Allez, on va encore me taxer de nostalgie pour les années 70 et les titres disco à la Patrick Juvet. Ok, j’assume ! Mais la vraie question que je me pose est la place qu’il est encore possible de donner aujourd’hui à la Féminité, avec un grand « F ». Et là, pour le coup, on serait plutôt dans « la bonne du curé » d’Annie Cordy qui chante, je cite : « je voudrais bien, mais j’peux point ! »
Tous les livres parlant « new age » ont beau dire que nous entrons dans une ère du « tout féminin », tant d’articles ont beau dire que les hommes peinent à trouver leur place face à une féminisation galopante de la société, j’ai malgré tout l’impression d’un malaise, d’un mal-être lorsqu’il s’agit pour la femme en tant qu’individu de laisser s’exprimer ses qualités féminines, de vivre sa féminité, pour elle-même, sans raison, sans enjeu.
Dans les cercles de femmes et ateliers que j’anime, nous travaillons sur les divers rôles qu’une femme assume à l’heure actuelle. J’ai pu observer que c’est souvent le rôle de la Femme au sens romantique du terme, cette partie qui mêle émotions, sentiments, posture de désirante comme de désirée, qui souffre le plus.
Les participantes à ces cercles m’avouent parfois qu’elles ne savent pas ou plus comment être une femme. Elles comprennent et assurent très bien leurs rôles de mère, d’épouse ou de compagne ; elles sont indépendantes et professionnellement actives, mais quand il s’agit de faire place à la femme dans sa féminité pure, elles se retrouvent dans l’insécurité, manquent de ressources et de courage. Bref, c’est un peu le désert en termes de rêve, de fantaisie, de créativité, mais aussi de sensualité et de sexualité épanouies.
Pourquoi ? On le sait, la femme est amenée à jouer plusieurs rôles en même temps. Sans aucun doute, devoir faire tenir debout toute « l’usine » du système familial avec une certaine rigueur, ne rien lâcher dans le monde du travail (à forte dominance masculine), le tout avec une pression certaine de perfection, favorise la mobilisation de ses qualités masculines. Les qualités féminines, elles, s’en trouvent souvent reléguées, voire oubliées, par peur de l’effondrement du système auquel nous avons été formatées.
Oui, la crainte d’écouter cette petite voix en nous qui dit que nous avons besoin d’espace, de douceur, de lâcher prise sur certains combats et même parfois de pouvoir nous appuyer, ou pire encore, pleurer sur une épaule bienveillante. Tant de faiblesses coupables, qui pourraient nous affaiblir dans ce monde de plus en plus intransigeant et radical, de toutes parts. Or, ces femmes sur le qui-vive permanent, ces guerrières du quotidien, je les vois souvent fatiguées d’être en mode combat et je constate que tout le système autour d’elles en souffre aussi. Ainsi, l’homme se languira de l’amoureuse qui n’est plus que mère, épouse et femme en carrière, tandis que les enfants regretteront la douceur du féminin qui sait prendre dans les bras et consoler.
Si le combat du féminisme tel qu’on l’entendait à ses débuts est toujours aussi valide, si la parole doit absolument et légitimement se libérer, il y a aussi une bataille, tout aussi révolutionnaire mais plus intime, en soi, à mener. Il s’agira de savoir « baisser les armes » et se reconnecter avec sa part de Féminité, cette capacité à faire preuve de douceur, de compassion, à rêver ou à faire les folles, tout en continuant de nous affirmant par une attitude parfaitement alignée, parfaitement assumée.
Nous n’en perdrons pas notre force face au masculin, au contraire, nous saurons les habiliter et les inspirer, j’en suis convaincue.
Alors, petite fille, adulte en devenir, amoureuse, femme, épouse, mère, sœur, maîtresse, grand-mère et tant d’autres, nous toutes, dansons et « reféminisons » notre quotidien !
Sabrina Pavone