Les non-dits de l'économie

Réduire l’âge minimum de la retraite est utile et possible

Le peuple suisse devra bientôt voter sur le relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite pour les femmes, sous prétexte que sinon il ne sera pas possible de résoudre le problème du financement de l’AVS. Continuant sur cette trajectoire, par la suite il faudra augmenter l’âge de la retraite pour les hommes, étant donné l’augmentation de l’espérance de vie de la population résidente en Suisse, grâce aux progrès dans le domaine des « sciences de la vie ».

Sans nier ces progrès – induits par la maximisation du profit des principaux acteurs dans ce domaine –, il faut en réalité réduire l’âge minimum de la retraite des travailleuses et des travailleurs dépendants, considérant la question d’un point de vue macroéconomique.

Si l’on considère le fonctionnement de l’économie dans son ensemble, il est possible de comprendre que le progrès technique permettrait à la population active de travailler moins longtemps – tant durant une journée de travail que durant toute sa vie professionnelle. L’augmentation de la productivité induite par le progrès technique permet en effet à toute personne active de produire davantage. Selon la théorie économique dominante, cela devrait aller de pair avec une augmentation des salaires proportionnelle à l’augmentation de la productivité du travail. En fait, la plupart de la force de travail ne bénéficie aucunement d’une augmentation salariale, vu que ce sont les entreprises qui bénéficient du progrès technique par une augmentation de la part des profits dans le revenu national.

La réforme du financement de l’AVS doit dès lors s’appuyer davantage sur les profits et surtout sur les bénéfices que les entreprises n’investissent pas de manière productive, car ils sont placés sur les marchés financiers à partir desquels rien ne « ruisselle » dans l’économie « réelle ». Les entreprises qui décident de profiter de la quatrième révolution industrielle, remplaçant une partie croissante de la force de travail par l’intelligence artificielle, ne pourront ainsi pas se soustraire au financement de l’AVS. Ce financement sera aussi nourri par les cotisations sociales des jeunes qui trouveront une place de travail grâce à la diminution de l’âge minimum de la retraite en Suisse. Le premier pilier des assurances sociales sera ainsi plus solide et résilient à la digitalisation des activités économiques.

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