« Et maintenant ? » …

…chantait Gilbert Bécaud.

Voyant l’ombre du début de l’orteil du bout du tunnel, c’est le bon moment pour se poser cette question essentielle, vous ne trouvez pas ? Après ces « montagnes russes » émotionnelles, il serait dommage de ne pas prendre deux minutes pour se projeter dans l’après, que ce soit à titre collectif ou individuel. Tentons de résumer les épisodes précédents de ce purgatoire spatio-temporel…

Il y a quelques semaines à peine, nous étions tous plus ou moins « le nez dans le guidon ». Puis la bascule, comme si quelqu’un avait tiré la prise d’un coup sec. Le choc, une certaine stupéfaction et la peur, de tous ordres, pour sa santé et celle de ceux qu’on aime, la peur financière, la peur de l’isolement ou au contraire celle de la promiscuité, la peur de l’avenir, de perdre notre qualité de vie, etc.

 

Chacun aura surmonté comme il ou elle l’a pu cette première période angoissante. Comment réagir à cette peur ? Acheter du papier-toilette ou des stocks de conserve n’est certainement pas l’antidote. Cela peut vous sembler étrange, mais selon moi la première chose à faire, c’est de faire face à la peur, de s’y abandonner, un peu comme si on se laissait dévorer par un serpent sans bouger. Désagréable, certes, mais sans cette première étape, il est difficile d’aller au fond des choses. C’est un peu comme vider une valise et faire le tri de toutes les peurs que vous transportez en vous pour mieux les évacuer, une par une.

Dans la période qui a suivi, on a fait preuve de beaucoup d’agitation, comme pour ne pas trop penser. Télétravail, rangements en tous genres, télé-apéros, fabrication de pain artisanal, tout est bon pour s’occuper les mains et l’esprit. Il s’agit d’embrasser sa nouvelle condition de vie. Embrassades et bisous hélas limités, vu les circonstances. Mais même ce manque tactile de pouvoir serrer dans ses bras ses parents, frères et sœurs, amis proches, tous ceux qui comptent pour nous, a été l’occasion de nous rappeler à quel point les instants avec eux sont précieux. Car oui, après avoir tout rangé, pris 3 kilos et visionné tout Netflix, on en vient naturellement à réfléchir et peut-être à se regarder dans la glace, à pratiquer un peu d’introspection, discipline de plus en plus rare dans notre société de « distraction ».

Le quotidien non-confiné ou moins confiné va reprendre bientôt et avec lui la joie de retrouver ce qui est important pour nous, mais aussi le risque de retomber dans les mêmes schémas sans y songer, par réflexe coutumier. On parle beaucoup dans les médias de l’après, des changements dans la société, dans l’économie, etc. Je reste sceptique quant aux changements d’un système si bien huilé. Il me paraît surtout important que cette situation unique soit vécue à titre personnel, au fond de soi, comme une opportunité historique dans la vie de chacun de se demander : « Et moi, qu’est-ce que je relâche, de quoi n’ai-je plus envie ? » Notre rythme trop effréné, une fatigue chronique, le digital à outrance, l’ego et ses fiertés mal placées, certaines certitudes douteuses, des relations stériles ou carrément toxiques, chacun a la chance de faire son propre tri pour se (re-)créer son propre équilibre.

Quant à moi, je suis convaincue que le confinement se passe surtout dans la tête et que la vraie liberté c’est celle qui se passe par l’esprit et le cœur. Pour autant, je me réjouis déjà de revivre, en réel et dans le monde physique, la relation avec les autres, probablement la seule chose qui compte vraiment.

Maintenant, bientôt.

 

Sabrina Pavone

Coach en développement professionnel & personnel | Praticienne en Constellations familiales

[email protected]

www.inspiringevolution.ch

 

Photo: Carlos ZGZ

Sabrina Pavone

Passionnée par les relations humaines et le développement du «soi», Sabrina Pavone est coach humaniste, praticienne en thérapies brèves et formatrice d’adultes. Elle a spécialisé son travail sur les «constellations familiales & systémiques» et les rituels, en individuel, en groupe et en entreprise. Elle anime aussi des ateliers à thèmes sur la créativité et la conscience féminine.

3 réponses à “« Et maintenant ? » …

  1. Oui, vous sauterez hors de chez vous comme le canari qui voit la petite grille de sa cage ouverte. Et le gros chat qui se cache sous l’armoire vous mangera. Tout le monde pleurera : « Son cœur était si petit, son bonheur si grand, et aujourd’hui notre cœur à nous est serré dans sa solide cage. Entendez-vous les pépiements qui semblent remplir le ciel entier ?.. »

    « Maman je suis triste que Tui-tui ne soit plus là, tu m’as dit qu’il ne reviendra pas, mais qu’un jour peut-être c’est nous qui le rejoindrons. En attentant j’aimerais qu’un autre oiseau vienne, un plus grand, plus fort, pour que le chat ne le mange pas. Et tant pis s’il sait moins bien chanter, ce qui compte c’est qu’il puisse faire un grand et long cri qu’on entend de loin. Et tant pis s’il vole moins bien, il ira moins haut pour que nous ne le perdions pas. Un grand oiseau jamais triste parce qu’il est le plus beau de tous, un paon ! »
    — Malheureusement, mon chéri, ce n’est pas possible. Les paons, même seuls, prennent beaucoup de place, leur cage doit être aussi grande que notre appartement. Alors cela signifierait qu’on devrait rester enfermés avec lui.
    — Mais on pourrait le laisser aller se promener dehors, comme nous…
    — Il se ferait écraser par une voiture.
    — Tiens… Je ne savais pas qu’il existe des oiseaux qui ne peuvent vivre nulle part…

  2. Hélas, un jour succède à un autre jour, mais le virus est toujours là. Nous devrons vivre avec même si le confinement est assoupli. Il n’est pas encore question de vacances et encore moins de manifestation. L’expérience continue pour savoir comment nous allons vivre avec.

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