Le soutien politique nécessaire pour les industries d’innovation

Le Temps du jour se fait l’écho des acteurs de la branche des dispositifs médicaux basés en Suisse: fin mai, toute organisation helvète devra disposer d’un représentant légal (et donc d’une adresse) sur sol européen. Si tel n’est pas le cas, les entreprises ne seront pas en conformité avec le droit de nos chers voisins chez qui nous exportons l’équivalent de plus de CHF 5.2 milliards par année pour cette seule branche médicale (63’000 emplois estimés).

 

Cette impasse dans laquelle le pouvoir politique a placé une partie de son économie d’innovation est regrettable. Alors que la medtech est une industrie largement établie dans notre pays, elle semble ne pas (assez) intéresser nos négociateurs politiques pour arriver à arracher ne serait-ce qu’un délais d’adaptation dont plusieurs autres états dits tiers bénéficient (p.ex. Etats-Unis, Japon).

 

A titre de comparaison, certains domaines d’innovation ont profité d’une forme de prescience de la part de nos élites politiques. Citons deux exemples:

 

  • L’industrie des drones: très tôt, l’Office fédérale de l’aviation civile OFAC a cherché des solutions pour faire cohabiter avions et drones. Aux Etats-Unis en revanche, la Federal Aviation Administration FAA a eu tendance à bloquer les démarches, ce qui a freiné l’innovation dans ce secteur, ayant rendu les vols de drones quasi impossibles à réaliser tellement les procédures étaient kafkaïennes. On peut citer le cas d’un maire dans les Grisons qui proposaient des vallées inhabitées pour venir tester ses engins volants. Quand le bon sens fait place à l’étouffement administratif.

 

  • Les cryptomonnaies: la Suisse est régulièrement citée pour sa Crypto Valley d’où émergent produits et services innovants. Cet engouement a notamment été rendu possible grâce aux lois en vigueur soutenues par le Conseil Fédéral alors que de nombreux pays restent extrêmement frileux sur la question. Ce n’est pas un hasard que Facebook ait choisi la Suisse pour y développer ses projets de cryptomonnaie LIBRA. Très récemment, une nouvelle loi a permis l’émergence et la création de titres “tokénizés” comme l’ont fait les banques Sygnum et SEBA afin d’être au premier plan de cet élan (on pense également aux NFT dont les médias parlent fréquemment, notamment dans le monde de l’art).

 

Bien évidemment, le cadre légal et l’implication politique ne sont que des ingrédients complémentaires pour contribuer à l’essor et au succès d’industries. Toutefois, compte tenu de l’ubiquité et de l’importance qu’ils revêtent dans notre pays, ils sont essentiels. Ne laissons pas tomber la medtech suisse!