie de ceux-ci à quitter le pays en vue de trouver une place de travail ailleurs. Cela pose alors problème à la croissance démographique et par conséquent aussi au financement du système de retraite. Sans parler du fait qu’un exode de la sorte représenterait un mauvais investissement public dans la mesure où les dépenses que l’État a engagées pour l’instruction et la formation de ces jeunes n’auraient aucune retombée positive sur le territoire national une fois qu’ils le quittent pour mener leur vie à l’étranger, où ils trouvent un emploi qui – bon gré, mal gré – leur permet de vivre (un peu) mieux que dans leur propre pays.

L’avenir est sombre et la Macronomie le rend d’autant plus inquiétant.

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