Les non-dits de l'économie

La Bidenomics ne suffira pas pour sauver notre planète

Cela fait seulement 12 jours que Joe Biden a entamé sa présidence des États-Unis. Ses annonces pré-électorales ont déjà trouvé une première confirmation partielle dans la décision de faire rentrer son propre pays dans l’Accord de Paris sur le climat – même si cela ne suffira certainement pas pour changer la trajectoire de notre planète en ce qui concerne les changements climatiques désormais évidents et vraisemblablement irréversibles.

Biden devra faire d’autres choix politiques durant les prochains mois, à commencer par les décisions d’ordre économique concernant les mesures à adopter pour sortir de la pandémie qui continue d’angoisser l’ensemble des parties prenantes dans l’économie états-unienne comme dans le reste du monde.

Si le nouveau Président américain veut vraiment contribuer au bien commun, il devra convaincre la majorité au Congrès de voter rapidement un plan de relance de l’économie – qui doit être favorable à l’environnement – axé sur une forte augmentation des dépenses publiques. Celles-ci devront être en partie financées par une augmentation de la charge fiscale des riches contribuables (aussi bien des personnes physiques que des personnes morales) qui ont profité des cadeaux fiscaux durant la présidence de Donald Trump – sans pour autant avoir contribué à relancer l’économie américaine durant les quatre dernières années.

Les investissements publics dont l’économie américaine a besoin sont évidents dans plusieurs branches d’activité, parmi lesquelles se trouvent la santé, la formation, les transports et la transition écologique. L’augmentation des dépenses publiques, toutefois, doit aller de pair avec une meilleure distribution du revenu produit dans l’ensemble de l’économie. Il s’agit en particulier de la rémunération salariale, qui doit récompenser correctement les personnes de la classe moyenne qui travaillent et dont la capacité d’achat a été considérablement réduite durant les trente dernières années suite à la globalisation et à la financiarisation des activités économiques – une période durant laquelle les dépenses de consommation aux États-Unis (et ailleurs) ont été financées par l’augmentation vertigineuse de l’endettement privé.

La crise financière globale éclatée en 2008 a révélé ce problème, mais ni les États-Unis ni les autres pays soi-disant «avancés» sur le plan économique ont entamé des démarches afin d’éviter qu’une crise similaire puisse s’avérer à l’avenir.

Or, il serait beaucoup moins coûteux pour le secteur public (pas seulement aux États-Unis) de soutenir les activités économiques par une politique budgétaire anticyclique bien calibrée et mise en œuvre correctement, plutôt que devoir le faire de manière urgente et cacophonique suite à l’éclatement d’une crise dramatique tant sur le plan économique qu’au niveau sanitaire comme celle que nous traversons actuellement.

En effet, «mieux vaut prévenir que guérir», mais évidemment les intérêts politiques ainsi que ceux des personnes très aisées et donc influentes au plan politique et au niveau économique l’emportent toujours sur l’intérêt général. Joe Biden s’en rendra compte rapidement.

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