Les non-dits de l'économie

La Trussonomics est mort-née

La Première ministre du Royaume-Uni, Liz Truss, restera dans l’histoire comme étant la plus éphémère de ses pairs, au vu de sa démission 45 jours après avoir été élue par les 200’000 adhérents du Parti conservateur. Les marchés financiers avaient réagi violemment à ses propos, contraignant la Banque d’Angleterre à intervenir rapidement afin de rassurer les principaux acteurs sur ces marchés. La situation sur ceux-ci était toutefois tellement inquiétante que Madame Truss n’eut d’autre choix que de faire marche arrière, annonçant que ses mesures de politique fiscale n’allaient pas être mises en œuvre. Le bouc émissaire de cette cacophonie d’annonces sur le plan politique fut alors le Ministre des finances, Kwasi Kwarteng, contraint de donner sa démission 37 jours seulement après sa nomination comme Chancelier de l’Échiquier.

Or, Liz Truss n’aurait pas dû ignorer que la théorie du ruissellement («trickle down») n’est qu’une vue de l’esprit (néolibéral); jamais, ni dans aucun pays au monde, une réduction de la charge fiscale des contribuables les plus aisés (qu’il s’agisse de personnes physiques ou de personnes morales) n’a donné lieu à une augmentation des dépenses de consommation et d’investissement. A contrario, cela a induit une aggravation des déficits budgétaires, avec souvent comme conséquence la décision de réduire les dépenses publiques, affectant en particulier les personnes dont les intérêts ne sont que peu représentés au niveau politique.

Certes, le mantra de la Première ministre qui vient de remettre son mandat est celui de celle dont elle revendique la filiation idéologique, Margaret Thatcher: il faut «moins d’État et plus de marché» car «il n’y a pas d’alternative» (TINA: «there is no alternative»). En réalité, l’alternative existe bel et bien – comme l’a d’ailleurs montré l’intervention de l’État pour pallier aux conséquences délétères de la crise du Covid-19 au niveau macroéconomique, ou plus récemment celles de la guerre en Ukraine. Le peuple britannique va donc devoir trouver une alternative à la Trussonomics prochainement, n’en déplaise au nouveau Premier ministre, Rishi Sunak…

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