La vie autrement

Veulerie européenne

Allons-nous nous aplatir encore longtemps devant la Chine? Allons-nous accepter sans broncher que l’Empire du Milieu affiche sans vergogne un autoritarisme croissant, un expansionnisme menaçant en mer de Chine, une attitude agressive face à la démocratie taïwanaise, viole le traité conclu avec Londres sur le statut de Hongkong avec sa nouvelle loi sécuritaire liberticide et, surtout, réprime violemment les Ouighours avec des méthodes qui furent celles des Nazis?

Depuis quelque temps, la veulerie des Occidentaux face à la Chine semble proportionnelle aux provocations de cette dernière. Dernier exemple en date, le constructeur Daimler a supprimé une citation anodine du dalaï-lama qui accompagnait une photo du Coupé C de Mercedes-Benz parce qu’elle indisposait les autorités chinoises. La firme allemande s’est fendue d’un communiqué dans lequel elle se dit profondément désolée. «En tirant leçon de cette erreur, souligne Daimler,  nous prendrons rapidement les mesures concrètes pour que nous, nos collègues à l’étranger également, comprenions mieux la culture et les valeurs chinoises». Les valeurs chinoises? Quelles sont-elles au juste quand l’ambassade de Chine en France accuse sans preuve les membres du personnel soignant français des établissements pour personnes âgées d’avoir «abandonné leurs postes du jour au lendemain (…) laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie»?

Daimler n’est pas un cas isolé. Le 11 janvier dernier, le groupe d’hôtellerie américain Marriott International présentait lui aussi ses excuses à la Chine pour avoir classé le Tibet, Hong Kong, Macao et Taïwan comme des pays sur son site Internet et son application. Pékin considère en effet Taïwan comme une province renégate, et qualifie de séparatiste toute revendication d’autonomie du Tibet. Dans la soumission, les États ne sont pas en reste. La NZZ am Sonntag nous apprenait récemment que la Confédération négociait avec Pékin la prolongation d’un accord qui autorise des fonctionnaires de la sécurité chinoise à entrer en Suisse sans statut officiel pour identifier des Chinois entrés illégalement sur le territoire helvétique, afin de les rapatrier en Chine.

C’est clair, les bénéfices tirés de l’immense marché chinois mettent toute autre considération au second plan. Les autorités chinoises en profitent pour avancer sans retenue dans leur stratégie de prise de contrôle en Europe des entreprises comme des richesses agricoles et touristiques. Pourquoi se gêneraient-elles face à des Européens qui bafouent leurs propres valeurs fondamentales comme la liberté d’expression? (Publié dans l’Écho Magazine de mercredi 9 septembre 2020)

 

 

 

 

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