Exploration spatiale

Les missions habitées sur Mars sont-elles pour demain ?

« Est-il réaliste d’envisager des vols habités sur Mars dans un avenir proche ? » est la question posée ce jour dans la page « Débat » du journal Le Temps. Vous pouvez lire ma réponse, positive, en opposition à celle de Monsieur Denis Delbecq, journaliste scientifique indépendant.

Pour mieux vous pénétrer de la problématique et des solutions qu’on peut y apporter, je vous invite à venir à l’EPFL, assister à une conférence que j’ai organisée avec le Swiss Space Center et le Professeur Claude Nicollier, le 9 Novembre (17h30 à 18h30, campus de Lausanne, auditoire CO2). Le sujet en est « Mars Semi-Direct Revisité, ou comment envoyer des hommes sur Mars avec les technologies d’aujourd’hui ». L’orateur sera le Dr Jean-Marc Salotti, professeur en cognitique de l’Institut Polytechnique de Bordeaux et Secrétaire du groupe de travail de l’Académie Internationale d’Astronautique (« IAC ») chargé de faire le point sur ce type de missions et d’émettre des recommandations aux agences spatiales internationales.

Vous verrez que les contraintes essentielles sont d’une part l’extraction du « puits de gravité » terrestre, d’une masse suffisante pour mener à bien ce type de missions et d’autre part, la descente en surface (« EDL ») de la masse utile nécessaire et suffisante, grâce à l’atmosphère martienne et en dépit de sa ténuité. Ces contraintes sont fortes mais on peut parvenir à s’en accommoder dans des conditions acceptables technologiquement, économiquement et physiologiquement pour l’équipage. Il reste bien sûr à faire aboutir quelques ajustements technologiques en cours d’étude et surtout à mener des tests satisfaisants mais les difficultés encore existantes ne sont pas telles qu’elles puissent constituer un obstacle insurmontable pour une mission habitée qui serait effectuée « demain ».

…et que l’on ne vienne pas objecter que des problèmes soi-disant « psychologiques » se poseraient aux astronautes du fait qu’ils ne verraient plus la Terre que comme un point où qu’ils ne pourraient pas se supporter entre eux. Pour moi ces problèmes ne se posent pas car la population des astronautes est constituée par des gens dont le rêve est précisément l’aventure spatiale. Ils partiront pour Mars avec un enthousiasme qui les balayera comme un ouragan une plume car ils n’existent que dans les esprits timorés des adversaires des missions habitées.

…et que l’on ne vienne pas objecter que priorité doit être donnée à l’amélioration des conditions sociales de l’homme sur Terre. Cette attitude exprime en fait une volonté d’appauvrir la capacité créatrice de l’homme et de le restreindre dans un espace où ne compterait plus que sa survie, d’où serait exclue toute véritable ambition dynamique pour notre espèce. Elle évoque une dérive de type religieux, intransigeante, frileuse et triste, d’où le progrès, l’art et l’aventure sont exclus.

Comme je l’écris dans l’article du Temps, la date de la mission dépend donc d’abord de la volonté de la décider et c’est à vous, lecteur éclairé, de convaincre nos différents décideurs, publics ou même privés, que nous en sommes demandeurs.

Image de titre: illustration de l’annonce du programme NASA de missions habitées sur Mars, crédit NASA

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