Les non-dits de l'économie

La pandémie laisse la place au pandémonium

Cet été a été très chaud, tant sur le plan météorologique qu’au niveau géopolitique à l’échelle mondiale. Celles et ceux qui pensaient que la fin (apparente) de la pandémie du Covid-19 allait permettre une vie «normale», notamment pour les personnes n’ayant pas de problèmes financiers ou de santé, ont dû vite changer leur perspective suite aux conséquences économiques et financières de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales envers la Russie.

Cet automne et cet hiver vont donc être problématiques pour beaucoup de personnes aussi en Suisse, au vu du fort renchérissement du coût de la vie y compris les primes de l’assurance maladie, qui ne font pas partie du panier des biens et services utilisé pour calculer le taux d’inflation à l’échelle nationale – mais qui vont peser lourdement sur la capacité d’achat et donc sur le niveau de vie des ménages dans ce pays.

Les principales banques centrales ont déjà commencé à augmenter les taux d’intérêt directeurs, afin de réduire le renchérissement sur le marché des produits, imaginant que la demande pourra ainsi diminuer et, de là, avoir un effet favorable pour assurer la stabilité des prix à la consommation. Or il s’agit en fait d’une vue de l’esprit (néolibéral), étant donné que le renchérissement dont il est question n’est pas dû à une demande excédentaire sur le marché des produits, mais à l’augmentation des coûts de production – pour de très nombreuses entreprises – découlant de différents phénomènes, comme la sécheresse et la guerre en Ukraine, mais aussi la pandémie qui continue d’engendrer des retards dans la production de plusieurs biens (dont les voitures, par exemple).

En fait, l’augmentation à plusieurs reprises des taux d’intérêt déterminés par les banques centrales ne va pas résoudre le problème et risque aussi de l’aggraver, étant donné que les entreprises qui vont devoir payer des taux d’intérêt plus élevés sur les crédits bancaires répercuteront cela sur les prix de vente de leurs biens et services, augmentant davantage le renchérissement dont souffrent à présent les ménages.

Si les pouvoirs publics veulent éviter le pandémonium cet hiver, il doivent agir rapidement sur les deux côtés des finances publiques: d’une part, ils doivent augmenter les dépenses publiques afin de soutenir les ménages les plus démunis et ceux en difficulté à cause des facteurs mentionnés plus haut; de l’autre côté, l’État doit financer cette politique budgétaire expansionniste en prélevant un impôt spécial sur les profits extravagants des sociétés pharmaceutiques et de celles liées au commerce d’hydrocarbures dont les prix ont flambé depuis l’invasion russe de l’Ukraine – autant pour des motifs géopolitiques que pour des transactions hautement spéculatives sur les marchés financiers.

L’avenir s’annonce très sombre, mais comme le dit le fameux dicton allemand «Wo ein Wille ist, (da) ist auch ein Weg» – c’est-à-dire que quand on veut, on peut agir (pour le bien commun, il va sans dire).

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