Les non-dits de l'économie

Qui profite de la crise de la Covid-19?

La crise économique éclatée suite à la pandémie de la Covid-19 ne frappe pas de la même manière l’ensemble des parties prenantes. Les entreprises et les personnes qui travaillent ne sont pas sur un pied d’égalité lorsqu’il s’agit de comprendre quelles sont les catégories d’agents économiques qui subissent les plus graves conséquences négatives de cette crise.

Les personnes physiques ou morales les plus vulnérables dans le système économique sont celles qui, déjà avant l’éclatement de cette pandémie, étaient dans une situation précaire – pour des raisons personnelles ou liées à leur propre branche d’activité. Parmi celles-ci se trouvent les travailleurs dont le salaire était insuffisant déjà avant la pandémie, ainsi que les travailleurs indépendants qui ne peuvent pas vivre avec ce qu’ils gagnent sur le marché des produits.

Cependant, il y a aussi des personnes qui profitent de la crise liée à la Covid-19 pour s’enrichir au détriment des autres et de l’ensemble de la société. Si nous considérons le marché du travail, nous pouvons remarquer que la diffusion du télétravail contribue à la globalisation de ce marché, vu que désormais le lieu de résidence n’est plus un élément important pour engager quelqu’un pour travailler à distance. Il devient ainsi évident que la concurrence sur le marché du travail a une portée globale pour une partie croissante des personnes qui cherchent un emploi. Suite à la digitalisation des activités économiques, la globalisation va donc encore s’étendre, contrairement à ce que beaucoup pensent suite à la pandémie, censée agir comme un frein à la délocalisation des activités par peur de contribuer à la diffusion de la Covid-19 à travers la chaîne de production. En réalité, il n’est plus nécessaire de délocaliser une entreprise afin de réduire le «coût du travail»: pour l’entreprise, il suffit désormais de faire appel au télétravail pour exploiter les écarts salariaux et ceux du coût de la vie que l’on observe entre une nation comme la Suisse et un pays en Europe de l’Est, en Asie ou en Afrique.

Si cette globalisation du marché du travail va accroître les profits des entreprises, il s’agira dans tous les cas de bénéfices de court terme, parce que la réduction de la capacité d’achat des travailleurs dans l’économie globale réduira le chiffre d’affaires de bien des entreprises à long terme.

Une fois de plus, l’évidence empirique montrera de manière inéluctable que les travailleurs dépensent sur le marché des biens et services ce qu’ils gagnent sur le marché du travail, tandis que les entreprises gagnent sur le marché des produits ce qu’elles dépensent sur le marché du travail. Il s’agit d’une loi macroéconomique d’ordre structurel que tout entrepreneur sérieux ne peut pas ignorer, s’il est intéressé à sa propre survie dans la jungle de la globalisation actuelle.

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