Des ailes et des hélices

Aéronautique : que d’erreurs dans la presse

Pour vivre, la presse se doit de faire une information de qualité, hors il semble que ces derniers temps, la  qualité a fortement baissé. On ne s‘étonnera donc pas de voir les lectrices et lecteurs se détourner des médias traditionnels pour s’ouvrir au numérique par exemple. Pour autant les réseaux sociaux ne sont pas forcément meilleurs. Il devient de plus difficile d’obtenir une information précise et oblige à diversifier ses sources d’information en se dirigeant en direction de sites et autres blogs spécialisés.

Deux grosses désinformations cette semaine

La presse suisse est également très touchée par un manque de spécialisation, notamment dans le domaine de l’aéronautique, rien que cette semaine j’ai relevé deux énormes bourdes qui ont pour conséquence d’induire en erreur les lectrices et lecteurs. 

Avion de combat la mauvaise comparaison 

Sous le titre : Berne pourrait acheter plus d’avions de combat, on tente de faire croire que les tarifs accordés à la Belgique pour renouveler ses avions de combat montrent que les prix ont nettement baissé. La Suisse pourrait ainsi acquérir davantage d’appareils que prévu. C’est absolument faux !

Pourquoi ? Simplement parce que le contrat sur le  F-35 choisi par la Belgique ne prend en compte que l’avion, sans armement ni pièce détachée. Soit un coût diminué de l’ordre de 1,8 à 2 milliards d’euros. Les Belges bénéficieront des armes et pièces détachées acquises par les Pays-Bas. Plus tard, la Belgique devra acquérir également ces équipements dans un nouveau programme d’armement. Il n’y a donc pas de comparaison possible entre nos deux pays. La Suisse prévoit d’acheter un avion complet et négociera un « package » dans un cadre de vente d’Etat à Etat. La question du nombre d’avions est liée à un équilibre avec le système sol-air, notre budget à l’achat et pour le fonctionnement (heures de vol) et les offres qui seront faites par les avionneurs.

 Crash du B737 Lion Air 

Il est de coutume de reprendre des informations d’autres médias sans les vérifier, malheureusement. C’est le cas en ce qui concerne cette information : le constructeur aéronautique Boeing aurait passé sous silence des informations sur des dangers potentiels liés au système anti-décrochage de ses 737-MAX 8 et 737-MAX 9, qui pourrait avoir contribué à l’accident meurtrier d’un appareil de Lion Air fin octobre, affirme le Wall Street Journal (WSJ).

Hors là encore c’est faux, l’avionneur Boeing a bien commis une grave erreur, mais elle touche une problématique différente. En effet, Boeing a oublié de publier les données techniques dans le manuel d’opérations de vol du B737MAX du nouveau système d’augmentation des caractéristiques de manœuvre (MCAS) (les fameuses sondes), qui doit améliorer les caractéristiques de pitch dans les virages serrés avec des facteurs de charge élevés et pendant le vol avec volets sortis à une vitesse proche du décrochage. Il en résulte une méconnaissance du système de la part des équipages qui n’ont jusqu’ici, pas pu entraîner correctement en simulateur les réactions en cas de dysfonctionnement. On notera au passage qu’en cas de piqué de l’avion, les pilotes sont formés à couper le système défaillant. Ce qui a été fait avec succès lors des précédents vols de l’avion de Lion Air, la boîte noire des données de vol ayant confirmé cet état de fait. Pour le reste il faut attendre les premières informations du pré-rapport d’accident, qui devrait être publié fin novembre ou début décembre.

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