Les non-dits de l'économie

La promotion économique ne se fait pas avec des cadeaux fiscaux

Ces dernières années, en Romandie et au Tessin, les autorités cantonales ont développé des stratégies de promotion économique afin d’attirer des entreprises étrangères. Ces stratégies sont basées essentiellement sur des baisses d’impôts octroyées durant un certain nombre d’années aux entreprises qui créent de la valeur ajoutée dans l’économie cantonale. L’objectif des autorités est celui d’augmenter le taux de croissance économique et le niveau d’emploi pour dynamiser le tissu économique cantonal.

La théorie économique dominante, de matrice néo-libérale, prétend en effet qu’en réduisant la charge fiscale des entreprises, celles-ci augmenteront les investissements au sein du territoire, afin de produire et vendre davantage. Cela est censé faire augmenter aussi les recettes fiscales, permettant ainsi au secteur public de compenser les pertes fiscales initiales suite à la réduction des barèmes d’impôt.

L’évidence empirique ne corrobore pas du tout cette vision théorique. Lorsque la demande sur le marché des produits est insuffisante pour absorber toute la production – comme cela est le cas en cette décennie de crise –, les entreprises n’ont aucun intérêt à investir leurs bénéfices nets. Elles ont en revanche l’intérêt de placer ces bénéfices sur les marchés financiers, faisant augmenter les prix des titres cotés à la bourse, afin d’accroître le patrimoine financier que les entreprises possèdent à l’avantage de leurs propres actionnaires.

Le secteur public, en fin de compte, aura dès lors moins de recettes fiscales et sera ainsi forcé à mettre en œuvre des politiques économiques restrictives, réduisant ses propres prestations en faveur de l’économie et de la société dans leur ensemble. Les perdants au sein de l’économie seront les personnes de la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises: les premières essuieront une baisse de leur capacité d’achat et donc les secondes enregistreront une diminution de leurs ventes, appauvrissant le tissu économique que l’autorité cantonale avait l’illusion de promouvoir par le levier fiscal.

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