L’histoire au pluriel

Lara ne répond plus…

Pendant la guerre d’Algérie, le commando de Montfort a connu la plus meurtrière de ses opérations en zone saharienne à Ain Séfra le 17 août 1959.

 

Ils avaient 20 ans, parfois moins, de leur histoire personne ne se souvient. Illustres inconnus la veille, oubliés le lendemain.

Lorsqu’ils ne seront plus, eux, les anciens du commando de Montfort, il n’y aura plus personne pour raconter cette tragédie du 16 août 1959 dont aucun ne revint indemne. Sur les 75 hommes du commandos, 9 seront tués et 15 autres blessés.

Début 1955, au retour d’Indochine, le commando de Montfort est déployé en Algérie et migre dans le grand sud en 1959, opérant dans l’Atlas Saharien.

Ce 16 août 1959, le commando est envoyé à Aïn Sefra ou une katiba -compagnie de rebelles- venait de traverser la frontière marocaine dans le Djebel Bou Lerhfad.

 

La plus meurtrière opération des commandos marine durant la Guerre d’Algérie.

 

A 16h30, avant de monter à l’assaut, le « Pacha », le Lieutenant de vaisseau Sulpis, dont l’indicatif est « Lara », reçoit un message radio qu’un tir d’artillerie va être déclenché sur les hauteurs où s’est réfugiée la katiba.

Dans un combat d’une rare intensité, sous les tirs de l’artillerie amie (1/17°R.A.), ce sont des obus de 105 “fusant” qui seront tirés par le 17e régiment d’artillerie :

Ils pilonnèrent nos positions pendant une demi-heure, les échanges de tirs entre mitrailleuses ennemies et nos fusil-mitrailleur, les explosions des diverses armes individuelles… chaque commando fait son “job” pour lequel il est formaté. Il ignore bien souvent ce qui se passe dans l’autre groupe de sa propre Section et des deux autres où s’engagent divers combats, parfois singuliers. Jean-Claude Launay.

 

Les premières salves sont bien ajustées, mais les suivantes prennent au dépourvu les hommes du commando en les touchant durement. Le commandant supplie alors par radio de les arrêter :

 

Par pitié arrêtez ce tir, arrêtez salauds, S…

 

Ce seront ses dernières paroles. Le tir s’arrête… dix minutes plus tard. Pendant ce temps, le commando Jaubert parvient à faire cesser les tirs ennemis. Le commando connu, ce jour-là, la plus meurtrière de ses opérations.

62 ans plus tard, dans ce monde de paix dans lequel nous vivons, il est important de prendre le temps de se souvenir et de rendre grâce à ses hommes tombés au champ d’honneur, qui se sont sacrifiés pour les libertés dont nous jouissons.

Terminons avec les mots d’un des survivants de cette journée effroyable :

Une demi heure d’enfer…..je pense à mon grand-père “Jean” poilu de la Grande Guerre, à ceux de Kieffer, à “La Burniche” à Ninh-Binh ,à l’A/C Lavaud du 6°BPC à Dien Bien Phu,à ceux du “Drakkar” au Liban, à mes jeunes camarades du “8” dans la vallée d’Uzbin en Afghanistan, à tous les malheureux pris sous un déluge de fer et de feu. Jean-Claude Launay.

Jean-Claude Launay
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