Les non-dits de l'économie

Les crises sanitaires, géopolitiques et alimentaires appellent une forte intervention publique

Au cours des 15 dernières années, la population mondiale a été frappée par une série de crises que même les oracles les plus pessimistes n’auraient pu prédire.

L’éclatement de la crise financière globale en 2008, en fait, était prévisible, compte tenu du volume impressionnant et de la croissance fulgurante des crédits octroyés par les banques depuis le début des années 1990 à l’échelle mondiale. La plupart de ces crédits bancaires, en effet, n’ont rien à voir avec la production, donc aussi avec la formation du revenu national. Cela signifie que l’augmentation de l’endettement – principalement des institutions financières (les banques, les compagnies d’assurance et les fonds d’investissement) – ne donne pas lieu à une augmentation des revenus nécessaires pour rembourser ces dettes, qui ont été contractées essentiellement pour spéculer sur les marchés financiers. Le problème ne réside donc pas dans le montant de la dette, mais dans l’objectif pour lequel cette dette est contractée. En réalité, lorsqu’une entreprise obtient une ligne de crédit bancaire, grâce à laquelle elle paie les salaires de ses employés, suffisamment de revenus sont générés dans l’ensemble de l’économie pour rembourser la dette de cette entreprise. Cependant, lorsque l’entreprise s’endette pour spéculer sur les marchés financiers, cette opération est risquée non seulement pour l’entreprise en question, mais aussi pour le système économique dans son ensemble, puisque les revenus nécessaires pour rembourser cette dette ne sont pas produits dans ce système.

Nous pouvons alors comprendre qu’il existe une «bonne» dette et une «mauvaise» dette, entendez une dette qui est nuisible et qui, dès lors, doit être évitée dans l’intérêt de l’ensemble de l’économie. Une «bonne» dette, qu’elle soit privée ou publique, est celle qui produit des revenus et donc engendre des places de travail au sein du système économique, lui permettant de se développer et contribuer ainsi au bien commun. De ce point de vue, il est facile de voir comment l’augmentation des dépenses publiques suite à la pandémie de Covid-19 a pu soutenir les activités économiques des entreprises, même si cela a engendré une dette publique supplémentaire.

Quelque chose de similaire devra se produire à la suite de l’invasion russe en Ukraine: non seulement en termes de dépenses militaires, mais surtout en termes sociaux et environnementaux, tous les États impliqués par cette guerre devront allouer des milliers de milliards de fonds publics pour relancer les systèmes économiques durement frappés par cette crise géopolitique.

Toutefois, cette relance économique devra également soutenir les pays sous-développés qui, en raison de la guerre en Ukraine, doivent payer beaucoup plus cher les matières premières agricoles (notamment le blé) nécessaires à la production de denrées alimentaires de base comme le pain.

Toutes ces crises actuelles montrent clairement la nécessité d’une intervention publique, tant en faveur de la population nationale que des peuples étrangers. Nous verrons si les autorités gouvernementales tirent des leçons de ces crises – puisqu’en l’état elles n’ont pas beaucoup appris de la crise financière mondiale.

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